Sujets introductifs des Rencontres, l’IA et l’Open Source vont-elles « révolutionner » l’animation 3D ?
Stéphane Singier : On parlait, à l’époque, de la « révolution » de la 3D puis du relief, de la HD. Plus récemment, nous avons eu celle du temps réel, de la mocap ! Parlons donc plutôt d’évolution que de révolution ! Les innovations techniques pour la création d’images, identifiées, commentées et documentées depuis 1981 (à Imagina puis au FITA, le Forum International des Technologies de l’Animation), ont souvent été débattues (souvenez-vous du passage de l’argentique au numérique). On voit que les débats reviennent à propos de l’IA et de l’Open Source. Il est trop tôt pour voir les impacts réels de l’IA. Au RADI, nous n’avons voulu retenir que des visions sûres, positives et juridiquement viables.
En invitant des chercheurs comme Elie Michel ou Tamy Boubekeur (Adobe Research Paris), les RADI ont mis cette année l’accent sur la recherche en IA. Pourquoi ?
Nous ne désirions pas entrer dans la polémique. Nous avons tous bien sûr en tête les déclarations de Jeffrey Katzenberg (DreamWorks) assurant que l’intelligence artificielle pourrait prendre en charge 90 % d’un film d’animation (en novembre 2023). Mais comme le rappelait Stéphane Donikian (Golaem), les programmes que nous utilisons recourent à l’IA depuis au moins quinze ans et je n’ai pas rencontré d’animateurs regrettant de ne pas avoir à animer des centaines de personnages dans des foules. Que l’IA prenne en charge des problématiques de traitement du son, d’upscaling et d’automatisation de tâches répétitives, cela ne gêne personne. Ces outils donnent une autre échelle et apportent d’autres capacités à la mise en image d’idées scénaristiques.
Il devient de plus en plus difficile de séparer les innovations techniques des enjeux de formation…
Dès que de nouvelles techniques apparaissent (comme l’IA), il est en effet impératif de former les générations actuelles et futures sur ces évolutions. La grande nouveauté aujourd’hui réside dans la création de nouvelles interfaces permettant à des graphistes de manipuler des algorithmes autrement que par des formules mathématiques mais avec des curseurs visuels.
Extrait de l’article paru pour la première fois dans Mediakwest #55, p. 122-128