Expert en termes de gestion de services, du concept au développement de plateformes, Ian Massingham possède un parcours qui lui a permis d’acquérir une expertise dans des domaines tels que la stratégie de développement de l’IT et des télécommunications, l’architecture des réseaux et services IP, l’ingénierie en termes opérationnel et commercial…
Mediakwest : Quelle est la place du marché du divertissement en ligne chez Amazon Web Services ?
Ian Massingham : Les clients du marché du divertissement connecté sont très innovants avec le Cloud. Les prestataires de services et les diffuseurs de ce secteur d’activité faisaient partie des premiers acteurs à adopter le Cloud et les avantages qu’il offre, pour proposer un meilleur service aux clients et une expérience multimédia plus riche. Aujourd’hui, diffuseurs et acteurs de carrures internationales font appel à la technologie d’Amazon Web Services pour décliner leurs contenus en multi-écrans. On peut citer, notamment, Canal+, Channel 4, RTL, Samsung, Netflix ou encore Zeebox.
MK : Le Broadcast est très « gourmand » en termes de volume de données. N’est-il pas difficile de transférer toutes ces données vers le Cloud ?
I.M. : Plusieurs studios de cinéma et chaînes télévision utilisent déjà Amazon Web Services pour gérer leurs medias et transférer simplement des volumes importants de données. Dans le Cloud d’Amazon, nous offrons une gamme de services très différents… Nos clients peuvent basiquement utiliser une connexion internet standard (avec FTP), ou bien s’appuyer sur des protocoles de transfert accéléré tels ceux proposé par Aspera ou Signiant. Nous proposons également Amazon Web Services Direct Connect, un service permettant aux diffuseurs de mettre en place des connexions privées entre Amazon et leur centre de données, leurs bureaux ou des environnements élargis, en s’appuyant sur l’internet public. Avec Storage Gateway, Amazon Web Services propose une application logicielle installée sur le lieu d’hébergement des données et qui permet une intégration complète et sécurisée entre l’équipement du diffuseur et l’infrastructure de stockage d’Amazon. Enfin, nous proposons également un service appelé Amazon Web Service Import/Export, les studios de cinéma et de télévision qui s’orientent vers cette offre nous envoient leurs supports de stockage et nous transférons leurs medias sur nos plateformes par l’intermédiaire du réseau interne à haute vitesse d’Amazon, sans passer par internet.
MK : Les diffuseurs préfèrent utiliser des technologies hébergées dans leurs propres locaux, ce qui leur apporte un sentiment de sécurité. Comment les convaincre que leurs contenus sont en sûreté dans le Cloud ?
I.M. : En examinant le Cloud d’Amazon, vous vous apercevrez que nous répliquons les mêmes mesures que celles observées dans un centre de données traditionnel. Ces mesures intègrent la sécurité physique du centre de données, la séparation du réseau, l’isolation des serveurs physiques et l’isolation du stockage. Afin de veiller au respect des normes de sécurité les plus exigeantes, nous observons également plusieurs normes internationales reconnues telles l’ISO-27001, ainsi que d’autres normes sectorielles comme celles de la Motion Picture Association of America (MPAA). La MPAA a défini une série de bonnes pratiques concernant le stockage, le traitement et la distribution de médias et de contenus de manière sécurisée. Amazon Web Services a démontré que son infrastructure est conforme à toutes les normes définies par la MPAA.
Beaucoup de clients Amazon peuvent témoigner d’une amélioration de la sécurisation après leur passage au Cloud. Un système de stockage comme Amazon S3 (Simple Storage Service) est notamment considéré sur ce point comme un outil idéal pour la collaboration et la distribution. Des diffuseurs majeurs sur le territoire américain, tels ABC TV Network, Sony ou PBS, des services de VàD comme Netflix et Amazon Video on Demand, des services de streaming tels Hungama et Eros Now (spécialistes des films de Bollywood), ont des exigences de sécurité très strictes et sont satisfaits des outils de contrôle d’Amazon Web Service.
MK : Avec l’avènement du Cloud, quelles possibilités s’ouvrent aux diffuseurs ?
I.M. : Les diffuseurs ont fait partie des premiers acteurs à adopter le Cloud et les avantages qu’il offre, à savoir un meilleur service aux clients et une expérience multimédia plus riche. L’application Watch d’ABC/Disney en est un bon exemple, elle permet aux utilisateurs de regarder la télévision en direct sur tout appareil mobile. ABC met le flux à disposition sur le Cloud d’Amazon Web Service. Il est converti en temps réel pour chacune des plateformes d’appareils mobiles, des publicités étant insérées en fonction de l’appareil concerné. Les restrictions locales imposées à la diffusion sont respectées automatiquement. En utilisant le Cloud, ABC n’a pas besoin de s’intéresser aux questions d’évolutivité ou de fiabilité ni d’investir dans d’importantes infrastructures.
Quant à la chaîne anglaise, Channel 4, elle utilise notamment des outils d’analyse « Big Data » d’Amazon Web Services pour adapter ses émissions télévisées et ses autres contenus à son public. Avec le service Elastic MapReduce d’Amazon, Channel 4 traite d’importants volumes de données provenant de centaines de millions de visionnements de vidéos par an, elle peut ainsi mieux comprendre les comportements des utilisateurs et au final offrir une expérience personnalisée à ses publics ainsi qu’aux annonceurs.
Nous pouvons constater qu’en dépensant moins sur l’achat et l’entretien de matériel hardware, les diffuseurs réalisent des économies de temps et d’argent, ce qui libère des ressources pour la création de nouveaux contenus et leur distribution.
En France, pour enrichir ses émissions sportives et en faire une expérience multimédia, Canal+ a lancé une application pour mobiles qui s’appuie sur Amazon Web Services. Avec cette application, les abonnés à Canal+ peuvent revoir les temps forts des matchs de football, découvrir des analyses d’experts sur le Championnat de France, et regarder des interviews des entraîneurs et des joueurs.
De plus en plus de diffuseurs utiliseront le Cloud pour proposer ce type d’offre. Bien des services restent à inventer notamment au travers la combinaison mobile / cloud qui ouvrent des perspectives à la distribution de contenus sur le second écran. (voir article précédent : « Le sport à la TV « enrichi » par le second écran »)
Les Français sont des précurseurs dans ce domaine. L’offre de Visiware déclinée sur la plateforme PlayAlong en est un bon exemple : des centaines de milliers de téléspectateurs peuvent jouer en ligne pendant une émission TV en direct, en utilisant un ordinateur, un Smartphone ou une tablette. PlayAlong, qui s’appuie à 100 % sur le Cloud Amazon Web Services, apporte une nouvelle dimension interactive à la télévision, une dimension « Social TV ». La flexibilité de l’offre Amazon Web Services permet à Visiware de déployer sa technologie au cas par cas et de ne payer que pour les ressources utilisées. Visiware se déploie ainsi dans une dizaine de pays au travers 700 programmes et compte parmi ses clients des diffuseurs majeurs tels TF1 en France, ITV au Royaume-Uni et Fox aux États-Unis.
À l’heure actuelle, les diffuseurs composent avec une utilisation des ressources qui les oblige à mettre en place des infrastructures importantes pour des évènements ponctuels comme la Coupe du Monde de Football ou les Jeux Olympiques, mais ces infrastructures sont sous-utilisées le reste du temps. Avec le Cloud, seules les ressources réellement exploitées pour un temps donné seront facturées, ce qui permettra une baisse significative des coûts d’infrastructure des diffuseurs et une grande souplesse.
(Propos développés à partir d’une interview recueillie sur le Site de TV Connect Event)