Festival de Cannes – Ministère de la culture & CNC: demandez le programme !

Samedi 11 Mai, le CNC avait convié la communauté professionnelle du Cinéma français pour un point d’étape sur la santé et les enjeux d’une industrie culturelle quelque peu mise à rude épreuve ces derniers temps… A cette occasion, Françoise Nyssen, Ministre de la Culture a pris la parole, aux côtés de la Présidente du CNC Frédérique Bredin, pour exprimer son soutien à la communauté mais également affirmer son positionnement et sa fermeté vis-à-vis des problématiques égalité homme/femme, du soutien à la création, des plateformes numériques, de la chronologie des media et du piratage…
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Avant que la ministre ne commence son discours, Frédérique Bredin lui a rendu hommage pour le travail récemment déployé au sujet de la révision de la Directive  Services de Media Audiovisuels…  « L’acceptation de la révision de la directive SMA par l’Union européenne en Avril dernier représente une avancée historique qui est un succès collectif mais aussi le vôtre », a souligné la présidente du CNC.

Cette nouvelle directive obligera notamment les plateformes de vidéo à la demande mais aussi pour les télévisions linéaires à contribuer à la création, selon les règles en vigueur du territoire européen ciblé par leur offre et non pas celles du territoire dans lequel ils sont installés ; ils devront aussi faire figurer le taux de 30% d’œuvres européennes dans leurs catalogues…

 

 

Le grand défi de l’égalité homme/femme 

 

« Je suis heureuse d’être là pour célébrer une certaine idée du cinéma. Les 33 pays cette année dans la compétition du Festival reflètent l’idée que la France demeure une terre d’accueil », a souligné la ministre en ouverture de son discours. Elle a ensuite exprimé son adhésion au cinéma engagé en particulier « Celui qui montre l’égalité hommes / femmes » pour laquelle elle travaille à des mesures concrètes…

« Les femmes, a rappelé Françoise Nyssen, restent moins représentées dans de nombreux métiers, moins rémunérées, et moins soutenues par les producteurs que les hommes … Elles sont moins visibles, moins récompensées : les sélections des festivals sont le reflet de ces inégalités. ». Apparaissant comme un moment privilégié de mobilisation, le Festival a d’ailleurs décliné une série de manifestations, comme la montée des marches par 82 femmes engagées à laquelle elle, et Frédérique Bredin ont participées, et qui s’est déroulée samedi soir, la conférence internationale sur l’égalité femmes-hommes, qui a rassemblé des professionnels du monde entier ce dimanche, ou encore la Table ronde : 50 50 pour 2020 sur la parité et la diversité femmes-hommes ce lundi.

 

Dans son plan d’action, Françoise Nyssen a prévu d’organiser des « Assises de l’égalité femmes-hommes dans le cinéma », au mois de juin, avec tous les représentants du secteur. Elle souhaite qu’une Charte de l’égalité soit élaborée pour le secteur, et que l’adhésion à cette Charte devienne une condition d’attribution des aides du CNC. Cette charte abordera notamment la question de l’égalité des rémunérations. Françoise Nyssen souhaite aussi créer un fonds de dotation, qui réunira le concours de l’État et de mécènes privés, pour aider de jeunes réalisatrices à développer et à produire leurs films. Ce fonds sera ouvert aux réalisatrices du monde entier.

 

 

 

 

 

Le combat du soutien à la création

 

« Notre pays s’est doté d’un modèle de financement que le monde entier nous envie, c’est notre chance et notre responsabilité de préserver cet écosystème avec les dispositifs vertueux que représentent l’avance sur recette – dont 12 films français ici en compétition bénéficient – et le crédit d’impôt qui a contribué à générer 15000 emplois et 600 millions d’activité », a commenté la ministre. 

Le aides du CNC, dont près de la moitié sont des aides sélectives permettent en effet à la France d’être « le » pays du cinéma d’auteur, et une terre d’accueil des cinéastes du monde entier tandis que les réformes successives du crédit d’impôt ont permis à la France de préserver la vitalité de son industrie.

« La création  doit rester au cœur du processus », a précisé la ministre qui a souligné l’importance de l’écosystème du soutien des diffuseurs aux créateurs et a évoqué la mise en place d’une mission d’étude en vue de proposer de nouveau mécanismes au service de la création indépendante 

 

 

 

 

Le grand défi de l’adaptation du modèle de financement au numérique 

 

Rappelant qu’une partie de la bataille avait été livrée avec succès dans le cadre de l’acceptation par l’Europe de la révision de la directive SMA. Madame Nyssen a souligné que le positionnement de Netflix allait plutôt dans le bon sens puisque Reed Hastings, PDG de Netflix, récemment présent sur Series Mania, s’est engagé « à respecter nos règles, à payer la taxe et à se conformer aux obligations du CNC ». Elle a souligné, en conséquence, que l’heure n’était plus à la confrontation et que les plateformes de streaming vidéo avaient leur place dans notre écosystème audiovisuel dans la mesure où  elle se conforment à nos règles sur le droit d’auteur, la production, la diffusion des films en salles.

 

 

 

Le défi de la réforme de la chronologie des media

 

« La chronologie des médias, elle n’est plus adaptée.  J’avais engagé une médiation il y a quelques mois, pour faire aboutir les discussions qui sont bloquées depuis des années.  Les discussions n’aboutissant pas, je vais reprendre la main ! » a-t-elle déclaré avec fermeté !  La ministre prendra en effet ses responsabilités  si un accord n’est pas trouvé entre les différents acteurs…

Pour elle, la réforme doit atteindre deux objectifs : améliorer l’accessibilité des œuvres, en prenant la juste mesure des attentes et des usages des spectateurs et garantir le périmètre de financement pour les créateurs, en favorisant dans la chronologie les diffuseurs qui sont le plus engagés et les plus vertueux à l’égard du cinéma et de sa diversité.

 

 

 

Le défi du piratage 

 

Adapter la régulation actuelle, c’est aussi prendre de nouvelles mesures pour lutter contre le piratage… L’essentiel de notre arsenal porte aujourd’hui sur le téléchargement pair à pair, alors que le piratage se fait désormais dans 80% des cas en streaming ou en téléchargement direct. « Nous devons agir sur toutes les formes de piratage en faisant évoluer le mécanisme de riposte graduée et en plaçant la priorité sur la lutte contre les sites pirates, de façon à les assécher de toute ressource et les faire disparaître », affirme Françoise Nyssen. La ministre souhaite que des « listes noires » soient établies par la HADOPI, pour permettre aux annonceurs, aux services de paiement ou aux moteurs de recherche de connaître les sites illicites et de cesser toutes relations avec eux ; Il faudra aussi se donner les moyens de bloquer ou déréférencer les sites, et tous les sites miroirs qui se créent après la fermeture du site principal. Ce pouvoir pourrait être confié à la HADOPI, en lien avec le juge, pour répondre à la double exigence d’une suppression rapide et durable des sites pirates. Les grandes lignes du plan de lutte contre le piratage figureront dans la prochaine loi audiovisuelle.