Médiakwest : Le cinéma d’animation français traverse une situation assez paradoxale…
Philippe Alessandri : Malgré leur qualité évidente, les films français n’arrivent pas à être compétitifs sur le marché domestique, ni sur le plan marketing, ni sur les budgets de production, alors que le cinéma d’animation génère beaucoup d’entrées (trente millions de places vendues au cinéma en 2015). Seulement 20 % d’entre eux sont français ! En prises de vues réelles, la part de marché de la production française est de 34 %.
MK : Comment réduire ce décalage ?
P. A. : L’écosystème de l’animation sur les antennes de télévision peut servir de modèle au cinéma d’animation. Quelque 45 % de l’animation diffusée sur les chaînes émane de programmes français. Nous sommes arrivés à ce niveau très élevé, unique en Europe, parce qu’il y a eu des sous-quotas d’animation imposés à toutes les chaînes et un soutien public qui, aujourd’hui, devient encore plus important pour les séries ayant fait le choix de la relocalisation.
MK : Les filiales cinéma des chaînes devraient donc plus s’investir ?
P. A. : Oui ! Il s’agirait de mettre en place un système de financement vertueux, pour ces films moins financés que ceux en prises de vues réelles, nous permettant de produire des films d’animation familiaux (d’au moins 10 millions d’euros), qui seraient bien financés par une chaîne et un distributeur, et bénéficieraient d’un soutien renforcé du CNC. Ces films pourraient alors être localisés en France. Le SPFA essaie de rallier ses principaux partenaires comme France Télévisions, dont la chaîne jeunesse France 4 a besoin de films d’animation en prime time.
* Cet entretien est extrait de l’article “Annecy parie sur la réalité virtuelle” paru pour la première fois dans Mediakwest #18, pp.84-86. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici