« Nous bénéficions d’une bienveillance réconfortante de la part de la presse, nous avons beaucoup de bons papiers, de bonnes interviews, de prix, nous avons fait plein de “jolis coups”. Nous avons notamment passé une semaine avec les brigades djihadistes et avons piégé des complotistes comme Soral et Dieudonné. » Au total, Spicee affiche déjà à son catalogue 170 programes et 70 heures de contenu exclusifs.
« Jean-Bernard Schmidt, mon associé, et moi-même, avons passé pratiquement vingt ans en télévision. Nous y avons appris des choses formidables, mais avons considéré que cela sentait un petit peu le renfermé. La télévision ne remplit pas toujours sa mission qui est de nous rendre plus intelligents, plus ouverts sur le monde. Nous avons donc décidé de basculer sur cet outil qui s’appelle le digital, à l’instar de certains de nos aïeux du temps de la radio libre. »
En pionniers, les deux compères et Bruno Vanryb partent sur le digital « parce que cela n’avait jamais été fait. Il y avait des aventures de pure player dans la presse écrite avec Mediapart, qui est un joli succès, mais pas en vidéo de reportage. Il existe des plates-formes comme Canal+ ou Netflix qui rachètent beaucoup de leurs contenus, mais en produisent assez peu en interne. Nous, nous avons décidé d’investir ce champ-là, en y allant franco de port, puisque nous ne faisons plus que ça aujourd’hui ».
Il leur faut alors passer du temps à essayer de comprendre comment fonctionne l’outil digital, ses logiques et modes de production, sans savoir combien de temps durerait l’aventure. « Nous avons levé un peu d’argent pour tenter des choses, être audacieux, et repartir sur des sujets que l’on ne voit plus du tout à la télé ».
Le défi, explique Antoine Robin, était quasi « civilisationnel, puisqu’on voit bien qu’aujourd’hui les gros acteurs du digital, qui devient un média dominant notamment auprès du jeune public, sont essentiellement anglo-saxons, américains ou chinois. Il y a peu de français. » Pourtant, estime le président de Spicee, « notre voix peut peser, notamment en matière de documentaire et reportage, nous avons un vrai savoir-faire ».
Alors « Pourquoi pas nous ? » se demande-t-il. « Nous avons eu l’ambition un peu folle de créer ce média français, j’allais dire international d’obédience française, un peu comme les Daft Punk qui sont un groupe français, mais qui font danser le monde… ».
Spicee compte actuellement 50 000 usagers, 8000 abonnés dont 90% ont moins de 40 ans et un sur deux est une femme ; son seuil de rentabilité est fixé autour de 20 000 abonnés. Le média, qui a fait le choix de ne pas accepter de publicité, vend, entre autre, ses contenus aux chaînes de télévisio. Pour accélérer la distribution de son contenu en français et pour 70% en anglais (l’espagnol est à venir), Spicee procède actuellement à une deuxième levée de fonds.
Pour plus d’informations regardez l’interview vidéo…
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