RMC Sport évalue la remote production

La remote production est régulièrement testée en France, mais à l’occasion d’une rencontre de Pro B (deuxième division du championnat de basket national) c’est cette fois un véritable direct qui a été orchestré par AMP Visual TV pour une véritable diffusion en direct sur RMC Sport.
Depuis la régie de production du media center d’AMP Visual TV, Raphael Gaborieau réalise un match de basket diffusé sur RMC Sport. © DR

 

« Chez RMC Sport, nous aimons mettre en place de nouveaux worflows. Cela faisait un moment que nous souhaitions réaliser une vraie remote et pas uniquement un test. Avec les équipes d’AMP Visual TV (et celle de sa division digitale Letsee), nous avons choisi de le faire sur du basket », précise Luc Pannier, directeur des antennes et des productions des chaînes sports du groupe Altice.

Le dispositif de prise de vue est identique à celui d’un match traditionnel filmé habituellement à l’aide d’un car IXI Live. Sept caméras sont réparties autour du parquet. Cinq sont cadrées par des opérateurs (trois au bord du terrain, une en plan large et une en plan serré) tandis que deux paluches sont installées derrière les paniers.

« Sur la tête fluide du pied de la caméra plan large, nous avons placé un capteur qui, en fonction de l’orientation de la prise de vue, commute automatiquement la paluche du côté où se passe l’action. Mais ce qui est très intéressant dans notre dispositif, c’est que nous exploitons de la fibre Internet traditionnelle (à 300 Mb/s) pour remonter les sept sources vidéo et audio ainsi que l’ensemble des datas et non un onéreux réseau de fibre noire », insiste François Valadoux, directeur technique AMP Visual TV.

 

Une Vibox de Simplylive en régie

Sur le site du match, qui se déroule à l’Accor Hôtel Arena de Bercy, l’équipe est, pour l’occasion présente, plus réduite qu’à l’accoutumée : cinq cadreurs, quelques assistants, deux opérateurs au son…

Dans le media center d’AMP Visual TV, qui a quitté le XVe arrondissement de Paris pour rejoindre le centre névralgique des studios du groupe à la Plaine-Saint-Denis (non loin du futur village olympique), c’est l’équipe habituellement installée dans un car IXI Live et à proximité qui est aux manettes : un réalisateur, un opérateur ralenti, une scripte, un ingénieur de la vision, un ingénieur du son et une personne dédiée à l’infographie (de la société Tangodelta prestataire pour la Ligue professionnelle de basket). À noter que le commentateur et son consultant sont également en régie déportée. Seul reste sur le parquet un journaliste bord terrain en mesure de faire des plateaux et d’assurer les interviews.

« Pour moi rien ne change en étant à distance. Les ordres arrivent en temps réel (ainsi que les tally caméras pour les cadreurs). On m’avait prévenu avant le début du match qu’il y aurait peut-être un décalage d’une seconde à l’image entre l’action des caméras sur site et mon retour vidéo en régie, mais je n’ai remarqué qu’à peine un quart de seconde de différence. J’utilise, tout comme dans le car habituel, une Vibox 8 implantée cette fois dans la salle de remote production. Avec elle je peux même aller jusqu’à gérer moi-même les ralentis. J’ai tout de même tenu à me rendre dans la salle au préalable afin d’observer les positions des caméras et effectuer un briefing avec les opérateurs sur site. Si je n’avais pas eu l’opportunité de le faire, j’aurais simplement procédé par RDV Skype avec chacun d’entre eux », intervient Raphael Gaborieau, réalisateur de la rencontre Paris Basket vs Aix Maurienne (qui se tenait le dimanche 26 janvier).

 

Une économie le jour où…

 À regarder de près l’aspect budgétaire, pour le moment sur une production unique de ce type, le coût n’est finalement pas moins important que pour une réalisation sur site. L’intérêt économique interviendra lorsque la ligue professionnelle (ou n’importe quelle fédération) et le diffuseur du championnat seront parvenus à un accord modifiant quelque peu l’organisation du calendrier. En effet, l’économie d’échelle ne sera effective que lorsque l’équipe de réalisation enchaînera deux, voire trois matchs dans une même journée ou plus encore sur un même week-end. Cette étape arrivera assurément à court ou moyen terme dans bon nombre de disciplines tant la pression financière se fait forte dans le monde de la production sportive.

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #36, p. 24-25. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.