OTT : Arkena, un nouveau champion européen

Le 20 janvier dernier, TDF Media Services (Cognacq-Jay Image, PSN, Qbrick et SmartJog) a officialisé le rapprochement de l’ensemble de ses filiales sous une marque unique, Arkena. Forte de 500 collaborateurs dans neuf pays, Arkena constitue ainsi l’une des plus importantes sociétés européennes de services audiovisuels. Quels sont les atouts de cette nouvelle entité, dans un environnement connecté, multi écrans et multi services ? Rencontre avec Julien Seligmann, président d’Arkena.
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Mediakwest : Pourquoi avoir rapproché les différentes entreprises sous le nom unique Arkena ?

Julien Seligmann : TDF Media Services est un groupe de sociétés technologiques issues d’horizons, de territoires différents. Toutes sont excellentes dans leur domaine, mais nos clients n’avaient pas forcément la connaissance de l’ensemble des services que nous proposions. Désormais avec Arkena, nous mettons en avant une offre de bout en bout, que ce soit pour des services linéaires ou non linéaires. Le but est d’intégrer une offre la plus pertinente, de dégager plus de ressources sur l’innovation, de mieux mutualiser les plateformes, et d’accroître notre développement à l’international. Nous sommes leaders en France où nous réalisons 60 % de notre chiffre d’affaires, et il nous faut désormais nous développer en Europe , avec des pays prioritaires comme les pays Scandinaves, le Royaume-Uni, l’Allemagne, et les pays de l’Est.

 

MK : Désormais, avec cette offre, vous vous retrouvez face à des concurrents de poids, comment se démarquer ?

J.S : Nous avons toujours eu des concurrents spécialisés mais désormais, avec l’activité globale d’Arkena, nous nous retrouvons face à des groupes internationaux comme Akamaï ou Ericsson. Toutefois, à la différence de ces entreprises, nous avons conservé toute notre agilité, notre proximité et une connaissance intime du métier de nos clients broadcasters. L’union fait la force et la diversité de notre expertise nous permet de proposer une offre différenciée, fortement innovante et à très forte qualité de service. Même si nous avons des concurrents sur certains segments, nous sommes, à ma connaissance, les seuls à avoir une offre complète à la fois sur le linéaire et le non linéaire, intégrant également la diffusion numérique (CDN). Le marché est global, et si nous devions nous comparer, en toute modestie, avec d’autres sociétés, nos homologues seraient Arqiva ou SES Astra PS qui sont leaders au Royaume-Uni et en Allemagne. Nous plaçons la relation client au centre de toutes nos démarches. Être rapide, efficace et technologiquement irréprochable est un impératif et ces qualités sont celles d’Arkena.

 

MK : Quel est le retour de vos clients face à cette réunion de compétences ?

J.S : Pour nos clients, il s’agit d’une plus grande lisibilité de notre offre, d’une garantie de pérennité et de solidité, d’un accès facilité à l’ensemble de notre gamme de services, et le bénéfice d’une confiance renouvelée dans notre capacité à les accompagner pour relever ensemble leurs défis technologiques et opérationnels. .

 

MK : Comment envisagez-vous votre développement international ?

J.S : Sur une base de 1 500 clients, deux tiers sont des sociétés étrangères dont un volume important au Royaume Uni et en Scandinavie notamment. En développant des services non linéaires de types SaaS nous nous affranchissons de la territorialité et pouvons plus facilement déployer nos services sur de nombreux territoires.

Les différentes sociétés qui constituent Arkena sont toutes leader dans leur domaine. SmartJog opère le premier réseau d’échanges de programmes dématérialisés à l’échelle mondiale. BeBanjo est tête de file sur les solutions pour le marché de la VOD. Cognacq-Jay Images est l’un des plus importants prestataires de services numériques en Europe, avec 30 000 heures de programmes encodées par mois. Qbrick est le leader scandinave des plateformes vidéo multi-screen.

Au Royaume-Uni, à titre d’exemple, Arkena a récemment signé avec Cirkus qui est un nouveau service de SVOD (vidéo à la demande par abonnement), qui donnera accès, pour les abonnés aux plateformes de télévision payante étrangers, aux meilleurs contenus de télévision britannique, qu’il s’agisse de fictions ou de documentaires. Ce service est lancé initialement dans les pays nordiques. Arkena assure la gestion, la préparation des contenus jusqu’à la distribution des contenus sur les plateformes opérateurs. Ce service démontre la capacité d’Arkena a fournir une solution de bout en bout pour des éditeurs de contenus souhaitant proposer leur catalogue soit vers des plateformes d’opérateurs soit en OTT.

Pour se développer à l’international, c’est plus facile avec des offres de type Cloud. Notre service Cloud4Media est à ce titre stratégique car il ouvre la voie à une nouvelle offre de services de gestion de contenus, totalement dématérialisée. Cloud4Media d’Arkena est une solution unique de transfert de fichiers, stockage, transcodage et publication de contenus vidéo dans les meilleures conditions de sécurisation, de rapidité et de qualité.

En Scandinavie nous sommes numéro deux sur le marché des CDN. Les principales chaînes publiques et privées de télévision et de radio font appel à nos services, mais également les éditeurs de presse, les parlements ou les municipalités. Notre objectif est de profiter de notre forte implantation pour y développer les services broadcast.

En Allemagne nous sommes présents via MediaMobile qui assure l’info trafic sur le réseau DAB (Digital Audio Broadcasting) mais également auprès d’opérateurs importants tel que Deutsche Telekom.

L’Europe de l’Est est un axe de développement important, nous avons des bureaux à Varsovie en Pologne et y avons installé une régie de diffusion de chaînes de télévision. Ainsi les groupes audiovisuels américains avec lesquels nous travaillons pourront diffuser leurs chaînes européennes depuis Paris et Varsovie.

 

 

MK : Quelle est la situation sur le marché des services de régie de diffusion ?

J.S : Ce marché est stable et, en France, nous sommes leader avec 60 % de parts de marché. Nous avons d’excellentes relations de long terme avec des groupes comme Canal+, Lagardère, Fox, Viacom. Toutefois l’évolution du paysage audiovisuel suscite une certaine inquiétude avec l’arrivée de l’OTT qui menace l’économie de certaines chaînes thématiques. Nous devons donc accroître notre offre d’outsourcing pour faire bénéficier nos clients de la réduction de coûts liée à l’externalisation et à la mutualisation, avec des services de stockage non linéaire pour les chaînes mais aussi de maintenance technique, de supervision des infrastructures et de monitoring des plateformes. Nous avons déjà des équipes de maintenance chez Arte à Strasbourg, au sein du groupe France Télévisions et chez Fox à Paris.

 

 

MK : Vous l’évoquiez précédemment mais comment jugez-vous l’arrivée de nouveaux acteurs en France comme Netflix ?

J.S : L’arrivée des acteurs OTT oblige les diffuseurs traditionnels à accélérer dans le développement des nouvelles offres, notamment non linéaires et industrialiser leurs plateformes non linéaires. La diffusion sur les tablettes et les smartphones n’est plus « nice to have » mais devient « business critical », avec des exigences très fortes de qualité de service et de réactivité. Les acteurs traditionnels vont devoir également innover dans la production de contenus. Ces tendances fortes vont encourager l’outsourcing sur les métiers techniques auprès de leaders techniques comme Arkena, et du coup renforcer les liens avec nos clients qui souhaitent nous déléguer une partie de leur activité. Ces mutations sont également corollaires à une fragmentation des audiences. Nous avons des offres de diffusion multi-screen simples, efficaces et rapides à déployer. L’OTT complète également la TNT en apportant de l’interactivité sur le téléviseur connecté et là encore nous innovons, avec notre maison mère TDF, grâce au standard HbbTV qui permet de disposer de services complémentaires sur la TNT.

 

 

MK : D’autres développements ?

J.S : Aux États-Unis, nous avons une activité qui se développe de manière importante sur le marché de la distribution de contenus audiovisuels pour les compagnies aériennes (Inflight Entertainment). Les films à bord des avions représentent une fenêtre de diffusion importante entre la sortie en salle de cinéma et la VOD. Les studios américains sont à cheval sur la sécurité et confient à Arkena la livraison des films aux intégrateurs comme Thalès, Panasonic ou Rockwell.

Désormais, nous prolongeons nos services jusqu’aux compagnies aériennes pour leur fournir une plateforme sécurisée pour récupérer les contenus dans leurs hubs aéroportuaires et accélérer ainsi le process. 

 


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