En 2013, le volume de fiction s’est élevé à 782 heures et a cumulé un budget de 710,0 millions d’euros. Ce volume et cette enveloppe financière étaient respectivement à la hausse de 1,8% et 6,5 % par rapport à l’année précédente. Mais, si de prime abord, cette évolution apparaît comme positive, elle résulte d’abord d’un réajustement suite à une perte de vitesse drastique en 2008. Le coût horaire moyen alloué à la fiction reste plutôt modeste face aux coûts réels (de l’ordre de 905,5 K€/heure), ce qui oblige la majorité des producteurs à se montrer astucieux en termes de flux de travail et de concepts…
Pour certains producteurs, la gymnastique s’inscrit dans l’ADN de l’organisation… C’est le cas pour Bertrand Cohen, fondateur Terence Films aux côtés de Stephane Meunier, qui s’est d’emblée orienté vers une logique d’économie restreinte lorsqu’il a fondé sa société il y a 9 ans.
« Une liberté artistique sur le plateau, une équipe technique réduite qui devient d’autant plus mobile, une flexibilité du plan de travail, tout notre démarche converge vers une optimisation du budget. Sans un tel état d’esprit nous n’aurions pas pu répondre au souhait de France Ô, chaîne dotée d’un tout petit budget mais qui souhaitait s’offrir une série de fiction. »
Ainsi, en 2013, Bertrand Cohen s’est engagé dans la production de la saison 1 de la série Cut au rythme de 70 épisodes par saison. « Nous-nous sommes focalisés sur une narration où les émotions sont placées au centre de l’histoire, avec peu d’action. Nous tournons 6 à 7 séquences par jour, et, en tant que producteur, j’arbitre en permanence l’équation création/économie. Nous n’hésitons pas, notamment, à exploiter des scènes enregistrées au Smartphone par les acteurs, cela donne du caractère à la narration ! Le soir nous préparons la journée du lendemain avec beaucoup de soin», souligne le producteur qui a, parallèlement à la diffusion TV, mis en place un dispositif multiscreen couronné de succès…
« Laura est l’héroïne du « petit écran » et son fils, Jules, est le héros « digital ». Jules apporte quotidiennement sur Facebook et Twitter un éclairage différent sur les intrigues de la série et les relations entre les personnages. Ce scénario transmédia nous permet de mesurer l’adhésion du public et influence l’évolution de la série», souligne le producteur.
Le compte facebook de Jules (Jules974), qui propose de garder le contact avec le héros quand la télévision est éteinte, ne comptait pas moins de 50944 « j’aime » au bout de la première saison.
Au total, plus de 400 séquences vidéo, photos ou textes ont été spécifiquement produits sous la direction de Bertrand Cohen, pour être diffusés pendant les 100 jours d’antenne de Cut. La première saison de, financée par France Télévisions, le CNC, la région et l’avance sur recette du distributeur, a été diffusée sur France Ô et TV5 Monde et sa vente à l’international a été confiée à AB International…
« La participation de la chaine avoisine des 50 000 euros par heure, un montant somme toute modeste par rapport aux ambitions de cette série qui aurait pu coûter 40% plus cher », confie de producteur qui ajoute : « Un budget bas, c’est avant tout un challenge. Habitués a ce genre d’exercice, nous sommes entrés dans un cercle vertueux, à tel point que des producteurs cinéma nous approchent découvrir notre méthodologie », souligne le producteur qui doit, en général, attendre une distribution à l’étranger pour entrer dans une vrai phase de rentabilité.
La diffusion de la saison 2 de Cut qui démarre le 6 Octobre sur France Ô est programmée à 18 :45…
L’expérience transmedia s’élargit avec, entre autres, une immersion dans le téléphone de Jules @Jules_974 via une application mobile disponible sur iOS et Androïd dès le 22 septembre.
Cut Saison 2
70 x 26 min. D’après une idée originale de Bertrand Cohen.
Réalisation : Stéphane Meunier, Vincent Trisolini et François Bigrat.
Production : Adventure Line Productions / Terence Films, avec la participation de France Ô, de francetv nouvelles écritures, d’Outre-mer 1ère et de TV5 Monde, le soutien de la Région Réunion et en partenariat avec le CNC.
Terence Films, en chiffres :
En 8 ans, Terence Films a produit ou coproduit plus de 120 heures de fiction :
- 214 épisodes de 26mn pour France Télévisions,
- 80 épisodes de 3mn pour Canal Plus,
- 8 épisodes de 52mn pour Arte,
- 1 film de 90mn pour Arte.
Terence Films a remporté 4 prix et 4 nominations, dont celle du Prix du Producteur Français de Télévision (PROCIREP), pour des fictions qui ont dépassé les 40% de PDM et se sont vendues dans plus de 30 pays.
La série In America, pour une poignée d’euros…
Stephane Drouet, qui a fondé Making Prod avec Mathieu Vialat il y a 10 ans, s’est pour sa part engagé dans la production de In America, une série 10X26 mn co-produite par OCS qui dispose d’un apport de la chaine de 50 000 euros par épisode. Avec l’aide à la production du CNC et une avance à la distribution, le budget avoisine le million d’euros.
Ecrite par les 2 acteurs principaux, Vincent Primault et Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, cette série a fait l’objet d’une attention minutieuse dès sa phase de pré-production.
« In America représentait pour nous un challenge dès le départ dans la mesure où il s’agissait un Road Movie. Nous savions qu’OCS recherchait des dramédies et dès lors que le projet a été accepté par la chaîne, nous nous sommes débrouillés pour que sa production rentre dans l’enveloppe. Avec un tel budget, la préparation est essentielle. Alexis Charrier, le réalisateur, est intervenu très en amont du projet de même que Noor Sadar, le producteur exécutif. Noor Sadar, qui fait preuve de solides aptitudes pragmatiques, est habitué aux petits budgets, il travaille notamment sur Francekbek, une autre série produite pour OCS.
Pour In America, nous avons opté pour des configurations de tournage qui minimisaient les déploiements techniques. L’équipe regroupait au total 10 personnes y compris les comédiens et la polyvalence était de rigueur : par exemple, les acteurs se maquillaient et s’habillaient eux-mêmes !
L’intégralité de la série a été tournée en 21 jours : 15 jours aux Etats-Unis et 6 jours en France. « Nous avions 2 jours pour boucler un épisode et la plupart des scènes se déroulaient à l’extérieur pour éviter les installations de lumière. Aux Etats-Unis, nous avons tourné dans le Grand Canyon, à Las Vegas, à New York. Au final nous sommes très content du résultat même si sur le terrain on pensait manquer de temps… Cette expérience a remis en question certaines habitudes de travail que nous allons transférer sur des séries avec des budgets plus importants et nous réinvestirons les économies réalisées sur les postes créatifs », confie Stephane Drouet qui bénéficie tout de même d’un budget un peu plus important pour la saison 2, ce qui lui permet s’accorder deux jours de tournage supplémentaires !