Audio-Technica System 10 Camera Gadget ou alternative à la HF ?

En marge des systèmes de transmission HF audio traditionnels, Audio-Technica a choisi, pour son System 10, la bande des 2.4 GHz, une plage de fréquences certes située à l’écart de la TNT, mais ouverte à de nombreux usages comme la Wifi. Lancée en 2012 pour répondre principalement aux besoins des musiciens et petites installations fixes, la série System 10 s’est enrichie récemment d’un récepteur miniature particulièrement adapté aux utilisateurs de reflex numérique et de petites caméras. Essai en situation…
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Aux côtés du pionnier Line 6 et son XD-V75 qui s’adresse principalement aux guitaristes et aux petits groupes, mais aussi de Shure qui vise la même cible avec son système numérique GLX-D, Audio-Technica a choisi de s’établir dans la bande des 2,4 GHz. Avec le System 10, le constructeur japonais propose une solution capable de transmettre le son numérique en 24 bit@48 kHz à un tarif très abordable que l’on retrouve ici adaptée aux besoins des vidéastes.

La configuration testée comprend le récepteur caméra ATW-R 1700 combiné à l’émetteur ceinture ATW-1701. Baptisé ATW-1701/P, ce pack, livré avec le micro cravate omni ATR35cW, est proposé à 339,00 euros HT prix public. Nous lui adjoignons l’émetteur main ATW-1702, toujours utile pour les reportages type ENG en milieux bruyants…

 

Au déballage…

Dès l’ouverture du carton, l’omniprésence du plastique présent sur l’ensemble des produits nous rappelle que nous sommes bien en présence de produits d’entrée de gamme sans pour autant montrer une fragilité apparente. Après avoir vissé les deux antennes, et enfiché le berceau fourni, le récepteur se fixe facilement sur la glissière flash d’un caméscope ou d’un appareil photo. L’ensemble est léger pour un système diversity, juste un peu plus long qu’un petit Sennheiser série Evolution. D’un côté, on trouve une sortie casque avec une mini molette pour le réglage de niveau d’écoute et une prise pour la recharge de la batterie via USB. De l’autre, vient prendre place la sortie audio en minijack 3,5 mm à trois points, hélas sans verrouillage. Un curseur permet astucieusement de choisir soit le mode symétrique TRS, soit le mode Dual mono qui distribue le même signal sur les deux pistes. Cette position peut se montrer utile si l’on branche directement la sortie audio dans un reflex ou un caméscope dépourvu d’entrée XLR. Un autre curseur permet d’atténuer le niveau de sortie de 10 ou 20 dB de façon à rester compatible avec l’entrée micro des reflex numériques. Malheureusement, aucun adaptateur minijack-XLR n’est fourni pour une utilisation avec une mixette ou un caméscope doté de telles entrées. Accusant un peu plus de 10 cm de haut, l’émetteur ceinture n’est en revanche pas un modèle de compacité et aura sans doute du mal à se faire oublier dans une poche. C’est peut-être le prix à payer pour loger les deux émetteurs qu’il renferme ? Heureusement, la partie antenne rigide ne dépasse que de deux petits centimètres.

 

À la fois simple et déroutant

La mise en route du System 10 se montre plutôt surprenante, du moins pour un utilisateur ayant déjà une culture liée au son et à la HF. En effet, après allumage, aucun menu, pas d’options à aller chercher, ni de fréquence ou de canal à choisir. Les écrans bleus affichent juste un simple numéro qui clignote… Après consultation de la notice, il s’agit d’un identifiant permettant d’appairer émetteurs et récepteurs qui se trouvent préréglés en usine pour fonctionner immédiatement avec le récepteur. On ne peut plus simple ! Notons que jusqu’à huit émetteurs peuvent être appairés avec le même récepteur mais que ce dernier ne pourra en exploiter qu’un seul à la fois, comme sur un système HF « classique » d’ailleurs. Je suis en revanche moins fan du réglage du niveau audio qui, autant sur les émetteurs ceinture que main, est assuré par une antique vis que l’on ajuste avec le mini tournevis fourni. Pour visualiser le niveau, il faut se contenter d’un simple témoin de surcharge qui vire au rouge en cas de saturation sur le récepteur. Évidemment, la solution a le mérite d’être simple mais l’ensemble paraît plutôt imprécis et étonnamment rustique pour des appareils High-Tech du 21e siècle. Peut-être une concession du constructeur pour proposer un tarif aussi agressif ?

 

Autonomie confortable

Fonctionnant uniquement sur accu Li-Ion interne, le récepteur ATW-R 1700 se recharge via USB, une opération qui dure environ 4h30 avec le chargeur fourni. On peut aussi envisager la recharge en utilisant le port USB alimenté d’un ordinateur ou d’un caméscope doté d’un tel dispositif, ce qui peut constituer une solution de secours en tournage. Attention cependant, l’alimentation pendant l’enregistrement n’est pas envisageable car elle provoque un parasite sur la sortie audio. Heureusement, l’autonomie est confortable puisqu’on bénéficie de douze heures sur le récepteur et de plus de six heures sur les émetteurs main et ceinture qui fonctionnent, quant à eux, avec deux piles au format LR6.

 

Qualité audio convaincante

Pour tester la qualité et le rendu audio, nous enregistrons sur deux pistes d’un Pro Tools le même signal capté simultanément par un émetteur main ATW-1702 et un micro main filaire statique haut de gamme. Première constatation prévisible, la piste où se dessinent les formes d’onde du System 10 accuse un retard par rapport à la transmission filaire que nous évaluons à 170 échantillons, soit environs 3,5 ms. Un score honorable qui ne provoque aucune gêne en audiovisuel, sauf si on mélange le System 10 avec un système analogique… Après plusieurs comparaisons, je suis très agréablement surpris par la qualité de son, l’absence de souffle et la dynamique de l’ensemble. Sur les voix, ce micro dynamique à directivité cardioïde donne une légère brillance dans le haut du spectre et se montre relativement insensible aux plosives. Même s’il propose légèrement moins de bas medium que notre micro à fil de référence, pour le prix, il n’y a rien à redire et la qualité de transmission est bien mise en évidence. Les tests se poursuivent avec l’émetteur ceinture associé au micro Lavalier omnidirectionnel ATR35cW que nous comparons cette fois à des micros cravates HF de gamme bien supérieure. Le son riche et équilibré supporte la comparaison avec, là aussi, une légère brillance dans l’aigu qui facilitera le mixage des voix. C’est à nouveau une bonne surprise car en entrée de gamme, on trouve habituellement des capsules dont le son est plutôt nasillard. D’autre part, la grande pince façon Tram rend l’ATR35cW facile à placer sans occasionner de frottement. On pourrait juste lui reprocher un diamètre assez imposant provoquant, parfois, un certain manque de discrétion à l’image. Sans sortir le fer à souder, j’essaye alors l’AT 899C, un autre Lavalier situé plus haut dans la gamme Audio-Technica et doté d’une connectique 4 broches, donc parfaitement compatible. Le rendu audio est proche sauf qu’ici, le design miniature d’inspiration « Sankenienne » ravira les réalisateurs tatillons.

 

Et dans la vraie vie ?

Si le constructeur indique une portée pouvant atteindre jusqu’à 30 mètres en champ libre, qu’en est-il dans la « vraie vie », avec des cloisons, des murs, des escaliers, des souris bluetooth, et des liaisons Wifi ? Pour le savoir, nous avons donc testé sur plusieurs jours la stabilité de la liaison audio assurée par notre System 10 en intérieur comme en extérieur. Dans une maison comportant un étage avec un routeur Wifi en activité secondé par une borne Airport Express, des cloisons en placo et un plancher bois, la liaison reste satisfaisante sur une quinzaine de mètres au RDC comme à l’étage. En extérieur, dans une zone urbaine où mon Smartphone capte le signal Wifi d’une bonne dizaine de box, la portée atteint également entre dix et quinze mètres suivant les cas, soit largement de quoi réaliser une interview standard voire une petite déambulation. En revanche, au travers d’un épais mur en béton ou de brique, la portée (environ 7 mètres) chute plus rapidement qu’avec un système HF traditionnel non Diversity de même puissance.

 

Une alternative à considérer

Difficile donc d’établir des conclusions définitives sur la fiabilité de transmission, car il faudrait essayer l’ensemble sur une plus longue durée pour en connaître les limites, en exploitant plusieurs liaisons simultanées, sachant que jusqu’à huit liaisons peuvent coexister. Et dans le cas d’une banalisation de l’exploitation de tels systèmes, difficile également de prévoir combien de liaisons, éventuellement de marques différentes, pourraient cohabiter. En tout cas, à l’heure du bilan, le système n’a jamais été mis en défaut durant les essais. On retient également une qualité audio effectivement au rendez-vous grâce, bien sûr, à la technologie numérique qui supprime les artefacts du compandeur HF, mais aussi à la qualité des capsules fournies. Enfin, le System 10, grâce à une gestion des fréquences entièrement automatisée se montre particulièrement simple à mettre en œuvre et semble s’adresser en priorité aux vidéastes. Mais vu le prix et la qualité audio, pourquoi pas l’envisager comme un système de dépannage capable de prendre le relai d’un système HF conventionnel dans certaines situations où la TNT rend l’exploitation difficile en France, mais aussi à l’étranger ?

 

Triple Diversity et besoin de sécurisation

Sachant que la puissance d’émission du System 10 est de 10mW, soit l’équivalent d’un système HF d’entrée de gamme et que l’espace des 2,4 GHz, également appelé bande S, fait partie des bandes dites ISM (ouvertes aux applications Industrielles, Scientifiques et Médicales), il y a de quoi se montrer dubitatif sur la fiabilité d’une liaison audio dans cette zone. Bien sûr, on oublie ici les perturbations liées à la TNT et le prix des licences et autorisations nécessaires dans certains pays et peut-être bientôt en France, mais de nouveaux dangers apparaissent. En effet, comment gérer les perturbations engendrées par un grand nombre de dispositifs incluant fours à micro-ondes, radioamateurs, Wifi, objets Bluetooth en tout genre mais aussi transmissions vidéo pour l’industrie, le grand public, la vidéosurveillance ou encore les Webcams ? Pour sécuriser la transmission, le constructeur japonais a opté pour une communication en mode duplex où émetteurs et récepteurs communiquent et modulent en permanence sur deux canaux distincts. Après comparaison et sélection du meilleur niveau de réception radio (Space Diversity), de la qualité du signal numérique (Time Diversity), le système peut passer automatiquement d’une fréquence à l’autre sans coupure (Frequency Diversity), sans que l’utilisateur n’ait à se soucier d’un quelconque réglage.