C’est Hendrick Voss, l’un des concepteurs du système, qui s’est chargé de la présentation. En premier lieu, il a présenté la philosophie de ses produits. L’unité de contrôle doit pouvoir tenir dans la main, le but était aussi d’éliminer des câbles et de diminuer la taille des moteurs. Il est vrai que les caméras, avec tous les accessoires ajoutés, finissent par ressembler à des arbres de Noël… Alors, s’il est enfin possible de les déshabiller un peu… Pour gagner du poids, de l’encombrement et du temps, c’est tout à fait appréciable.
Nous verrons que le système est versatile, se compose de différentes unités toutes compatibles entre elles suivant les besoins et les caméras. Il est aussi compatible avec des systèmes d’autres constructeurs. Arri l’a développé en partie avec la compagnie C-Motion qui fut fondée à Vienne il y a une douzaine d’années par d’anciens ingénieurs de chez Arri. Autre caractéristique non négligeable et typique de l’esprit d’Arri, ces nouvelles unités sont compatibles avec les anciennes.
En premier lieu, les moteurs
Les premiers moteurs électroniques étaient gros et lourds ; seize ans plus tard, ils sont plus petits et plus légers, ce sont les moteurs C-Force et C-Force Mini développés en collaboration avec C-Motion. Il en existe quatre modèles :
– le CLM-3 pour les optiques lourdes et les conditions difficiles qui requièrent plus de force et de vitesse.
– les CLM-2 et CLM-4 pour les optiques standard
– le CLM-4 offre des options supplémentaires de montage.
– le CLM-5 très petit et léger conçu pour l’Alexa Mini et les supports de machinerie comme le Steadicam , les Mövies ou les drones. Les CLM-5 peuvent être reliés entre eux.
En effet, l’Alexa Mini ne dispose pas de suffisamment de prises pour chaque moteur. Une autre solution a donc dû être trouvée. Un moteur est relié à une prise sur la monture PL en titane de la caméra, les autres sont reliés en chaîne. Cela évite d’ajouter une unité externe supplémentaire. En revanche, il faudra utiliser l’unité AMC1 si des objectifs à monture EF sont montés sur la caméra pour brancher les moteurs. L’utilisation de ces tout petits moteurs très légers convient parfaitement aux situations de caméra embarquée sur tous systèmes de machinerie qui nécessitent le minimum de poids.
Le cœur du système se trouve dans l’unité appelée UMC4 (Universal Motor Controler 4) qui fonctionne comme un système indépendant de la caméra, reprenant la plupart de ses attributions. Elle reprend beaucoup des fonctionnalités du menu de l’Alexa (l’angle d’obturation, l’index d’exposition, les fausses couleurs ou les filtres neutres internes) afin qu’elles puissent être pilotées à distance. L’UMC4 permet de piloter jusqu’à trois unités de contrôles HF différentes sur une même caméra.
Par ailleurs, Arri a intégré les systèmes de contrôle des moteurs des optiques dans la caméra, ce qui évite l’ajout d’un boîtier supplémentaire. Avec cette unité, il est donc possible de commander le zoom, le point et l’ouverture de diaphragme.
De plus, il intègre le LDS (Lens Data System) qui délivre en continu toutes les informations de réglages de l’optique (zoom, point, diaphragme). Le LDS permet aussi, via les contacteurs sur les montures de l’objectif et de la caméra, d’envoyer toutes les données au système sous forme de Look Up Table qui sont ensuite traduites en informations humainement compréhensibles sur l’UMC4 ou le moniteur. Il permet aussi d’avoir une représentation de la profondeur de champ ainsi que du suivi de point sur l’écran de l’UMC4 ou du moniteur. En couplant l’UDM-1 ou un Ciné-Tape, le moteur de point peut suivre continuellement un sujet dans l’image et envoyer les données de distance entre la caméra et le sujet en permanence sur l’écran de l’UMC4.
Le LDS enregistre les données des objectifs, mais aussi le time code, les informations de position de la caméra en inclination horizontale ou verticale. Tout ceci aide considérablement la postproduction lors des effets spéciaux. Pour la petite histoire, cette conversion des données pour la postproduction a été mise au point par l’inventeur des aspirateurs-robots.
Ces « lens data » sont incluses dans le SDK et le dossier ArriRaw ; donc tous les acteurs de la postproduction peuvent y avoir accès. Il va sans dire que cela améliore considérablement la rapidité et l’efficacité du workflow. Le LDS permet de récupérer les informations de gravure des bagues de l’objectif et ainsi de les jumeler avec les bagues pré-gravées de la commande de point. Toutes les données des objectifs Zeiss sont archivées dans la mémoire du LDS, il suffit de les rappeler. Les différentes échelles de point sont référencées par des lettres chez Zeiss.
En ce qui concerne Angénieux, il est possible de programmer les échelles de gravure des bagues, de les sauvegarder sur une carte SD et de les enregistrer dans l’UMC4 et la caméra. La compatibilité du système est aussi possible avec Panavision ; un encodeur permet de récupérer les données de l’objectif et de les enregistrer.
Avec le système des bagues pré-gravées, la corvée de report des marques de distances est terminée. Il suffit de calibrer les moteurs sur l’objectif en leur indiquant quelle bague on utilise. Ensuite, on affiche par exemple 5 Ft sur la bague pré-gravée de la télécommande et le moteur saura tout de suite où se trouve cette distance sur la bague de l’objectif.
Une autre fonction très utile a été développée : le « focus tracking ». Elle est utilisable avec un Ciné Tape ou un UDM (équivalent du Ciné Tape chez Arri). Elle permet, par exemple, de faire automatiquement le point sur le clap, puis le point revient automatiquement sur l’acteur, une fois le clap enlevé.
Trois unités de commande HF différentes
La plus complète et la plus grosse est la WCU-4, elle tient dans la main et reste légère. Elle permet de contrôler les optiques sur les trois axes, de lire les données des objectifs, d’utiliser les bagues pré-gravées. Des alertes vibrantes de distances permettent à l’assistant opérateur de garder les yeux sur l’action, sans avoir à regarder la bague de point. La friction et la vitesse de la commande de point sont ajustables. Les données de distances de l’UMD1 sont lisibles sur l’écran ainsi que la profondeur de champ. Elle reprend toutes les fonctions de remote control pour les caméras Alexa Plus, XT plus, Studio, XT Studio, SXT plus, 65, Alexa Mini et Amira ainsi que celle de « focus tracking ». Sans oublier le démarrage et l’arrêt de l’enregistrement.
La SXU-1 est la plus simple, elle n’accepte qu’un seul canal. Elle peut être affectée à la fonction désirée. Par exemple, lorsque le directeur de la photographie veut conserver la maîtrise des changements de diaphragme au cours d’un plan séquence.
La ZMU-3A concerne le zoom. C’est une poignée comparable dans son design et son ergonomie à la bien connue poignée micro-force. Elle peut se fixer sur le manche de la tête ou bien recevoir un émetteur HF (WZE-3).
Par ailleurs, l’UMC-4 décrit plus haut se décline en plusieurs versions allégées :
– Le SMC-1 : compact et léger pour un seul moteur.
– L’EMC-2 : compact et léger, adapté pour les poignées broadcast des zoom Fujinon, Canon ou Angénieux. Il transmet leurs données au WCU-4.
– L’AMC-1 : compact et léger, il est adapté pour faire fonctionner trois moteurs.
Toutes ces nouveautés ont demandé de longues recherches et surtout des périodes de tests encore plus longues.
Du côté des caméras, petit récapitulatif
L’Amira est une caméra conçue pour le documentaire, elle enregistre du son ; ses commandes sont situées du côté de l’opérateur ; il n’est pas possible d’enregistrer en Raw ou en 4/3 (ceci pour contenir les coûts). En revanche, elle permet désormais d’utiliser des optiques S16 mm et elle peut aussi recevoir une monture B4. Elle intègre des LUT 3D, des filtres neutres internes, une balance des blancs dynamique, un multiscan et une fonction pré-record. Elles est très équilibrée à l’épaule et a fait ses preuves par grand froid.
L’Alexa Mini est une caméra petite et légère en fibre de carbone, conçue pour des outils comme les drones, les steadicams ou les gimbles. Elle a bénéficié des derniers développements de l’Amira. Elle enregistre en Raw (encapsulé dans le MXF) et en 4/3 moyennant l’achat d’une licence.
L’Alexa SXT est la dernière évolution de la XT. Désormais, elle enregistre aussi en ProRès 4K UHD et ciné. Il est possible de choisir le type d’image que l’on veut afficher suivant l’écran auquel elle est destinée. Elle bénéficie de nouvelles cartes d’enregistrement de capacité 1 To et 2 To. La gestion du changement de vitesse a été simplifiée. Elle bénéficie dorénavant des mêmes LUT 3D que l’Amira et la Mini, avec la possibilité de les faire évoluer. Arri ne se refuse à toute course à la définition susceptible de l’entraîner dans un compromis avec la dynamique et la couleur. L’Alexa SXT est bien sûr prête pour le HDR (High Dynamic Range) et le HFR (High Frame Rate). Il y aura une version SXT de l’Alexa Studio avec une visée optique.
Du côté des formats d’enregistrement
L’Amira enregistre désormais dans un format ProRès S16 HD. Ce nouveau mode prend une image S16 en « croppant » dans le capteur et la ramène à un rapport 16/9 dans tous les codecs ProRès. La diagonale de l’image est de 15,1 mm, un peu plus grande que le S16 traditionnel (14,5 mm), mais la plupart des optiques S16 couvrent cette taille d’image sans vignettage.
L’Alexa Mini enregistre désormais en 4:3 selon trois modes différents :
– ProRès 4:3 en 2.8K enregistre toute la surface du capteur (2 880 x 2 160) et peut être utilisé avec des objectifs anamorphiques ou sphériques. La vitesse maximum d’enregistrement est de 50 IPS.
– ProRès 2.39 :1 – 2K Ana, enregistre en 2.39 :1 au format 2K (2 018 x 858) qui ne requiert aucune taille mise à l’échelle dans l’image en postproduction. À cause de la réduction du format dans la caméra par rapport au précédent, la quantité de données est plus réduite et autorise une plus grande vitesse d’enregistrement : jusqu’à 120 IPS.
– ProRès 16 :9 HD Ana s’utilise pour les situations où le « look » des optiques anamorphiques est voulu, mais où le produit final sera en 16/9 HD sans barres noires. Vitesse : jusqu’à 120 IPS.
Et aussi en Arriraw (avec l’achat d’une licence) selon plusieurs modes :
L’Arriraw est enregistré sur les cartes CFast 2.0 en encapsulant les fichiers dans un container MXF. Il est toujours non compressé, non encrypté, et contient le son et les métadatas. Un nouveau SDK permet de lire ce nouveau format. Il n’y a pas besoin de formater les cartes spécialement pour ce mode d’enregistrement ; plusieurs formats d’enregistrement peuvent cohabiter sur une même carte.
– MXF/Arriraw 16/9 2,8K enregistre une taille d’image de 2 880 x 1 620 jusqu’à 48 IPS.
– Mais il existe aussi le MXF/Arriraw Open Gate recording.
– MXF/Arriraw Open Gate 3.4K résolution : 3 424 x 2 202 jusqu’à 30 IPS.
Il existe maintenant trois autres modes en Open Gate 3.4K qui reprennent les modes du ProRès 4 :3.
– MXF/Arriraw 4 :3 2.8K (3.4 en Open Gate)
– MXF/Arriraw 2.39 :1 – 2K Ana (3.4 en Open Gate)
– MXF/Arriraw 16 :9 HD Ana (3.4 en Open Gate)
Vitesse max : 30 IPS
Et aussi le format ProRès super 16 HD (1 600 x 900 enregistré sur le capteur) et gonflé en HD 1 920 x 1 080 lors de l’enregistrement.
Et les nouveautés de l’Alexa SXT :
Elle offre la possibilité de 14 formats d’enregistrement différents, dont six nouveaux.
D’abord, il existe un nouveau mode sur le capteur le 6:5 développé spécialement pour les tournages anamorphiques. Tous les modes du capteur sont valables en Arriraw et en ProRès.
– ProRès 4K (UHD/Ciné)
– 6:5 ProRès (2K/4K Ciné Anamorphique)
Cette option « plug and play » permet d’utiliser les optiques anamorphiques de la manière la plus économique avec une grande qualité d’image. La caméra crée une image prête à être vue en 2K ou en 4K DCI sans débayerisation, taille dans l’image, rééchelonnage ou décompression de l’image.
– Open Gate ProRès 3.4K
C’est le mode Open Gate avec une quantité de données moindre, tout en conservant l’avantage de la grande résolution de l’open gate.
– 16:9 Arriraw 3.2K
Elle offre la plus grande trame de pixels possible avec la plupart des optiques en monture PL. Jusqu’à 120 IPS.
* Cet article est paru pour la première fois dans Mediakwest #18, pp.36-37. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici