Dubbing Brothers offre une gamme de services audio, vidéo, techniques et créatifs la plus complète qui soit, notamment en matière de doublage multilingue, de mixage centralisé, de sous-titrage, mais également des prestations de laboratoire audio/vidéo VOD, Mastering 4K Ultra HD et de stockage hautement sécurisé pour tous types de données. Dubbing Brothers collabore depuis de nombreuses années avec CTM Solutions pour la mise à jour de ses équipements et infrastructures.
Un entretien avec Jérôme Malaize, CTO de Dubbing Brothers et Jean-Christophe Perney, directeur du business development de CTM Solutions.
Vous êtes aujourd’hui directeur des technologies de Dubbing Brothers opérant depuis peu sur plusieurs pays. Quel est, en quelques mots, votre parcours ?
Jérôme Malaize : J’ai commencé ici même en 2008 par faire de la prise de son pendant quatre ans. J’ai rejoint ensuite le service record, les assistants de plateau. J’ai été nommé superviseur du poste des recorders, activité que je continue à exercer. Par la suite, je suis devenu responsable du montage. Enfin, depuis quatre ans, je supervise la direction technique du groupe Dubbing Brothers, aussi bien nos studios à Los Angeles, que ceux en Belgique, France, Allemagne et Italie. D’autres filiales devraient s’ajouter d’ici peu.
Quel est actuellement votre principal objectif ?
J. M. : Je vise à homogénéiser tous les outils de travail, aussi bien les plug-ins que les consoles. Un contenu doit pouvoir être déplacé sans souci d’un studio à l’autre, d’une filiale à l’autre. Surtout à l’heure actuelle où le multilingue est légion, des clients nous confient plusieurs versions d’un même projet. Quand j’ai repris la maintenance des studios, une grande disparité existait en matière d’équipements. Nous avions même des configurations hybrides, avec une surface de contrôle pour l’automation dans Pro Tools et des audio dans Pyramix, l’image dans VCube. Il devenait donc urgent de tout unifier. Nous sommes passés, en quelques années à un environnement quasi exclusivement Avid Pro Tools.
Quels sont vos métiers et comment se déroule le workflow ?
J. M. : Nous recevons des éléments de travail : images, éléments sons et scripts de la version originale. Nos techniciens vont travailler sur ces éléments pour les adapter à nos procédures de production. En parallèle des étapes techniques, l’équipe artistique va œuvrer à la mise en place du projet. Nous passons alors en studio pour enregistrer les comédiens, dirigés par un directeur artistique. Nos monteurs prennent le relais et perfectionnent la synchronisation des dialogues. Puis arrive l’étape du mixage. Les techniques diffèrent selon le format audio du programme (2.0, 5.1, 7.1 ou Atmos) mais le principe reste le même, mixer les dialogues avec une version internationale (musiques, bruitages et effets), les spatialiser, égaliser et ajuster leur dynamique afin de se rapprocher au plus près de la version originale. Une fois mixé, le projet est uploadé sur un outil développé en interne qui permet au client de vérifier son programme et d’y apporter ses commentaires. En fonction des retours, nous repassons sur l’une des étapes précédentes avant livraison finale.
Tout est aujourd’hui dématérialisé, donc la productivité est optimale. Tout cela est orchestré par nos chargés de production qui assurent le bon déroulement de chacune de ces étapes. Nous avons développé de nombreux outils pour que nos clients puissent suivre l’évolution de leur projet.
Est-ce à dire que le client ne se déplace plus ?
J. M. : Avec les mesures sanitaires, nous avons dû nous adapter, nos clients viennent assister généralement aux étapes de production. Et ce, aussi bien pour les films que pour les séries et cela est encore plus vrai aujourd’hui avec la montée en gamme des productions non cinéma. Nous avons donc mis en place des solutions « remote » afin de permettre à nos clients de continuer à superviser de façon sécurisée les programmes à distance.
Qu’est-ce qui change fortement avec le développement des plates-formes de streaming vidéo ?
J. M. : Nous assistons à une évolution des contenus vidéos dont la qualité est en progression constante. Les méthodes de production entre la vidéo et le cinéma sont désormais très similaires. D’un point de vue technique, avec l’arrivée du son Dolby Home Atmos, nos méthodes de travail et nos studios de mixage ont évolué afin de répondre à cette demande et nos équipes sont montées en compétence. Avec les plates-formes, nous avons intégré dans le pôle vidéo la notion de multi-mix et nous travaillons désormais sur différentes versions d’un même projet.
Jean-Christophe Perney : En raison de la dématérialisation, la notion de contenus pour la télé ou la salle n’existe plus, puisque globalement les personnes visionnent sur les ordinateurs. En réalité, pendant cette période de Covid, les plates-formes ont créé une autre forme de consommation. Elles exigent un niveau de qualité qui a rehaussé globalement le niveau dédié aux chaînes de télévision. Ce qui ne signifie pas pour autant que le niveau d’exigence soit identique à celui d’un Star Wars qui sortira au Grand Rex.
Je ne sais pas si on peut évoquer un accroissement de la qualité, mais les exigences des clients sont manifestement plus élevées. Du coup, êtes-vous obligés de repenser vos outils de production et de post-production ?
J. M. : Oui, absolument ! Nous avons développé un bon nombre d’outils en interne via notre service recherche et développement. Cela nous offre une plus grande flexibilité afin d’anticiper les attentes de nos clients et une plus grande capacité d’adaptation. Nous repensons continuellement nos outils et cela passe aussi par les formations de nos équipes.
Comme beaucoup de studios de doublage, nous faisions la plupart de nos prises de son avec des Neumann U87. Aujourd’hui, nous cherchons à nous rapprocher le plus possible du son de la production, nous utilisons donc fréquemment des micros canons et cravates. Par conséquent, nos équipes se sont adaptées à de nouvelles techniques de prise de son ou de placement de micro. Cela complexifie le travail et donc le temps nécessaire pour enregistrer un programme. Notre parc de micros a considérablement évolué et nos studios également puisque nous mixions habituellement les programmes vidéo en stéréo ou 5.1. Désormais le format Home Atmos implique une transformation complète de nos auditoriums.
Ces studios sont-ils tous polyvalents ?
J. M. : Tout à fait, la plupart de nos studios peuvent enregistrer ou mixer tous les formats. Nous dédions les grands studios au cinéma et les autres pour les programmes vidéo. L’objectif reste de garder une cohérence avec la destination des projets. Les projets cinéma sont donc enregistrés et mixés dans des studios qui sont très proches des volumes des salles obscures, soit plus de 120 m2 avec une hauteur sous plafond de 5 m.
Les acoustiques de nos pièces évoluent car les besoins ne sont plus les mêmes. Il y a quelques années, la brillance de nos grands studios était très prisée et nous avons dû peu à peu les rendre plus mats pour suivre l’évolution de l’acoustique des prises de son des versions originales. Avec l’Atmos et les mix multi versions, il est plus délicat de profiter de l’acoustique naturelle d’une grande pièce pour plusieurs raisons. Les formats immersifs impliquent que les acoustiques soient recréées au moment du mixage pour pouvoir être diffusées sur tous les canaux. Lorsque nous travaillons sur des projets multi versions, il est indispensable que nos prises de son soient similaires en termes d’acoustique, de dynamique et de présence pour que l’on puisse rejouer le plus possible nos automations sur des enregistrements en allemand, italien, grec ou flamand.
Nous avons également des studios dédiés aux projets d’audiodescription ou de chanson. Pour la chanson, nous avons ajouté des équipements et périphériques dédiés à la musique offrant ainsi un plus grand choix de couleurs sonores. Dans ces studios, nous sommes en configuration cabine de prise et régie séparées alors que dans les autres studios, comédiens, directeur artistique et ingénieur du son cohabitent dans la même pièce.
Tout est donc centralisé ?
J. M. : Nous sommes en plein travail !
J-C. P. : Jérôme s’occupe de la partie métiers audio, une spécificité qu’il convient de bien connaître. Sur ce point, CTM constitue un excellent partenaire parce que nous pouvons proposer à Dubbing Brothers toute notre expertise et accompagnement sur l’infrastructure IT et les nouveaux outils médias qui répondent déjà à l’exigence de nos clients grands producteurs et chaînes de télévision. Notre expertise et retour d’expérience client porte sur les stockages collaboratifs, l’orchestration, les moteurs de workflow et de transcodage, le Media Asset Management (MAM) et l’aspect métier puisque l’on réalise de nombreux studios.
Nous venons de déployer à cette occasion une solution complète de stockage collaboratif Avid Nexis Entreprise associé à un cœur de réseau complet et sécurisé Dell 10 G dédié à l’ensemble des streams audio à gérer avec plus de cinquante systèmes Avid Pro-Tools chez Dubbing Brothers. Cela, afin de permettre à un studio qui s’arrête en session, de pouvoir ouvrir la même session dans un autre studio avec ce stockage collaboratif. Un système de MAM dédié au métier du doublage et des activités de laboratoire est en cours de déploiement.
Comment sont développés vos outils ?
J. M. : Nous avons un service R&D qui a développé une dizaine d’outils aussi bien pour nos clients que pour nos besoins internes. Tout est développé en interne avec des équipes proches de nos équipes métiers.
J-C. P. : En créant sa propre palette d’outils métiers, Dubbing améliore sa productivité et sa qualité. Dubbing Brothers est incontestablement le leader en matière de doublage !
J. M. : Notre système de rythmo électronique Erytmo a constitué l’un de nos premiers outils. Tout récemment, pendant la crise sanitaire, nous avons développé eDub, notre propre solution d’enregistrement à distance, tout premier système à intégrer une bande rythmo.
Nous avons déjà exporté dans nos filiales notre technologie de bande rythmo il y a six ans. Ce principe est pourtant assez spécifique à la France. Les équipes étrangères étaient donc parfois réticentes au début et puis très rapidement, le système est devenu incontournable, même dans nos studios de Los Angeles où l’enregistrement avec bips est un standard depuis de nombreuses années.
En Italie, l’expérience était encore différente puisque les séances se passent sous le contrôle d’un directeur artistique aux côtés de l’ingénieur du son dans la régie et d’un assistant aux côtés du comédien dans le studio. L’un se concentre sur le jeu tandis que l’autre se focalise sur la synchronisation. Il a donc fallu revoir les rôles de chacun sous contrôle des syndicats locaux. Les comédiens travaillaient avec un script papier sur pupitre et se lançaient au bip, les yeux rivés sur leur script et un peu moins sur l’image. Par conséquent, la synchronisation était à retravailler à chaque prise. J’ai donc argumenté en mettant en avant les nombreux avantages de la bande rythmo, mais également de la configuration de studio où tout le monde travaille dans la même pièce. La rythmo permet d’avoir un script très proche de l’image et donc il est plus aisé pour le comédien de jouer tout en regardant les yeux de l’acteur à doubler. Cela s’en ressent dans le jeu mais c’est également un confort visuel. Pour les configurations d’enregistrement dans une unique pièce, il faut savoir qu’il n’y a que les Français qui travaillent ainsi.
J’explique donc aux équipes de nos filiales que cette technique permet d’éviter les soucis de synchronisation inévitables lorsque l’on retrouve différents types ou marques de moniteurs ou la cohabitation de vidéo-projection et de moniteur. Les délais de traitement de l’image sont différents, on peut ajouter des équipements pour les aligner mais ce sont des surcoûts épargnés en configuration « à la française ».
Il y a également un bénéfice artistique, lorsqu’un comédien joue face à une toile de 5 m de base alors que le directeur artistique contrôle sur un moniteur, le rendu n’est pas le même, la projection du comédien ou son jeu ne sont pas perçus de la même manière. Dans une configuration sans cabine, les ingénieurs du son travaillent au casque au moment de la prise, donc sont concentrés sur leur qualité de prise. Le directeur artistique écoute l’acteur en direct et non pas à travers des enceintes. Son analyse n’est pas altérée par la prise de son et le système de diffusion. Pour finir, un studio sans cabine permet d’être adapté, équipé pour mixer.
J-C. P. : Le niveau de qualité désormais exigé par les éditeurs a permis de reconnaître que la France a une vraie expertise, un réel savoir-faire en matière de doublage que d’autres essaient de reproduire ailleurs. Le studio son, tel que le conçoit Jérôme, est technologiquement opérationnel partout. Auparavant, tel directeur technique appréciait tel son, telle couleur, telle ergonomie, avait des consoles différentes, des interfaces différentes. Le challenge actuel porte sur la productivité, la qualité, l’efficacité. Avec les progrès techniques effectués par Avid en matière d’innovations (surfaces de mixages Avid S6-S4-S3-S1 ; interfaces Audio MTRX et maintenant MTRX Studio ; interfaces de synchro avec la dernière Avid Sync X) et le mariage avec Euphonix, tout cela est possible. Une surface de contrôle peut tomber en panne, mais c’est rare. Et aujourd’hui, tout est standardisé, on ne perd pas de temps à réparer des équipements, c’est de l’échange et le remplacement standard des pièces quasi immédiat. Le fait d’uniformiser les plug-ins donne les couleurs, la spécificité des ordinateurs, les OS, etc. fait gagner en efficacité, en productivité. Je dirais qu’avec le nombre de studios de Dubbing Brothers actuellement déployés dans le monde, qui doit actuellement s’élever à plus d’une centaine, il leur faut être très efficace.
Comment s’opèrent en pratique les progrès technologiques, en particulier le collaboratif audio ?
J-C. P. : Le collaboratif audio diffère de l’image. Nous avons opté pour une plate-forme de test « Avid Nexis Enterprise » installée sur site pour étudier et évaluer les comportements et les effets de seuil pour le streaming simultané de plusieurs stations Pro-Tools, avec un parc à terme de plus de cinquante stations et une infrastructure réseau adaptée et entièrement sécurisée au site parisien de Dubbing Brothers.
Nous avons pratiquement les même exigences et besoins qu’une chaîne de télévision quand elle décide d’upgrader ou de transformer son infrastructure technique pour son JT. L’exigence, c’est aussi le respect d’une qualité et du cahier des charges. Nous essayons aussi d’engager les éditeurs dans notre démarche. Nous discutons actuellement avec Avid sur leur format de plug-ins pour que les développements des clients soient enrichis en fonction, pour que tout fonctionne encore mieux entre et avec les logiciels, afin d’accroître davantage la productivité de chacun.
Chez CTM, nous sommes, et c’est un gros avantage, en contact direct avec l’ensemble des éditeurs, nous les mettons souvent en relation par notre intermédiaire avec les équipes de Dubbing. Ils se disent souvent impressionnés par les process métiers et l’organisation mise en place chez Dubbing Brothers. Ils ne comprennent pas toujours le pourquoi des besoins spécifiques exigés par les clients en dehors du contexte d’exploitation. Il n’est pas toujours aisé de comprendre les spécificités du métier de chacun. Ses rencontres permettent de faire progresser et orienter le développement des produits et solutions des différentes marques.
La période est enrichissante, avec les plates-formes nous sommes de plus en plus « ITifiés ». Tout est sécurisé : badges, caméras, les entrées des audis cinéma en reconnaissance rétinienne. Nous accompagnons la demande croissante de Dubbing Brothers et d’autres clients de plus petite taille sur les nouveaux usages. Le studio se doit d’être ergonomique, beau, sans aucune concession sur la qualité du son. Dans 100 m2, on peut faire maintenant quatre studios. L’idée est d’en faire plus pour répondre à la demande.
Très rapidement, avec les plates-formes, le cinéma qui reprend et la télévision, la demande du doublage va irrémédiablement croître mais le niveau d’exigence aussi. C’est d’autant plus vrai que les États-Unis, gros pays producteur, n’ont pas ou peu ce métier. L’expertise du doublage est une spécificité franco-française à tous les étages. Dubbing Brothers double d’ailleurs des productions françaises à Los Angeles.
Si on met entre parenthèses 2020-21, quel est chez Dubbing le poids des secteurs cinéma et télé ?
J. M. : Nous travaillons sur un volume compris entre quatre-vingts et cent films cinéma par an depuis de nombreuses années. L’activité non cinéma est en constante progression depuis l’arrivée des plates-formes.
Vous travaillez le Dolby Atmos uniquement en software ?
J. M. : Que du software, oui. Je n’ai pas opté pour la solution RMU sauf dans deux de nos studios. Quand j’ai commencé à concevoir nos studios Home Atmos, des changements majeurs étaient en train de s’opérer chez Dolby. En voyant que la partie Atmos était de plus en plus intégrée dans Pro Tools, je suis parti sur l’idée que : « OK, je ne peux pas valider mes studios en Atmos pour le moment, je respecte tous les autres critères, sauf la partie RMU».
Pour des raisons diverses, en particulier ergonomiques, cela signifie deux interfaces, donc switcher entre plusieurs écrans et générer des fichiers sur deux workstations. Je pense que l’Atmos sera complètement intégré dans Pro Tools d’ici peu. Le gain qu’apporte la solution RMU plutôt que la Dolby Atmos Production Suite présente des intérêts limités pour nous puisque nous recevons des sessions dans lesquelles nous intégrons uniquement les voix. En revanche, en production je comprends tout à fait l’intérêt puisque qu’il s’agit de création de contenu immersif.
Nous avons acquis des Mac Pro dernière génération dont la puissance va rapidement permettre de gommer les soucis d’avoir un tout-en-un. J’échange régulièrement avec les équipes Dolby et Avid et cela me conforte dans ma stratégie.
Outre la mise à plat des systèmes en termes de technologies, cherchez-vous à créer des synergies, voire du travail collaboratif de sessions à distance, entre vos différentes entités ?
J. M. : Nous le faisons sur nos projets de multi versions aussi bien pour la vidéo que pour le cinéma. En déployant nos outils dans toutes nos filiales, cela devient de plus en plus aisé. Le principe est de se dire que, quel que soit le pays, nous sommes chez Dubbing Brothers et donc nous travaillons en équipe afin que les projets puissent s’échanger. J’homogénéise également les plug-ins afin de faciliter le travail collaboratif. Nous mutualisons le savoir-faire de chaque filiale pour en tirer le meilleur. Nous centralisons nos systèmes d’information pour une parfaite synergie. Centraliser les serveurs constitue donc un idéal. Nos deux entités en France opèrent déjà sur le même serveur, en streaming. Petit à petit, il devrait en être de même sur les autres filiales.
Combien de collaborateurs techniques employez-vous ?
J. M. : En France, nous sommes cent-soixante-dix salariés permanents et nous travaillons avec de nombreux free-lances.
En termes de clientèle, d’usages, de méthodes de travail, que retenez-vous de cette crise ? Qu’est-ce qui vous a le plus impacté ? Cela a-t-il seulement changé quelque chose ?
J. M. : Je pense que la crise sanitaire a juste accéléré un processus qui était déjà amorcé avant la crise. Cela joue sur les procédures de travail, l’évolution des métiers mais aussi la consommation de la télé et du cinéma. Les systèmes de travail en remote se sont multipliés, simplifiés et sont beaucoup plus fiables. Nous utilisons la plupart d’entre eux, nous pouvons très bien projeter de manière ultrasécurisée un contenu en 7.1 en temps réel ou permettre à un directeur artistique de diriger des enregistrements à l’autre bout du monde. Cette crise a décomplexé ces méthodes de travail et au final, je pense que nous allons en tirer le meilleur. Le télétravail va permettre à chacun de trouver son équilibre et donc de gagner en performance. Le travail en remote va permettre à nos clients de suivre quand ils le souhaitent un projet tout en continuant à venir en studio autant qu’ils le souhaitent. Les très nombreux contenus de qualités se sont multipliés avec la multiplication des plates-formes et tout cela va permettre à chacun de garder un niveau d’exigence élevé.
En ce qui concerne le management de vos équipes, avez-vous des besoins en termes de formation, leur proposez-vous une formation technique régulière ?
J. M. : En ce qui concerne les ingénieurs, oui. Nous organisons régulièrement aussi, avec Avid et CTM, des formations sur les consoles. Nous avons il y a quelque temps certifié Avid plusieurs de nos collaborateurs et nous organisons beaucoup de formations aussi bien en interne que pour les mixeurs free-lance, par exemple, qui ne maîtrisaient pas encore le format Home Atmos. Nous mettons régulièrement les jeunes équipes en studio avec les plus expérimentés pour échanger leur savoir-faire.
Nos équipes sont essentiellement internes, nous comptons plus de vingt mixeurs permanents. La notion de concurrence n’existe pas entre nos techniciens, mixeurs, monteurs ou recorders ce qui facilite le travail d’équipe et le partage de connaissances. Nous utilisons une messagerie instantanée avec tous ces collaborateurs afin de faciliter les échanges. Dubbing Brothers est un grand groupe mais c’est avant tout une entreprise familiale. On ne s’appelle pas « Brothers » pour rien.
Je vais d’ici peu organiser des workshops avec nos internes, des mixeurs et preneurs de son spécialisés en production cinéma afin d’apporter un œil extérieur. J’aime beaucoup les échanges, c’est pourquoi j’apprécie beaucoup les salons que vous organisez [Satis, ndlr] ou encore l’IBC. La collaboration avec les équipes de CTM et en particulier avec Jean-Christophe a toujours était très fructueuse : échanges d’informations, organisation de workshop et de séminaires techniques, échange et rencontre avec les constructeurs…
On a tous la passion de nos métiers. La concurrence ne porte plus sur la technique, tout le monde dispose à peu près du même équipement, l’expertise n’est plus là-dessus. Elle porte sur la qualité de nos prestations, la compétence des équipes, les outils que l’on propose à nos clients, l’ergonomie de travail, le design et l’acoustique de nos studios, la sécurité ou encore les procédés de fabrication. C’est sur ces points qu’il convient de miser.
J-C. P. : Jérôme fait très attention à la conception et à l’acoustique des studios. Le temps de préparation d’un projet de studio est donc généralement plus long que sa réalisation. Malgré le nombre important de studios chez Dubbing Brothers, chaque studio est unique, ce qui rend les visites des locaux très divertissantes.
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #42, p. 82-87. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.