Les objectifs Cooke, au Royaume-Uni de la Douceur

S’il est des objectifs qui revendiquent leur rendu, ce sont bien les optiques Cooke. En quoi consiste «The Cooke look » ? C’est une image chaude et douce, ainsi que la firme la définit elle-même.
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L’histoire de la compagnie commence en 1893, en Angleterre. H Dennis Taylor, directeur du département optique de T Cooke and Soons of York (entreprise qui fabrique des télescopes astronomiques), invente le Triplet. Un assemblage de trois lentilles, qui était une façon simple et élégante de résoudre les problèmes des opticiens de l’époque. Cet assemblage perdure encore aujourd’hui sur les appareils photos de nos téléphones portables. Cette invention change définitivement la destination de l’entreprise qui se tourne vers le développement et la fabrication d’objectifs photos. L’histoire de Cooke est émaillée de faits d’armes comme l’expédition Antarctique de Shakleton en 1914 ou l’équipement des avions de la Royale Navy pendant la Première Guerre mondiale.

Forte de son expérience, l’entreprise développe régulièrement de nouvelles gammes d’objectifs comme le Cooke Soft Focus destiné au portrait en 1913 ou le Cooke speed Panchro en 1921. En effet, le cinéma a déjà besoin d’objectifs lumineux pour utiliser de moins grosses sources d’éclairage. Ces objectifs ouvraient à T2.

Comme on n’arrête pas le progrès, en 1930, en collaboration avec Bell&Howell, Cooke met au point le premier zoom non télescopique complexe, le Cooke Varo 40/120mm. Il est loin de ressembler à nos zooms actuels. Entre les années 30 et les années 50, presque toutes les caméras de cinéma 35mm à Hollywood étaient équipées d’objectifs Cooke : les Cooke Panchro, les Speed Panchro ou les Super Speed Panchro. Néanmoins, Cooke équipe aussi les caméras amateur 8mm et 16mm Bell&Howell. À la fin des années 50, sort une nouvelle série d’optiques pour le 16mm professionnel, les Cooke Kinetal. Ce format avait alors le vent en poupe du fait de son coût moins élevé.

1971 voit l’avènement du célèbre zoom 20/100mm T3.1 qui sera produit jusque dans les années 80. C’est l’ainé d’une grande famille qui n’aura de cesse de s’agrandir jusque dans les années 90. Elle comprend, en 35mm le 25/250mm T2.8, le 20/60mm T3.1, le 25/250 mm Mark II T3.9, le 14/70mm T3.1, le 18/100mm T3, le 25/250 Mark III T3.7. Mais le 16mm et le S16mm ne sont pas oubliés avec le 9/50mm, le 10,4/52mm, le 10/30mmT1.6.

En 1990, l’entreprise renoue avec ses premières amours : les focales fixes. C’est le début du développement de la série Cooke S4 T2 qui sera commercialisée en 1998. Avec ces objectifs, Cooke reçoit une pluie de récompenses dans le monde du cinéma.

Encouragés par ces reconnaissances, les ingénieurs opticiens mettent au point les Cooke S5 T1.4 qui sortiront en 2009. Avec ces objectifs, Cooke innove encore avec le système /i qui consiste en des contacteurs placés sur la monture de l’optique et sur celle de la caméra. Ces contacteurs transmettent en temps réel toutes les informations de l’objectif (focale, mise au point, ouverture de diaphragme, profondeur de champ) sur un écran fixé sur la caméra. Ainsi, l’assistant opérateur peut suivre le déplacement de l’acteur sans détourner la tête vers sa bague de point. Par ailleurs, toutes ces données peuvent être enregistrées dans les métadatas de la caméra et suivre les images jusqu’à la postproduction. Canon et Zeiss ont rejoint dernièrement la firme anglaise pour l’application de cette technologie.

Récemment, l’entreprise a sorti une série d’objectifs anamorphiques T2.3 offrant les mêmes caractéristiques optiques que ses petites sœurs sphériques. De ce fait, toutes les séries du fabricant peuvent se marier entre elles. Tout comme elles se marient avec les zooms Angénieux. En effet, les deux opticiens développent leurs produits en parallèle.

 

Couronnement pour la firme Britannique, en 2013, Cooke a reçu un Oscar technique.

Et le secret de cette douceur me direz-vous ? Jonathan Maxwell, opticien concepteur, nous dit tout : « Les procédures de conception et les techniques d’ajustement développées par la compagnie ont conduit à une réputation cinématographique enviable pour ce qui est connu comme le « look Cooke ». Ce « look » vénéré est une profondeur des couleurs bien disposée dans les images, combinée avec une coïncidence ajustée entre l’image la plus définie et la mise au point chromatique optimum ». Laissons le mot de la fin au célèbre directeur photo Greig Faser ACS : « Je suis amoureux des Cooke depuis longtemps. Les optiques sont très importantes pour moi et je suis sidéré par la qualité et la technique nécessaires pour fabriquer chaque objectif. Le regard sur n’importe quelle histoire est primordial et Cooke donne un côté très honnête et humain aux images, particulièrement en cinéma numérique. Mais ils sont aussi suffisamment robustes pour que je puisse les emporter dans des conditions extrêmes. »