Avec un César du meilleur court métrage pour L’accordeur d’Olivier Treiner (56 récompenses depuis sa première projection !), la région Poitou-Charentes peut s’enorgueillir d’un certain flair quant au soutien des œuvres produites sur son territoire. L’an passé, un autre court métrage, Monsieur l’Abbé, avait été nominé, tout comme les longs métrages Mammuth et Tournée.
Bien qu’il s’en défende, Pascal Pérennès, directeur de Poitou-Charentes Cinéma, sait bien que la reconnaissance de la pertinence d’un fonds d’aide territorial passe aussi par ce type de récompense.
La spécificité du fonds d’aide
Le territoire Poitou-Charentes dispose d’un fonds de soutien abondé non seulement par la région (2 M€) mais aussi les quatre départements qui la composent : Charente (1,8 M€), Charente Maritime (650 000 €), Vienne (130 000 €) et Deux-Sèvres (100 000 €) soit plus de 4 M€ au total. Ce qui en fait le 3e en France, derrière l’Ile-de-France et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. « Cette complémentarité dans l’infra-régionalité est l’un des atouts de notre territoire », confirme Pascal Pérennès, directeur de Poitou-Charentes Cinéma depuis 2000.
Autre spécificité, la région dispose d’une diversité de décors, du littoral rochelais (auquel s’ajoutent les îles d’Oléron, de Ré…) aux bâtiments historiques de Poitiers, Rochefort sur Mer, etc.
Enfin, berceau de la bande dessinée, Angoulême s’est fait une spécialité de l’animation en disposant de nombreux studios, écoles et prestataires. La région Poitou-Charentes, avec le département de la Charente, comptabilise à elle seule 43% des crédits consacrés à la production d’animation audiovisuelle, soit 1,4 M€ (en progression de 16% entre 2010 et 2011). Et le littoral rochelais compte « bon nombre de micro-sociétés de production de documentaires » ; l’une des raisons objectives qui a conduit le marché du film documentaire, Sunny Side of the Doc, à s’installer dans la ville portuaire.
600 jours de tournage en 2011
2011 aura été une année faste pour les tournages en région avec 600 jours comptabilisés. Pour rappel, la moyenne des années précédentes se situait aux alentours de 450 jours. La région Poitou-Charentes n’a pas de chapelle bien établie et ne dédaigne aucun genre mais ce sont souvent des séries qui permettent, sur la longueur, d’installer une industrie et, ici, une relative stabilité d’emploi. Parmi les exemples, Mademoiselle Joubert (Image et Cie) en 2006, Cœur Océan (Scarlett Production), SOS 18 (JLA) et, plus récemment Victoire Bonnot ou encore Vive la Colo (6×52′ – Marathon pour TF1, diffusée fin avril 2012). La saison 1 a été tournée sur les plages de Châtelaillon, non loin de La Rochelle. Pascal Pérennès croise les doigts : « si ça marche, il y aura une saison 2 qui devra se tourner cet été ».
« Au-delà des chiffres », assène le directeur de Poitou-Charentes Cinéma, « ce qui compte c’est de créer un cercle vertueux avec des productions satisfaites de nos prestations, qui reviennent et assurent, ainsi, une continuité dans l’activité ».
Justement, côté activité, la région compte de nombreux professionnels – chefs de poste et techniciens – dans les secteurs de la régie, décoration, électro-machinerie, habillage, coiffure et casting. « Sur l’image, il est plus difficile de recruter sur le territoire mais il y a des compétences reconnues en France qui, vivant sur Angoulême, n’ont aucun mal à travailler une bonne partie de l’année ».
Des studios à Angoulême…
Les studios AREDI d’Angoulême avaient tendance à péricliter jusqu’à ce que Transpalux, dans sa politique d’essaimage (ou de maillage) du territoire, ne signe un accord avec la région et le pôle Magelis pour la location de ses studios et, plus largement, d’un ensemble immobilier de 20 000 m2 (voir notre article). Lors de la signature du contrat, les responsables de la filiale d’Euro Média France espéraient rentabiliser les studios à hauteur de 32 semaines par an. Et il pourrait bien réussir leur pari dès 2012.
En effet, le studio Moonscoop a lancé la production de la dernière saison de sa série animée Code Lyoko dont la particularité était de mixer deux univers, rendus respectivement en 2D et en 3D. Pour cette ultime série, la production a choisi d’intégrer la prise de vues réelles sur fond vert : 26×26′ se tourneront donc dès les prochains jours.
Autre série à prendre ses marques à Angoulême, Chez Bonnot (nouvelle appellation de Victoire Bonnot) qui met en scène la présentatrice/décoratrice Valérie Damidot dans le rôle titre pour M6. Plusieurs épisodes sont prévus en 2012. Enfin, après plusieurs saisons en Aquitaine, Section de recherches (Auteurs et Associés) entamera ses investigations dès avril et pour six nouveaux épisodes.
… et à La Rochelle (?)
Les studios de l’Océan (ex de l’Atlantique) ont longtemps été un fantasme d’élus, mais ils sont en passe de devenir une réalité concrète avec la délégation de service public accordée à la société Mativi France de Jean Cressant. En parallèle, la région Poitou-Charentes et le département de la Charente Maritime ont accordé fin décembre 2011 une aide au pilote à Marathon Images pour un projet de quotidienne sur… TF1.
Intitulée Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, le tournage s’est déroulé fin février entre l’Ile de Ré et la Rochelle.
La chaîne privée a reçu le pilote et s’accorde non seulement le temps de la réflexion mais également la capacité de voir ce que donne le projet parallèle d’une autre quotidienne, Vue sur mer, initiée par TF1 Productions, dont le tournage se ferait à Montpellier.
À l’heure actuelle, aucune décision n’a été prise mais les studios, situés à l’espace Encan-Sud, à quelques encablures du vieux Port et de la gare TGV, sont actuellement en cours de construction avec deux plateaux, d’une surface respective de 900 et 500 m2.
2012 : l’île de Ré accueille Alceste
JLA a lancé le tournage en fin d’année de la série Jeu de dames (6×52′) réalisée par François Guérin pour France 3 sur la rencontre inattendue de femmes de marin (50 jours de tournage jusqu’à début février). « Trois autres séries sont programmées en Charente sur l’année 2012 », précise Pascal Pérennès.
Côté long métrage, Philippe Le Guay a posé ses caméras sur l’île de Ré depuis le 14 mars et pour 7 semaines (plus quelques jours à La Rochelle) pour son film Alceste à bicyclette, produit par les Films des Tournelles. Le casting est des plus alléchant : Fabrice Luchini et Lambert Wilson s’y donneront la réplique autour de séances de répétition du Misanthrope ; l’un des deux refuse de jouer, tandis que le second tentera de le persuader de remonter sur scène.
Entre patrimoine historique et décors naturels avantageux, la région Poitou-Charentes a su faire entendre sa petite musique, basée sur une symphonie à cinq voix : une région et quatre départements. Ne lui reste plus qu’un tournage de long métrage international… En 2012 ?
Numérisation des salles : 64% du parc équipé
Dans le cadre de ses missions, Poitou-Charentes Cinéma fait de la numérisation du parc de salles de la région l’un de ses axes de travail. « La région Poitou-Charentes dispose de 163 écrans incluant le réseau CGR qui était déjà équipé », rappelle Pascal Pérennès. Votée en septembre 2010, cette aide qui entend soutenir uniquement le premier et deuxième écran, a déjà bénéficié à 30 établissements pour 37 écrans pour un montant de 554 90 €, soit une aide moyenne de l’ordre de 15 000 €.
En novembre, un bilan d’étape a permis d’établir que 64% du parc régional était numérisé. La moyenne nationale étant de 65%, le territoire fait figure de bon élève.