Sans nostalgie, mais avec exigence, la Cinémathèque française retrace ici, pour la première fois, les grandes étapes de la riche histoire technique et esthétique du cinéma en mettant en scène sa collection unique au monde d’appareils, avec l’aide du CNC. Projecteurs, caméras, matériels de studio et de laboratoire, archives, films rares… sont dévoilés dans un parcours à la fois esthétique, technologique et historique ponctué de projections, de sons et de machines en fonctionnement ou en simulation. Colloques, rencontres, rétrospectives complètent l’exposition, tel ce colloque « Voyage au centre de la machine cinéma » (30 novembre – 3 décembre) qui, organisé en collaboration avec le partenariat international de recherche, permettra de déployer les enjeux à la fois historiques, techniques et esthétiques propres à l’exposition.
Les grandes étapes de cette histoire méritent qu’on s’y arrête : la chronophotographie (fin du XIXe siècle), les Talkies (1927), le Technicolor (1932), le CinemaScope (1953), le format 70 mm (1955), la caméra légère et la Nouvelle Vague (années 1950), l’ère numérique (années 1990) etc., ont engendré à chaque fois des formes totalement nouvelles. L’affinement progressif des pellicules, caméras, projecteurs, micros, magnétophones, tireuses, éclairages, objectifs, capteurs etc., va de pair avec l’évolution plastique des images.
L’exposition contient des pièces uniques : les premières caméras de Marey, Lumière et Méliès, la belle Technicolor des grands classiques hollywoodiens, la caméra de Jean-Luc Godard, la torpille sous-marine d’Océans, la machine de Microcosmos, les luxueuses et modernes Panavision et les plus récents appareils numériques… Et aussi : des projecteurs de tous formats, certains en fonctionnement, le haut-parleur original du Chanteur de jazz (1927) dont on peut entendre les sons, la première télévision (1930) et des dizaines de films rares en projection – films muets, sonores, en couleurs, en 3D… – accompagnés de programmes expliquant le fonctionnement de ces machines intrigantes. On y voit comment la technique engendre des formes inédites, et réciproquement, comment la recherche esthétique – le désir de voir de nouvelles images – donne naissance à de nouveaux appareils ou procédés.
Depuis la fin des années 1990, le tsunami numérique modifie en profondeur tous les usages du cinéma, en faisant notamment disparaître peu à peu la pellicule 35 mm, support utilisé depuis les premiers pas du 7e Art. Avec sa volatilité et sa propension à tout dévorer, il ouvre néanmoins des perspectives passionnantes comme le montre Kinoscope le court-métrage en VR qui immerge le spectateur dans un voyage poétique à travers l’histoire du cinéma. Réalisé à l’occasion de l’exposition, en collaboration avec le Lab de l’Institut culturel de Google, le projet est pensé pour faire découvrir au plus grand nombre la réalité virtuelle. Il est porté par les équipes d’Ex Nihilo et Novelab-Audiogaming.
Le cinéma du futur sera immersif et interactif. Sa mutation n’est pas terminée. Le cinéma, comme le préconisait Abel Gance, doit toujours être réinventé. « De Méliès à la 3D : la Machine Cinéma » ne dit pas autre chose !