Si la dernière édition parisienne de l’AES s’est tenue porte de Versailles en 2006, cela faisait dix-huit ans que le Palais des congrès n’avait pas accueilli la fameuse Convention. Une éternité. Rewind : à l’époque, la 108e AES rassemble 300 exposants et dans les allées, on peut y découvrir la dernière version 5 de Pro Tools, la version 3 de Pyramix, tandis que Riedel, nouveau venu sur la scène internationale, présente sa gamme d’intercom numérique Artist. Sur le stand du Fraunhofer IIS, on écoute également les performances de l’encodeur AAC LC du retenu pour le futur Mpeg4, et on se laisse emporter par le BRS (Binaural Room Scanning), un casque doté d’un headtracker destiné reproduction binaurale de formats multicanaux. Déjà ! Alors, quoi de neuf aujourd’hui ?
3D Sound Labs, la start-up française dont le département R&D a établi un partenariat avec CentraleSupélec Rennes présente aujourd’hui deux produits dès à présent disponibles sur leur site ou dans les circuits de distribution grand public type Fnac ou Amazon. 3D Sound One est un casque filaire conçu pour le rendu 3D. Son module de headtracking intégré qui fonctionne via Bluetooth assure la captation du mouvement sur neuf axes avec une autonomie annoncée de dix-huit heures. Le moteur de rendu binaural est assuré par un driver actuellement compatible Windows et iOS, les versions Mac et Android étant à venir. L’ensemble permet notamment de binauraliser la majorité des contenus diffusés en 5.1 ou 7.1 ou encore, dixit le fabricant, d’augmenter l’immersion des jeux vidéo et de bénéficier d’un rendu plus naturel de la musique. Pour les personnes disposant déjà d’un casque audio de qualité, 3D Sound Lab propose alternativement d’acquérir simplement le module de headtracking dont le prix public est d’une centaine d’euros. Ce dernier se fixe simplement sur un casque standard et apporte la technologie maison du capteur de mouvements Bluetooth. Il permet en outre d’accéder gratuitement au driver spécifique transformant un casque standard en un casque 3D. Sur le stand, une démo en VR avec lunettes couplées au casque permettait de se faire une idée sur la technologie, sachant que d’autres applis devraient suivre grâce à la disponibilité du kit de développement VR Audio Kit dores et déjà compatible iOS, Windows, Android et Unity via un plug-in. La prochaine étape sera la personnalisation des HRTF, les fameuses fonctions de transfert qui permettent d’optimiser le rendu 3D en tenant compte de la morphologie de chacun. À suivre…
Disponible depuis juin 2016, le Pro Tools Dock s’adresse soit à des utilisateurs souhaitant une interface tactile pour Pro Tools afin d’effectuer du montage et du mixage simple, soit à des possesseurs de surfaces de contrôle type Avid S3 souhaitant plus de confort. Il comprend un unique fader motorisé, un jog, six touches de transport et deux douzaines de boutons prévus pour accéder aux modes d’automation de Pro Tools et Pro Tools HD. Compatible à partir de la version 12.5 du logiciel, le Pro Tools Dock est architecturé autour d’un iPad (Air2, Mini2 ou 3) voire d’un iPad Pro qu’on logera alors en position verticale. Une fois l’App gratuite Pro Tools Control installée, l’ensemble ressemble fort dans sa philosophie à une surface Artist Control à laquelle on aurait supprimé trois faders et rajouté quelques avancées directement issues de la S6 aux travers de quatre pages intitulées Mixer (affichage console), Track (affichage des pistes sous forme compacte), Channel (accès aux traitements et réglages de chaque piste, y compris un panner 5.0 tactile) et Soft Key (accès aux raccourcis et macro). L’ensemble se connecte via wi-fi ou via Ethernet en composant avec différents adaptateurs (Lightning vers USB + USB vers Ethernet) et se trouve géré par l’application EuControl grâce au protocole EuCon. De son côté, la S6 peut recevoir en option le Post Module doté des fameuses clefs d’écoute type PEC utilisées en mixage cinéma. Pour les gérer, Avid propose un nouveau firmware 2.2 qui apporte au passage quelques améliorations comme la très attendue fonction Lock Fader très appréciée des utilisateurs d’Icon, et qui faisait jusqu’ici défaut, ou encore l’affichage des fonctions de Control Room, désormais possible sur la partie Soft Key.
Sur le stand du Conservatoire de Paris, l’ingénieur du son Jean-Marc Lyzwa fait écouter des enregistrements musicaux multipistes mêlant naturel, enveloppement et précision. La spatialisation est assurée via le TransPan, module maison mettant en œuvre synthèse binaurale et traitement transaural développé avec le concours de l’Ircam. Le dispositif d’écoute comprend un casque équipé d’un suivi de mouvement custom obtenu avec un module de headtracking USB fixé sur le casque : artisanal, mais plutôt efficace !
Après Dante, le danois DAD annonce la compatibilité AES67 pour son interface audio AX-32 compatible Pro Tools et EuCon. Parmi les applications mises en avant figurent les nouvelles facilités apportées par l’audio sur IP comme le transport du monitoring casque sur de longues distances. Couplée avec les possibilités de routing et la gestion de monitoring de l’AX-32, l’utilisation d’un ampli casque compatible Dante et alimentable via PoE, tel que le Klang:quelle, simplifie grandement l’exploitation de cabines distantes de la régie.
Evolution de BitterSweet, plug-in gratuit proposant une approche novatrice en matière de traitement des transitoires, Flux sort BitterSweet Pro, une version payante plus aboutie. On y trouve notamment une sélection du spectre de fréquences à traiter, permettant de modeler avec plus d’efficacité l’enveloppe des sons tant au niveau des transitoires que du sustain, voire des réverbérations… D’autre part, une gestion interne M-S permet de traiter différemment le centre et les côtés d’une piste stéréo. Très impliqué par les nouvelles problématiques liées à l’audio 3D, l’éditeur orléanais annonce également un outil prometteur dont la disponibilité est prévue pour l’automne prochain. Développée autour de la technologie Spat déjà disponible dans le plug-in Ircam Spat, il s’agit cette fois d’une application autonome d’un genre nouveau dont le nom reste à trouver. Elle cumule en effet les fonctions de simulation acoustique, d’aide au mixage, de gestion de monitoring et d’authoring en environnement 3D, ce qui en fait un outil touchant aussi bien le live, la postproduction que la muséographie. Pour s’affranchir des limitations des stations audio, le logiciel échange avec cette dernière des canaux audio mais aussi des données comme le nom des pistes par exemple. Parmi les fonctionnalités offertes par le logiciel, on retrouve bien sûr les simulations acoustiques présentes dans le plug-in Spat, mais aussi le transcodage simultané dans différents formats allant du 7.1 au 22.2 NHK en passant par le binaural ou le HOA (plusieurs ordres), ainsi que la gestion du monitoring. Affaire à suivre…
Figurant parmi les standards bien établis dans les structures de postproduction françaises, la gamme Loudness de Nugen Audio est régulièrement mise à jour. Ainsi, le VisLM dans sa version H2 mémorise désormais la mesure de Loudness grâce à sa gestion du Time-Code, le limiteur True-Peak ISL2 se décline désormais en versions 7.1, stéréo et AAX DSP, tandis que le LM Correct2, qui permet d’effectuer des mises en conformité EBU-128 au format AudioSuite dans Pro Tools, s’intègre également dans Adobe Premiere Pro. Dédié à l’Upmixage en 5.1 et 7.1, le plug-in Halo Upmix présenté au dernier IBC propose désormais une option 9.1 capable de produire un berceau 7.1.2 pour le Dolby Atmos.
Aux côtés de marques établies sur le marché français de la console broadcast comme Studer et Lawo, le spécialiste anglais Calrec investit l’hexagone avec un support local assuré par DV2 et la présence de Florent Chaouby, commercial basé en France. La gamme comprend les consoles Appollo et Artemis, récemment installées dans le nouveau car Millenium Signature 12 d’AMP Visual TV, ainsi que la Summa. Le traitement audio repose sur un ensemble de FPGA redondé en standard dans chaque cœur présenté sous forme de rack 4 ou 8U. Parmi les traitements disponibles sur chaque voie, on trouve une section EQ, deux compresseurs/limiteurs, un expandeur/gate, et quatre sorties directes. Le protocole maison Hydra2 (jusqu’à 512 canaux bidirectionnels) est utilisé pour relier en fibre ou cuivre les consoles à leur routeur et aux interfaces d’entrée/sorties audio sur lesquelles des passerelles Dante, AES 67 et AVB sont disponibles en option. D’autre part, la conception modulaire par bac de huit voies autonome dans leur traitement peut faciliter le déport d’une partie de la surface de contrôle.
Version compacte et économique de la gamme Calrec, la nouvelle console Brio vient compléter l’offre. Elle intègre de série 36 faders double couche, 40 entrées (24 Mic/Line+8 AES), 32 Sorties (16 analogique + 8 AES) un bus 36 voies, 8 GPI/GPO dans un ensemble monobloc disponible à partir de 27 950 euros HT. Les trois ports d’extension permettent au choix d’augmenter le nombre d’entrées/sorties en analogique, Madi, SDI, d’ouvrir la console à l’environnement Hydra2, ou aux protocoles d’audio ou de vidéo sur IP tels que SMPTE 2022, Dante, AES67, Ravenna et Soundgrid. Pour les besoins de la Remote Production, Calrec propose également le RP1, un rack 2U doté des ressources nécessaires pour effectuer en local certains traitements comme le brassage d’intercom ou les mix de monitoring. Le RP1 contribue ainsi à éliminer la latence induite par un traitement distant apportant ainsi plus de fluidité entre les échanges régie/plateau. En outre, il donne à l’opérateur détaché sur le terrain, le contrôle sur certains paramètres comme le gain des entrées micro par exemple. Enfin, il prend en charge la synchronisation et la transmission de l’audio embeddé en SDI ou via d’autres standards comme le SMPTE 2022.
* Cet article est paru en intégralité pour la première fois dans Mediakwest #18, pp.58-60. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici
La deuxième partie de cet article sera publiée Jeudi prochain.