Pour tester la nouvelle caméra Canon C-100, nous sommes allés filmer quelques images en ce début de mois d’octobre, dans le Parc de Saint Cloud, sur la terrasse qui domine la Seine et les berges de Boulogne Billancourt. Le ciel était couvert et le soleil faisait des apparitions inopinées. Des conditions idéales pour tester la dynamique du capteur et voir si la caméra était tolérante ou non à ces écarts de contraste.
Quelques précisions
Nous avons pu bénéficier, exceptionnellement, d’une caméra de présérie, et nous tenons à remercier Canon France pour cette dérogation. Pour être totalement transparent, il nous a été proposé de faire une prise en main plutôt qu’un banc d’essai technique. Cela paraît logique et quoi qu’il en soit, le modèle que nous avons testé était déjà très abouti. A priori les évolutions se feront sur le firmware et non sur le design de la caméra, à quelques semaines de son lancement.
La prise en main
La caméra EOS C100 a un petit air de famille avec la XL1, sortie à la fin des années 90 et qui permettait de disposer d’un caméscope semi professionnel haut de gamme au format DV avec des optiques PHOTOS interchangeables. La comparaison s’arrête là, car la caméra EOS C-100 est un outil véritablement professionnel qui va intéresser une tranche d’utilisateur beaucoup plus large que la clientèle du XL1. Canon a mis dans cette caméra toute son expérience et son savoir-faire en termes de « chimie des images numériques ». Pour ceux déjà familiers avec la caméra C-300, elle est 15 % plus petite. L’un des points forts de la caméra est son traitement numérique de l’image. La C-100 reprend le même capteur que sa grande sœur la C-300. Un capteur CMOS de 8,3 millions de pixels Super 35 mm, avec une image active de 24,6 x 13,8 mm. Le capteur repose sur une technologie originale qui permet de délivrer un signal RVB composantes sans avoir besoin de débayeriser le signal vidéo.
La caméra est compacte, il est possible pour certains cas de figures extrêmes d’ôter la poignée de grip et la poignée de transport qui comprend les entrées audio. L’opérateur dispose alors d’un corps de caméra qui pourra être placé sur de la machinerie (grue, voiture, casque), ou servir pour des prises de vues extrêmes. La caméra possède une entrée Remote en prise ou un genlockqui pourra être connecté à une télécommande externe.
Les boutons de réglage sont facilement accessibles, et une fois compris comment sélectionner et régler une fonction, l’opérateur va vite trouver ses marques. Canon a fait le choix d’avoir certains réglages accessibles par « bouton » et d’autres via le menu. Toutes les fonctions opérationnelles liées au tournage se font par des boutons placés sur le côté gauche de la caméra, et les réglages (incrémenter ou descendre une valeur) se font par le bouton joystick présent sur la poignée. Ce mini joystick se pilote au doigt. Cela est très pratique quand on filme la caméra portée, ou placée sur un accessoire.
Même si la C-300 rencontre un succès important, le prix de la C100 va conquérir de nouveaux utilisateurs et c’est donc pour eux de nouvelles habitudes de tournage à prendre. L’EOS C100 n’est ni un caméscope, ni un appareil photo. C’est un produit hybride, qui associe le meilleur des deux mondes. En termes d’usage et de manipulation, la caméra se tient de la même manière qu’un appareil photo. Lorsque la caméra est équipée de ses accessoires, le poids est raisonnable, toutefois il faudra, pour des tournages uniquement à la main, recourir à un steadicam ou à un support d’épaule. L’ergonomie est proche du modèle C300. Dans la pratique on verra comment les opérateurs travaillent leur cadre œilleton ou écran. Il est sûr qu’ils ajouteront des accessoires d’écrans ou de loupe.
Custom Preset
L’EOS C100 dispose d’une fonction Custom Preset permettant de mémoriser des présets utilisateurs, ces préréglages sont disponibles dans une librairie de 9 fichiers possibles. Il existe des réglages pré chargés dont le mode Cinema et Wide DR. Le mode cinéma est en fait le Canon Log disponible sur la caméra C300, courbe logarithmique et permettant de retranscrire le maximum de dynamique. Cette fonction optionnelle sur bon nombre de caméras à grand capteur est la fournie de série. Un réglage particulièrement efficace lors de notre tournage extérieur mais qui nécessite un étalonnage pour être exploité. Le mode Wide DR est particulièrement intéressant car il permet de filmer dans des conditions de lumière extrêmes, sans être dans un mode logarithmique avec une dynamique de 800% qui donnera une gamme de couleur étendue sans avoir besoin de passer via une salle d’étalonnage.
Les réglages peuvent être stockées dans la caméra, et appelé via la fonction Custom Preset. En dehors des 3 réglages fournis en standard il reste 6 emplacements disponibles. Il est possible également de créer ses propres réglages, de les stocker sur une carte SD, de les copier. Cela permet d’étalonner une caméra, et de copier les réglages sur une ou plusieurs autres caméras. Utile pour du tournage multi caméra.
Le mode balance des blancs auto est parfait. La caméra analyse la température de couleur et trouve la balance la plus adaptée avec une bonne acuité et rapidité. Nous avons testé le mode balance des blancs automatique qui est ultra performant et qui utilise le processeur Canon DIGIC DV III.
Les réglages
Alors là, les plus exigeants ne seront pas déçus. Pour un modèle d’entrée de gamme, cette caméra bénéficie d’une multitude de fonctions qui sont toutes réglables manuellement.
Le réglage des paramètres se fait par le menu, ou par les fonctions avec changement de valeur et sélection par mini joystick situé au niveau du pouce sur la poignée. Très pratique car on peut peaufiner un réglage l’œil sur l’écran.
Pour les plus perfectionnistes, les réglages sont complets que ce soit pour les mesures de la lumière, (backlight, standard, spotlight), le réglage ISO (1 stop ou 1/3 stop). L’opérateur dispose en plus de nombreux indicateurs pour s’assurer de la qualité intrinsèque de l’image
Tout est fait pour aider les professionnels dans leur prise de vue, avec des alertes paramétrables. Ainsi on peut définir que le peaking ou le zebra est compris à partir de telle ou telle valeur.
- Peaking (2 peaking)
- Zebra (2 zebra avec paramétrages des niveaux)
- Waveform (oscilloscope et réglage de mise au point)
- Markers (Center, Horizontal Safety Zone, Aspect Ratio).
Très pratique, le bouton Status affiche sur une page, un résumé de l’ensemble des réglages. Revenons sur la fonction Waveform, qui outre la présence d’un oscilloscope, dispose d’une fonction pratique pour la mise au point. En enclenchant cette fonction, apparaît sur l’écran 3 carrés rouges placés horizontalement au centre de l’image, et en dessous 2 formes d’onde : une rouge et une verte. La netteté de l’image est analysée, dans chacun des trois carrés, et si par exemple l’image est floue dans un carré, l’onde rouge sera au plus bas. Cela permet de régler finement la mise au point quand l’opérateur veut par exemple un arrière plan flou et un premier plan net.
Il est possible de moduler les ISO (vieux souvenir argentique) de 320 à 20.000. Ce qui offre une grande latitude d’exposition et permet de moduler la luminosité en ajoutant un gris neutre via une molette rotative, de changer l’iris à la volée grâce à la molette accessible sur la poignée (au niveau de l’index).
Le son
Pour ceux qui habituellement travaillaient avec un DSLR le son a gagné en qualité tant sur sa gestion, que sur son traitement. Il y a 3 possibilités : soit se servir du microphone (disponible en interne vs la C300/C500) interne, soit connecter un microphone en mini jack, soit lorsqu’on utilise le grip poignée, pouvoir connecter 1 à 2 microphones en XLR. Sur le côté du grip sur la face opposée des entrées XLR se trouvent les deux potentiomètres, qui sont protégés par un volet en plastique, qui dissimule également les réglages micro/line, interne/externe et alimentation Phantom. La caméra permet d’enregistrer le son en Dolby Digital AC3 ou 16 bits à 48 KHz.
Vidéo
L’enregistrement se fait sur une carte SD (le caméra comprend 2 slots pour cartes SD). Attention il faut bien fermer le volet qui protège l’accès aux slots des cartes, sinon l’enregistrement ne peut pas commencer. L’enregistrement se fait avec le codec AVCHD, avec un débit maximum de 24 mbps en 4.2.0 en 1920 x1080. Il est possible de filmer en 50i, 25 psf, 60i ou 30 psf. La caméra que nous avons testé ne gère par les 24 p pour cause de norme AVCHD 1. Il se peut toutefois que cela évolue dans le temps). Le capteur est très sensible et supporte des écarts de dynamiques très importants.
Sortie HDMI
La caméra dispose d’une sortie HDMI, il s’agit d’une prise HDMI au format standard (pas mini HDMI). Une vis est présente sur le côté de la prise, ce qui permet de mettre une connectique HDMI sécurisée, verrouillable. La prise HDMI peut servir à connecter un moniteur externe, qui sera fort utile dans de nombreux cas de figures (en configuration plateau notamment). Il est également envisageable d’associer un enregistreur externe à la caméra. Le flux vidéo est le même que celui de la C300, du 4.2.2 en 8 bits. Une solution pour les plus exigeants qui ne veulent pas de la compression AVCHD.
Écrans
L’écran LCD de 3,5″ est paramétrable très finement, il est conseillé de pousser le backlight en extérieur et le brightness. L’écran de contrôle de la caméra C100 n’est pas toujours simple à utiliser et interdit toute tentative de prise sur l’épaule de la caméra. Il est articulé, mais empêche certains débattements. Le viseur n’est pas non plus vraiment utilisable car en haute lumière il sature rapidement et son placement très proche du corps de la caméra est peu aisé. Ce serait une bonne idée de pouvoir passer que le viseur en noir et blanc et garder l’écran en couleur (possible Stephan). Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Le passage en mode N&B affecte les 2 afficheurs. Il sera donc conseiller d’ajouter un moniteur externe, et de le connecter via le HDMI.
Un choix d’optiques
Toutes les optiques Canon EF sont compatibles avec la caméra EOS C-100, soit une soixantaine de possibilités ! Quand de nouvelles optiques apparaitront, le firmware de la caméra sera corrigé en fonction de ces nouveautés afin de corriger les aberrations possibles. Lorsqu’on utilise des optiques EF et EFS, on bénéficie de l’aide à la mise au point avec le Push Auto. Une aide qui pourra aller encore plus loin prochainement. En effet cet été, lors de la sortie de l’EOS 650D, une nouvelle famille d’optiques baptisées STM, sont apparues sur le marché. Elles possèdent une nouvelle motorisation, qui va permettre notamment de disposer d’un autofocus en continu. Ces optiques s’adaptent bien évidemment sur l’EOS C-100. Pour le moment 3 optiques sont disponibles : un zoom 18/135, un 24 mm et un 40 mm. Actuellement, ce sont des optiques bon marché, mais rien n’empêche une montée en gamme.
Conclusion
L’EOS C-100 est une caméra qui ne va pas laisser insensible. Elle nécessite de nouvelles approches dans le tournage, séduira les opérateurs exigeants en termes d’image. Ce qui est vraiment le plus séduisant est la gestion ultra précise des hautes et basses lumières. On peut pousser la caméra dans ses derniers retranchements, il en sort toujours une image de qualité, sans bruit ou surexposition. Car même si l’image paraît brulée il y a toujours de la matière lors de l’ étalonnage.
Quelques caractéristiques
Capteur Super 35 mm CMOS Full HD de 8,3 Mpixels
AVCH 24 Mbps sur cartes SD (2 cartes)
Canon Log Gamma
Quelques chiffres
Sur les marchés des caméras grands capteurs à plus de 10 000 euros vendus en Europe en 2012, plus de 90% sont des Canon EOS C-300. Un très beau succès.
Remerciements
Nous tenons à remercier Stéphane Dery, Directeur de la division Pro Imaging de Canon France et Vincent Héligon, responsable réseau de distribution broadcast et vidéo professionnelle de Canon France
Merci également à notre modèle Aline Hamou.