Canon EOS 1D C, bientôt sur vos écrans

À la différence de la ligne de produit EOS C300 et EOS C500, qui ont apporté un design vraiment nouveau, l'appareil photo EOS-1D C est une évolution du modèle Canon EOS 1DX. Il a été repensé pour la prise de vue cinématographique, et se voit donc doté de la signature C.
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L’appareil photo réunit les deux mondes. Celui de la photographie et celui de la cinématographie. En résumé, la fée « Hollywood » s’est penchée sur son berceau et lui permet d’enregistrer des séquences vidéo jusqu’en 4K (4096 x 2160).

 

Les conditions du test

 

Nous avons pu tester le EOS-1D C durant quelques jours, début mars. L’appareil photo était complété par trois optiques, EF 24 mm f/1.4 L IS USM, EF 24-70 mm f/2.8 L IS II USM et EF 500 mm f/4.0 L IS USM. Les conditions de luminosité n’étaient pas réellement optimales avec un ciel bouché, nuageux et une visibilité moyenne sur les lointains. L’appareil n’était pas accessoirisé, nous avons juste utilisé un monopode pour le 500 mm. Pour être franc, nous n’avons pas pu tester toutes les possibilités de l’appareil comme ce serait le cas sur un véritable tournage. Il s’agit d’une première prise en main mais nous avons été très agréablement surpris par les qualités intrinsèques de l’appareil. Il y a de la puissance sous le capot et l’appareil s’avère sans doute plus simple à utiliser et à postproduire que son ainée la caméra EOS C-500.

 

Il y a fort à parier que le cinéma indépendant sera tenté par ce modèle EOS-1D C. Le boitier est compact et peut donc trouver toute son expression dans de la prise de vues en mouvement. Des dizaines d’accessoires développés pour les DSLR pourront être utilisés. Les producteurs et réalisateurs de programmes de télévision (fiction, documentaires voire reportages en mode HD) seront séduits par la compacité. Il peut se fixer partout (grue, bras, tête), prendre place dans des environnements exigus, servir de seconde caméra, s’insérer dans une voiture pour des cascades (en le protégeant car le boitier coûte quand même cher). Le déclenchement de l’appareil photo peut se faire à distance via l’application Canon Eos Utility et le transmetteur sans fil WFT (Wireless File Transmitter). Toutefois, le Canon EOS-1D C, comme tous les modèles de ce genre, nécessite une véritable prise en main avant de partir en tournage. Ce n’est pas intuitif comme une caméra vidéo, et il faut quelques heures pour appréhender l’appareil au risque de ramener des images inexploitables. Le mode « tout automatique » n’existe pas.

 

Nous n’aborderons pas la prise de vue photographique de l’EOS-1DC, en nous concentrant sur le mode vidéo et 4K. Les fonctions vidéo incluent l’enregistrement vidéo Full HD (1080p) à diverses cadences jusqu’à 50 ou 60 im./s. Cela permet notamment de pouvoir faire du ralenti. L’appareil dispose d’un contrôle personnalisé de l’exposition, de l’audio et de la compression, ainsi qu’une option de recadrage Super 35 mm. La fonction Log Gamma de Canon assure une qualité d’image neutre sur une large plage dynamique : Canon annonce 800 %, ce qui donne pas mal de liberté en postproduction. D’ailleurs, lors du test, nous avons sous exposé l’image, et sur la station de montage nous avons pu retrouver du détail. Les plus exigeants pourront utiliser la sortie HDMI (sans compression) qui permet l’enregistrement vidéo dans une résolution de 1920 × 1080 au format 8 bits 4.2.2. Les fichiers pourront être enregistrés sur des enregistreurs externes pour répondre aux exigences des différents flux de travail.

 

L’EOS -1DC est une bête de course

 

Le capteur CMOS plein format de 18,1 MP de Canon offre des performances exceptionnelles, présente un niveau de bruit extrêmement faible et produit des images haute résolution, même dans les conditions d’éclairage les plus sombres. Le grand capteur permet de sculpter l’image en jouant sur la profondeur de champ. Il permet par ailleurs d’obtenir des résultats optimaux à l’aide d’objectifs grand angle et de bénéficier d’un plus grand contrôle sur la profondeur de champ. Le double processeur « DIGIC 5+ » dernière génération de Canon offre le traitement d’image le plus rapide et le plus avancé à ce jour pour la meilleure qualité d’image de sa catégorie.

 

Les vidéos sont enregistrées sur des cartes CF à 24 im./s (23.976 im./s) au format M-JPEG (8 bits 4.2.2) ou au format 4K, 4096 × 2160 (4K). Le Canon EOS pourra être utilisé pour des projets nécessitant une qualité d’image et pour des projets cinématographiques de fiction pouvant être projetés sur grand écran. Pour le moment le 4K est bridé à 24 im./s, mais il se pourrait que Canon fasse évoluer vers du 25 im./s.

Pour filmer en 4K, il faut des cartes compact flash UDMA7, avec des débits minimum de 100 Mo/s. L’enregistrement du 4K se fait en Motion Jpeg. Pour les autres qualités d’image, le choix de la carte dépendra du codec. En Mpeg-4 AVC H264 IPB, la carte pourra être standard, au moins supérieure à 20 Mo/s. En Mpeg-4 AVC H264 ALL-I, pour du 1920 il faudra une carte avec un débit minimum de 60 Mo/s.

En IPB, plusieurs images à la fois sont compressées. En ALL-I, une image à la fois est compressée. Ce format est mieux adapté au montage.

 

Grâce à la plage ISO incroyablement étendue, de 100 à 25 600 ISO pour les vidéos, et de 100 à 51 200 ISO pour les photos, extensible jusqu’à 204 800 ISO, les prises de vues ne sont plus interrompues, même dans des conditions d’éclairage très changeantes. L’appareil est assez étonnant en basse lumière : même avec des plages élevées, l’image apparaît peu bruitée. Du bruit qui pourra, qui plus est, être supprimé en postproduction.

 

Pour ceux qui veulent créer des effets il est possible, grâce à la prise de vue continue à 12 im./s (14 im./s avec le mode de prise de vue ultra-haute vitesse), de réaliser des rafales continues de 180 images au format JPEG large (38 images RAW). Doté de 41 capteurs haute sensibilité de type croisé, le système AF haute précision à 61 collimateurs assure une mise au point rapide et précise des sujets en mouvement, quelles que soient les conditions d’éclairage, précision renforcée par les 5 collimateurs centraux de type double croisé.

Un grand choix d’optiques EF sera disponible pour le Canon EOS 1D C, l’appareil étant bien entendu compatible avec la gamme complète d’objectifs Canon EF, y compris les objectifs Cinéma EF. Les objectifs Cinéma EF à focale fixe permettent de filmer avec toutes les qualités de réglage de qualité d’enregistrement vidéo. Dans le cas d’une utilisation de zoom Cinéma EF, vous ne pourrez filmer des vidéos qu’avec le réglage S35. Si vous filmez en 4K, 1920, 1280, 640 ou prenez une photo, le contour de l’image sera sombre.

 

Contrôler ses images et le son

 

Nous n’étions pas gênés par la luminosité ambiante, l’écran LCD s’en sort bien même dans des conditions plein jour. L’écran LCD Clear View II de 3,2 pouces est doté d’une résolution élevée de 1 040 000 points, et la structure en verre renforcée antireflets et extrêmement durable élimine les reflets, même en plein soleil. Ceux qui veulent un écran plus grand pourront connecter un moniteur de type Transvideo sur la sortie HDMI. On peut brancher un moniteur et continuer d’enregistreur sur un DDR externe.

Soyons réaliste, l’audio reste le parent pauvre du Canon EOS-1D C. Certes il y a une prise casque, et il est possible de régler les niveaux de volume manuellement. Toutefois cela reste un boitier photo, et il faut se contenter d’une entrée mini jack. L’appareil photo est doté d’un microphone interne mono qui prend surtout les bruits de l’appareil ! Le réglage audio se fait via la molette principale.

 

En conclusion

Le Canon EOS 1D-C est un appareil qui trouvera sa place sur de nombreux projets. Caméra principale avec des capacités 4K et un choix étendu d’optiques, seconde caméra pour des plans de coupes et des plans spéciaux. L’appareil a gommé de nombreux problèmes des séries DSLR, fait un bond qualitatif en termes de colorimétrie, de sensibilité. Il existe encore du rolling shutter, mais on ne peut pas tout demander à ce type de produit.

 

Quelques infos en plus

– L’appareil ne peut pas faire une mise au point en continu comme un caméscope.

– Si le Gamma Canon Log est réglé, l’autofocus n’est pas possible.

– Si l’autofocus est enclenché pendant l’enregistrement, la mise au point peut devenir floue pendant quelques secondes et l’exposition sera modifiée.

– L’ouverture des objectifs Cinéma EF est uniquement manuelle.

– La fonction Simulation de l’image finale est une fonction permettant de visualiser les effets du style d’image, de la balance des blancs, exposition, profondeur de champ, correction du vignetage, aberration chromatique, hautes lumières…

 

– En 4K (4096 x 2160) : l’image au centre du capteur d’image est enregistrée dans la résolution 4K. L’angle de champ réel est d’environ 1,3 fois la focale de l’objectif.

– Mode S35 / 1920 x 1080 : L’image au centre du capteur d’image est enregistrée avec une taille équivalent à un film Super 35 mm en résolution Full HD (recadrage Super 35 mm). Le ratio d’aspect est de 16 :9. L’angle de champ réel est d’environ 1,6 fois la focale de l’objectif.

– Mode 1920 : Qualité d’enregistrement Full HD, le ratio d’aspect est de 16 :9.

 

Pour enrichir cette expérience autour de l’appareil EOS D1 C nous avons posé quelques questions à deux experts pour avoir leur feedback, et premiers retours.

 

Sebastien Devaud, qui travaille avec les caméras et les appareils photo Canon depuis de nombreuses années, avait eu entre les mains le premier prototype EOS 1D-C. Dans quelques semaines il pourra utiliser un modèle de série pour un premier projet de court-métrage.

Mediakwest : Quelles utilisations imaginez-vous pour le boîtier ?

 

Sébastien Devaud : La première et majeure utilisation que j’imagine pour l’EOS 1DC, sans vouloir reprendre l’excellente démonstration de Larry Thorpe (Senior director, Canon USA), est celle de la parfaite camera B. En commençant par la gamme EOS Cinema où ce boîtier aux dimensions très compactes (il garde l’ergonomie de la gamme de reflex professionnel 1D) se place parfaitement entre les 2 caméras EOS C300 & C500. Associé à l’une ou l’autre de ces caméras, il trouvera toujours sa place dans le découpage d’un film.

Au même titre que la C500, il gère le 4K comme le Full HD et peut être associé à l’ensemble des gammes optiques EF. Ces avantages lui confèrent d’ores et déjà la possibilité d’être associé à n’importe quel type de production, qu’elles soient cinématographiques, publicitaires ou corporate. La caméra B sur une production c’est souvent celle qui n’intervient que partiellement et pour des plans très spécifiques mais qui font également souvent la différence sur le montage final !

 

Mediakwest : Quelles sont, à votre avis, les limites de l’appareil ?

 

Sébastien Devaud : Au regard du positionnement actuel de caméra B idéale que je lui ai attribué, je n’ai pas encore rencontré de limites mais j’attends la finalisation d’une production complète pour en reparler…

Toutefois, de mon point de vue et au même titre que le 5DMKII, le 1D-C reste un boîtier photo doté de fonctions vidéo sans équivalences. J’ai retrouvé le confort, la sérénité et la sécurité avec la sortie des nouvelles caméras modulaires mais la révolution n’était pas fortuite car, sur l’ensemble des productions, la présence d’un boîtier ultra compact est devenue essentiellle pour aller chercher ce qui n’est pas envisageable avec une caméra même modulaire. Je pense notamment aux techniques photos dédiées à la vidéo telles que le timelapse (photos intervalle) ou aux diverses et variées cameras embarquées qui font clairement partie de la grammaire narrative actuelle.

 

Mediakwest : Pensez-vous que cela puisse intéresser le cinéma indépendant ?

 

Sébastien Devaud : Je pense que cela va intéresser non seulement le cinéma indépendant mais aussi le cinéma à gros budget. En effet c’est vraiment le remplaçant (version cinéma) de cette révolution 5DMKII qui, bien que pionnier, n’est pas du tout adapté à ce type de production.

Avec cette possibilité de tourner en 4K, cette place en or de caméra B ultra compacte parfaite pour les caméras embarquées, ce prix raisonnable pour les capacités du boîtier, je pressens un sublime avenir pour cet EOS 1DC, à la limite d’une seconde révolution…!! Les premiers retours que j’ai eus des professionnels qui m’entourent sont d’ailleurs déjà ultra élogieux.

 

Thierry Pouffary est stéréographe, premier assistant OPV cinéma, et DIT. Il connaît donc toutes les problématiques des nouvelles caméras numériques et leurs workflows associés. Thierry a, ces derniers mois, testé de nombreuses caméras. Il a pu tester le Canon EOS 1DC et son retour est plutôt positif.

Mediakwest : Vous avez testé le Canon 1D-C lors d’une prise de vue grandeur nature, pourquoi avoir testé toutes ces caméras ?

Thierry Pouffary : Après Astérix & Obélix au service de sa majesté, qui m’a pris énormément de temps, je voulais faire autre chose. J’ai eu envie de tester les nouvelles caméras et d’aller jusqu’au bout de la démarche en postproduisant les images. J’ai proposé à Disney de réaliser ce test, et ils ont soutenu ma démarche. Nous avions donc 6 caméras à notre disposition et nous avons filmé la parade Disney de nuit. L’EOS Canon a surpris tout le monde avec un rendu étonnant. J’ai également filmé avec des attractions très sombres comme le manoir hanté. J’ai filmé en 50 im./s en 6400 ISO, et la qualité d’image, au vu du faible éclairage, est très bonne. Il y a un peu de bruit mais c’est tout à fait corrigeable.

 

J’ai également pu tester le EOS 1D-C sur la nouvelle production de Yann Arthus Bertrand, Human Kind. Nous avons fait des tests en C-500, Red et EOS-1D C. Pour ce type de projets, qui se déroulent dans de nombreux pays à travers le monde, il faut aller vite. Yann Arthus Bertrand, qui est photographe, apprécie particulièrement l’ergonomie de l’appareil photo, et surtout le fait que l’on puisse facilement utiliser toutes les optiques disponibles. Nous avons ainsi testé du ralenti avec de très longues focales comme du 800 mm en mode S35. Le résultat est très convaincant car nous sommes totalement immergés dans l’image. Il faut ensuite choisir le meilleur compromis entre la vitesse de ralenti et la qualité. En RED, si tu tournes à 96 im./s en 4K tu as un ratio de compression de 12, comparé au 4K Full HD à 60 im./s de l’EOS.

 

Mediakwest : Quel est votre avis sur l’image finale de l’EOS 1D C ?

Thierry Pouffary :En fait certains postproducteurs étaient dubitatifs sur la qualité d’image et ils ont tous été séduits car le rendu colorimétrique est très intéressant. Les images en 4K permettent d’avoir un look différent de la vidéo. Il faut paramétrer le log sans trop pousser le détail au risque d’avoir du contour sur les images.
Je suis également en train de tester le zoom direct dans l’image et jusqu’à 60 % de zoom, on garde une qualité parfaite sur une image native 4K. Cela ouvre des opportunités intéressantes de facilité de travail. On peut filmer en 4K et travailler sur son cadre en postproduction. En conclusion, l’EOS 1D C est un outil très intéressant, versatile, polyvalent, et on peut faire un export 4K Pro Res pour simplifier la postprod.