Le secteur des industries techniques, qui représentait près d’1,1 milliard de CA en 2018 et emploie à lui seul plus de 16 000 intermittents et 7000 permanents, est structurellement fragile. Avec un chiffre d’affaires en baisse depuis 2010, il a perdu 4% de son budget en 2018 (pression concurrentielle accrue, baisse des financements…).
Les entreprises de ce secteur sont en état de dépendance économique vis-à-vis de leurs donneurs d’ordre producteurs. C’est aussi un secteur qui se doit en permanence d’innover en matière technologique et donc d’investir pour être toujours au niveau de l’état de l’art réclamé par les réalisateurs comme les diffuseurs. La fragilité du secteur est connue de tous et il ne se relèverait pas d’un sinistre généralisé.
La crise sanitaire actuelle a déjà commencé a provoquer des dommages collatéraux considérables pour nos entreprises et nos salariés permanents et intermittents. L’annulation et le report des tournages va entraîner un manque à gagner immédiat qui aura à son tour un impact sur des activités de post production son et image déjà fragiles, mais aussi sur l’industrie des effets visuels tant pour la publicité que les films. Des tournages étrangers, prévus grâce à l’attractivité de nos crédits d’impôts, sont déjà retardés ou annulés.
Il en est de même avec le secteur du flux, qui va être lourdement touché à la fois par l’arrêt des retransmissions sportives et des événements publics, comme des émissions en public.
Bien sûr des reports seront mis en œuvre pour certains types de programmes, mais ces derniers risquent de créer de réels problèmes de capacité dès le mois d’août/septembre (trop de prestations dans un temps trop restreint).
Les premières mesures positives annoncées pour la filière comme la mobilisation par anticipation du fonds de soutien, ou bien le paiement accéléré d’aides ne concernent pas le secteur des industries techniques. En effet, la particularité de notre secteur au sein du cinéma et de l’audiovisuel est qu’il ne bénéficie pas de compte de soutien.
Face à ce péril et au regard de sa gravité et de ses conséquences, l’ensemble de nos entreprises se sont mobilisées et demandent qu’un signal fort soit envoyé dès maintenant par les Pouvoirs publics par l’intermédiaire de la mise en place immédiate d’un fonds pour les industries techniques du cinéma et de l’audiovisuel, qui sont un des maillons les plus exposés du secteur dont le CNC a toujours été le garant..
Jean-Yves Mirski, Délégué Général de la FICAM