3 questions à François-Charles Bideaux, directeur de la production au service des sports de Canal+

Nous avons posé trois questions sur la 4K à celui qui a en charge les productions sport de Canal+ depuis quelques années déjà. François-Charles Bideaux porte un regard particulier sur la réalisation sportive puisqu’il a été pendant longtemps lui-même aux manettes de grandes retransmissions internationales.*
LEG2-OK2.jpg

 

Mediakwest : Selon vous, quel est l’apport de la 4K sur les retransmissions de football et surtout qu’implique-t-elle en termes de réalisation ?

François-Charles Bideaux : Depuis quelque temps déjà, nous portons une attention toute particulière à l’immersion du téléspectateur, tant par l’image que par le son. Le format 4K va naturellement dans ce sens. Avec une définition quatre fois supérieure à la HD, nous avons bien entendu beaucoup plus de détails dans l’image. Il faut donc prendre cela en considération, en laissant peut-être plus longtemps un axe caméra et sa valeur de plan à l’image.

Switcher moins rapidement entre les caméras me semble être la bonne tendance. En termes de placement des caméras dans les stades, cela implique également de descendre les positions plus bas dans les tribunes afin de moins écraser les joueurs sur la pelouse. Nous y parvenons petit à petit, en dépit de la conception des stades qui ne nous facilite pas la tâche. Cet aspect va nécessiter un travail dans le temps, qu’il faudra réaliser en partenariat avec la Ligue de football professionnelle.

Enfin, la puissance des lumières qui éclairent les pelouses doit également être augmentée et harmonisée dans l’ensemble des enceintes des clubs de Ligue 1, ce qui prendra également encore un peu de temps.

 

Mediakwest : En quoi vos productions 4K des matchs premiums de Ligue 1 sont-elles différentes des tests que nous avons pu voir par le passé ?

François-Charles Bideaux : Tout d’abord je pense que nous sommes parmi les tout premiers au monde à produire un signal 100 % 4K natif. L’ensemble des sources, ralentis compris, est UHD, nous n’avons aucune up-conversion ! C’est une différence importante par rapport à ce que nous avons fait par le passé. Ensuite, nous ne produisons plus deux signaux en parallèle avec deux dispositifs distincts pour la HD et la 4K. Et là encore c’est une évolution remarquable.

Nous avons un seul car régie, une seule équipe de production. Le signal UHD est diffusé tel quel sur Canal+ 4K, tandis qu’il est down-converti pour Canal+ HD. Je remarque d’ailleurs que la diffusion HD produite par une source 4K est de meilleure qualité qu’un workflow HD de bout en bout.

 

Mediakwest : Avec l’abandon de la double réalisation 4K/HD, les coûts baissent donc considérablement. Néanmoins, la production 4K reste assurément plus onéreuse que la HD. Qu’en est-il vraiment ?

François-Charles Bideaux : Les coûts de production de la 4K ont baissé et vont continuer dans ce sens. Bien évidemment la masse salariale est la même qu’en HD, mais le matériel va mettre un certain temps à baisser, les investissements pour les prestataires sont récents et conséquents. Aujourd’hui les serveurs de ralenti EVS sont plus coûteux qu’en HD. Mais tout cela va vraiment évoluer petit à petit. On peut estimer le coût d’une production 4K environ 30 à 40 % plus élevé qu’une production HD de même configuration.

 

* Extrait de notre article « La Ligue 1 en 4K sur Canal+, une prod 100% UHD «  paru pour la première fois dans Mediakwest #21, p. 58-60. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.

La première partie de cet article est accessible ici