Avec à son programme des entrées XLR alimentées, 3 bagues de réglages, un panneau LCD enfin dans l’axe de visée, un enregistrement en 1080/50P et un nouveau système de stabilisation d’image, le tout pour moins de 2000 euros TTC, la Panasonic AC90 a de quoi séduire bien des bourses. Et on se demanderait presque si elle ne cache pas un loup. En effet, l’idée n’est pas neuve chez les constructeurs, de déshabiller Paul (le modèle amateur) pour rhabiller Jacques (le pro) avec simplement une nouvelle coque noire plus grosse et des entrées XLR pour en doubler le prix. Une fois n’est pas coutume, ici, ce n’est pas le cas : le caméscope est original.
Prise en main
Panasonic délaisse enfin le panneau LCD latéral pour le placer, comme chez bien des concurrents, sur la poignée de portage : on doit cependant l’extraire de son logement, ce qui n’est pas des plus pratique, mais du coup, il ne dissimule plus une armée de boutons comme ce fut le cas avant. Qui plus est, ce LCD est tactile, mais toutes les commandes principales restent accessibles sur la coque moyennant une certaine simplification : pas de push auto dédié pour la mise au point (on bascule en auto puis en manuel pour obtenir le même résultat), pas de commutateurs à mémoire pour le gain ou la balance des blancs (on appuie 1 seconde sur la touche WB pour faire une balance manuelle) mais malgré tout, l’essentiel y est sans passer par les menus. À ce niveau de prix, le caméscope propose aussi 3 vraies bagues (Focus, Zoom, Iris), celle de l’ouverture gérant aussi le gain : ainsi, une fois le diaphragme ouvert, si on continue à tourner, on augmente les valeurs de gain.
Pour résumer cet aspect ergonomique, nous dirons que la caméra est pensée à la fois pour ceux qui n’y connaissent absolument rien (on bascule en mode iA et l’appareil gère tout), et pour les professionnels.
En manuel on peut choisir ce qui est géré automatiquement ou par l’opérateur directement depuis la coque : exemple, en appuyant sur une touche on active l’ATW ou on fait défiler les mémoires de blanc, tout en conservant, si on le souhaite, une exposition auto ou manuelle. Panasonic propose aussi certaines fonctions que l’on retrouve sur les modèles supérieurs : Focus in Red pour l’aide à la mise au point, Scene Files pour personnaliser l’image… Le seul regret étant finalement que la caméra ne dispose pas de vrais filtres neutres, le tout étant géré électroniquement et donc pas de façon transparente. Autre petite lacune, les boutons, s’ils sont tous apparents et accessibles, ne disposent pas de détrompeurs suffisants. Pesant moins de 2 kg, ramassée, rustique et plutôt bien finie, cette première impression laisse à penser que la bête est facile à mettre en œuvre et finalement assez peu bridée à ce prix.
À l’utilisation
Panasonic insiste sur les nouvelles technologies de BSI (back Side Illumination) et de pixel shifting sur le capteur tri-MOS qui équipe l’AC90. La première nouveauté permet d’augmenter la sensibilité du capteur tandis que la seconde génère en fait une image 4K qui va servir d’une part, à améliorer la qualité d’image, mais aussi à obtenir de meilleures performances pour la stabilisation. À partir de cette image 4K « tampon », l’appareil produit une image HD et a plus de latitude pour stabiliser, zoomer ou être précis dans les détails. C’est pourquoi le zoom est qualifié « d’hybride 25X » pour une valeur nominale optique de 12X. Dans les faits, le tableau est un peu plus nuancé. L’image de l’AC90 est en effet superbe à condition de ne pas franchir un seuil de sous illumination. En effet, la taille de 1/4.7 pouce ne peut pas faire de miracle dans la pénombre même si le bruit est fortement contenu jusqu’à 18 dB (il faut en général 12 dB sur cette caméra pour obtenir une image fidèle à la réalité sous faible éclairage tungstène). Côté zoom, le 25X est bien là et ne fait pas perdre trop de piqué même si l’on assiste parfois à quelques fourmillements des contours, en cas de faible luminosité.
Pour résumer, ça fonctionne et on bien est loin des mauvais zooms 100 % numériques, à condition de ne pas demander à la caméra de zoomer dans le noir, ce qui représente pour elle les pires conditions. Cela d’autant plus que la technologie de Panasonic fait de véritables miracles en termes de stabilisation. Jamais nous n’avons testé un appareil aussi apte dans ce domaine. Le stabilisateur optique hybride (qui se sert donc de l’image 4K) laisse à penser que les plans on été tournés en Steady Cam. Et nous vous recommandons d’essayer vous-même ce point si vous avez accès à la caméra : zoomez à main levée en 25X sans O.I.S, enclenchez-le et regardez la différence. Il en va de même si vous marchez. C’est pour nous l’un des meilleurs atouts de la caméra.
Conclusion
1800 euros HT, une image qui ne souffre que peu de reproches (tant qu’il y a de la lumière), un appareil assez peu bridé en termes de fonctionnalités et une stabilisation redoutable, que demander de plus à ce prix ? Pas grand-chose en effet. On peut regretter la taille du capteur ou penser que comme toujours chez le constructeur, l’ensemble est toujours aussi « rustique » (glissement du LCD, commandes…), mais à l’usage, cette caméra, ni trop petite, ni trop lourde et dotée de fonctions modernes (double enregistrement sur cartes en backup par exemple, 1080/50p…) est plutôt attachante au point qu’on aimerait presque qu’elle dispose d’une sortie SDI pour étendre ses possibilités en captation. Elle remplace avantageusement l’ancienne gamme (HMC41…) pour un prix défiant toute concurrence.
Ce qu’on aime :
- Le rapport qualité/prix
- Le stabilisateur
- La qualité d’image globale
- La simplicité sans sacrifier les commandes manuelles
- Le gabarit
- Le double enregistrement
- Le LCD sur la poignée
- Les 3 bagues
Ce qu’on aime moins :
- Les performances en très basse lumière
- Le maniement du panneau LCD
- La qualité du viseur
- Toujours un capuchon sur l’objectif !