Citia, organisatrice du Festival international du film d’animation (Fifa), son marché (Mifa), ainsi que du Forum Blanc, a vu récemment son champ d’action élargi aux industries créatives dans son acception la plus large. Si l’animation demeure son « cœur de cible », la Cité de l’image en mouvement a désormais la charge de promouvoir son territoire dans une optique numérique plus ouverte aux domaines d’activité utilisant l’image. Autant dire tout le monde (ou peu s’en faut). Intégrant la dynamique French Tech, les Papeteries Image Factory en est le lieu Totem.
Un bâtiment, un écosystème
Fort d’un investissement de 17 M€ – dont un apport public de 3,5 M€ – les Papeteries Image Factory sont un lieu emblématique du bassin annécien. Trois de ses façades originelles ont été conservées, mais tout le reste a été repensé selon le principe de l’incubateur. On retrouve sur 7 000 m2 des espaces nus disponibles à l’achat ou en location (par sections de 30 m2), d’une surface totale de plus de 4 000 m2, mais également plus de 700 m2 alloués à des logements, un espace de coworking, une salle de projection et une grande allée centrale couverte de près de 750 m2.
« L’idée est de proposer, de l’espace de coworking aux surfaces en location ou à l’achat, tout l’écosystème pour qu’une entreprise, un projet, puissent être menés à terme, de leur idée à leur industrialisation, résume Yannick Heude, responsable animation économique des Papeteries. Une entreprise peut tout à fait louer la salle de projection d’une capacité de soixante sièges pour visionner des rushes ou organiser un événement à des tarifs très compétitifs ». Comptez 150 € la journée…
Et pour faciliter l’arrivée de nouvelles compétences, les Papeteries proposent vingt-huit logements de 20 à 30 m2. Totalement équipés, les loyers (temporaires pour répondre à des besoins de production) sont suffisamment abordables pour rivaliser avec l’offre privée, souvent tendue sur Annecy : de 483 à 640 €/mois.
Des entreprises aux projets divers…
Ce qui ressort d’une visite guidée des Papeteries est la diversité des entreprises – start-up ou sociétés « installées » – rencontrées : studio d’animation, mapping vidéo, agence digitale et brand content, studio son, production audiovisuelle, etc. « Nous avons voulu créer une dynamique entre des entreprises aux compétences qui, parfois, peuvent se compléter sur des projets, explique Mickael Marin, délégué général de Citia, tout comme des profils similaires pour mutualiser leurs forces et répondre à des appels d’offres plus ambitieux ».
Full Story l’a bien compris : trois indépendants ont choisi de créer la structure spécialisée en motion design, dans une démarche de « collaboration entre travailleurs indépendants », résume Sylvain Feutry. Cette jeune société ; qui a intégré la pépinière des Papeteries en octobre 2015 ; n’y voit que des avantages : « Il y a une réelle effervescence entre toutes les sociétés de la pépinière, avec des interactions entre sociétés ayant des profils complémentaires, mais également des studios qui viennent nous voir pour travailler sur des projets sur lesquels ils s’estiment moins compétents ».
Même son de cloche du côté de Dar La Luz, qui allie trois parcours différents : un éclairagiste industriel, une experte chromatique et un architecte pour réaliser des projets de scénographie lumière et mapping vidéo comme sur la Fête des Lumières ou encore l’événement « Bordeaux fête le vin ». « Être dans un environnement de proximité avec des sociétés plus avancées dans leur parcours ne peut qu’apporter une émulation et des connexions », renchérit Yves Moreaux, plasticien lumière.
L’agence C Com Cie, prestataire audiovisuel et récent producteur de la websérie transmédia Opération Cabillaud avec Hannah Films, va même plus loin : « Bien que Parisiens au début de notre activité, nous avons choisi d’implanter notre siège aux Papeteries, expliquent Raphaël Popier et Stéphane Picard. Même pour des projets ambitieux, la position géographique n’est pas un problème et la possibilité de louer des appartements selon un modèle flexible, proche de nos modes de production, est un atout. »
Caribara Annecy : trois séries en 2016
Installé à Annecy depuis 2008, le studio d’animation Caribara a été l’un des premiers à investir les Papeteries. « Nous voulions monter en puissance et la possibilité offerte de s’installer dans des locaux neufs, tout équipés et de grande qualité nous a convaincus », résume Fabien Baboz, cofondateur du studio.
Si, en 2008, le studio a dû former en interne ses graphistes et animateurs, aujourd’hui, un petit vivier de compétences réside sur le territoire. « Actuellement, nous sommes une vingtaine, mais devrions doubler l’équipe d’ici à juin ». Car les projets affluent : la série Last Man tirée de la BD éponyme est actuellement en fabrication à Annecy. « Nous nous occupons d’une partie de l’animation et de la colorisation, le reste étant produit à Paris au sein du studio Je Suis Bien Content ». Outre Last Man, Caribara Annecy enchaînera en avril sur une autre série, La Cabane à histoires, en coproduction avec Dandeloo. D’un format de 26 x 7 minutes, la série mélange les styles d’animation en fonction de l’histoire : ToonBoom, Flash ou encore After Effects sont sollicités, toute l’animation se faisant sur Annecy.
Parallèlement, le studio va réaliser à partir de juin l’animation de la série Ollie & Moon, produite par Cottonwood Media, un projet « 100 % fabriqué en France », souligne Fabien Baboz.
Enfin, le producteur Giorgio Welter a confirmé que la série Max Maestro, produite par Monello, sera fabriquée en partie à Caribara Annecy. Conçue avec le chef d’orchestre Daniel Barenboim, elle sera diffusée par HR Allemagne, RAI Italie et France Télévisions. « Nous devrions intervenir dessus à partir du troisième trimestre. Cela confirme notre forte montée en charge cette année. »
Fort de ses filières en cours d’émancipation et d’un positionnement international basé sur des événements majeurs comme le Fifa/Mifa, Citia mise sur un avenir radieux pour ses Papeteries. En quelques mois, plusieurs sociétés – dont des studios d’animation étrangers – ont fait le déplacement… À suivre donc.
* Cet article est paru pour la première fois en intégralité dans Mediakwest #16, pp. 74-75.
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