Portrait : Emmanuel Chain, président du groupe Eléphant

Emmanuel Chain a une brillance qui touche à l’évidence. Si, dès le commencement de sa carrière, cet homme parvient à conjuguer ses deux passions – l’économie et le journalisme–, le succès de son magazine « Capital » sur M6 n’était pas écrit. Une audace de choix éditoriaux associée à sa présentation structurée « couronnent » son investissement par pas moins, de quatre « 7 d’Or » ! Emmanuel Chain devient, naturellement, et jusqu’à 1999, le directeur de l’information et des magazines d’information de cette chaîne. 1999, une année décisive, celle de la création avec Thierry Bizot, de son groupe Eléphant… Aujourd’hui, plus de 100 salariés imaginent, inventent, créent et innovent au sein d’Eléphant pour offrir aux diffuseurs le meilleur de la production audiovisuelle !
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« J’ai fait le choix de préparer HEC parce que j’aimais l’histoire, la philo et les maths… J’avais le choix entre différentes «prépas», très mathématiques avec Math Sup et Math Spé ou plus littéraires avec Hypokhâgne, khâgne. Finalement, la préparation aux écoles de commerce s’est avérée la plus complète, quant à mes goûts personnels. J’ai eu la chance d’intégrer HEC et là, j’ai découvert, avec beaucoup de plaisir, le monde de l’entreprise que je ne connaissais pas. J’ai fait mon stage de fin de 3e année en marketing chez Danone. Ce groupe m’a proposé (à l’occasion de mon service militaire) de rejoindre ses équipes à Turin, en Italie ; une aventure passionnante d’un an et demi ! À 25 ans, cette très belle entreprise m’a fait la proposition d’y développer ma carrière professionnelle. Peut-être un choix trop classique ou trop prévisible, pour moi à cette époque… »  Emmanuel Chain.

  

Vous avez pris, à un moment précis, la voie du journalisme ?

J’avais envie d’être journaliste, ou du moins essayer. J’ai toujours été un passionné de l’information ! Lorsque j’ai rencontré Guillaume Durand à Europe1, cela m’a conforté dans l’envie de faire ce métier ! C’est à France Inter, en 1987, que j’ai effectué un premier stage. J’ai rejoint Jacques Expert pour couvrir la fin du procès de Klaus Barbie. Et je me suis retrouvé plongé dans l’un des plus grands procès de l’Histoire du 20e siècle. Ce passage à France Inter a été déterminant : j’y ai vécu des expériences très variées à l’antenne. C’est lors de l’été 87, et peu après la création de M6, que Nicolas de Tavernost m’a contacté. Il m’avait entendu à la radio… Il me proposait de « parler » d’économie, au regard de ma connaissance de l’entreprise acquise grâce à HEC. Et j’ai commencé par un format (de 1 minute 30) quotidien : M6 Finances , un résumé des infos financières de la journée !

  

Difficile, peut-être, d’accepter cette proposition ?

Cela m’a plu. Je fais toujours les choses de manière très sincère car je choisis celles auxquelles je crois. Je considère que j’étais chanceux de participer à la création d’une chaîne nouvelle, entreprenante, audacieuse ! J’étais partant, finalement, pour tout et, surtout, pour que cette chaîne réussisse… Mon goût pour l’économie m’a fait « plonger » dans l’aventure avec enthousiasme. Au départ, on m’a demandé de faire une émission sur la bourse et c’est vrai, que cela m’intéressait un peu moins. En revanche, j’essayais de présenter les choses de façon différente. Je parlais davantage des sociétés que des indices. C’est comme cela que Capital a commencé… Avec 6 minutes, puis 30 et enfin 90. Un jour, Nicolas de Tavernost, m’a appelé pour me dire qu’il voulait tester l’émission, le dimanche soir en prime time et face au film de TF1 ! Il était très audacieux et, finalement, visionnaire. Toute la période qui a précédé le prime time nous a permis de définir une écriture, un style… Et Nicolas de Tavernost a eu l’intuition d’un succès à une heure de grande écoute !

  

Une belle expérience, puis celle magnifique, de créer vos propres contenus…

J’ai adoré faire Capital. C’est vrai, un jour, j’ai néanmoins souhaité passer la main. Ce que j’aime dans ce métier, c’est la création et la nouveauté. En 1999, avec mon « vieux pote » du lycée Henri IV, Thierry Bizot, nous avons eu envie de fonder notre propre société de production… La diversité des lignes éditoriales des diffuseurs nous offrait des opportunités nouvelles. Quand on est indépendant, cette liberté de choix est très stimulante ; je me réjouis de faire ce métier d’entrepreneur depuis quatorze ans. Cette société m’a conduit à imaginer et fonder des programmes, avec des talents et des équipes toujours différentes… Et je ne m’en lasse pas !

  

Le groupe Eléphant regroupe de nombreuses compétences…

Nous avons voulu « ouvrir » cette société à tous les genres de la télévision. Au départ, nous avons commencé avec le magazine Sept à huit pour TF1, une marque très forte aujourd’hui ; un news magazine, un genre qui n’existait pas à la télé. Ensuite, la fiction a été développée avec, notamment, la série Fais pas ci, Fais pas ça. Je crois beaucoup à la comédie. Rire des choses, tout en étant très profond, est difficile. Notre succès d’audience avec Fais pas ci, fais pas ça comme avec Workingirls sur Canal+ nous fait plaisir. Nous investissons beaucoup dans la fiction grâce à nos deux filiales dédiées à ce secteur. Nous produisons également un programme court Parents, mode d’emploi pour France 2, chaque soir après le 20h. Je crois que les séries télé ont un grand avenir devant elles… Nos équipes aiment raconter des histoires que ce soit à travers des documentaires (Eléphant Doc : Crimes sur internet, La reconstruction d’une femme, Rungis, les maîtres du goût…) ou à travers la fiction. Il est important, pour Eléphant, d’innover. Nous avons aussi créé le label « Eléphant at Work » qui fournit des contenus aux entreprises. Notre département événementiel « Elephant Live » gère des événements. Eléphant ne s’interdit pas le divertissement avec Eléphant TV.

  

Vous avez été distingué, cette année, par le prix du meilleur producteur 2013 de fiction ?

Guillaume Renouil et Gaëlle Cholet ont reçu le titre du « Producteur français de télévision 2013 » dans la catégorie Fiction, avec Eléphant Story et Gazelle. C’est une vraie satisfaction pour eux et pour tous les talents avec lesquels ils travaillent, scénaristes, réalisateurs, comédiens, équipes de production…

 

Avez-vous rencontré des difficultés au démarrage de votre société ?

Je dirais que nous avons eu la chance de commencer par un échec avec une émission qui s’appelait Unisexe. Nous avons eu, d’ailleurs, une période très difficile car nous n’avions pas d’autre contrat. L’avantage de cette expérience est la prise de conscience de la difficulté du métier de producteur ! La régularité du développement d’Eléphant a été une chance, par la suite. C’est une histoire qui s’est bien déroulée…

 

Vous n’avez jamais eu de peurs quant à des prises de décisions ?

Non, pas de peur. Je suis assez pragmatique et structuré. Thierry Bizot et moi développons notre entreprise ensemble et le fait d’être deux à la tête de ce groupe est une force.

 

Être producteur demande de l’intuition et une prise de risques ?

D’abord, il faut croire à ce que l’on fait. Oui, l’intuition guide les choix et les convictions. Il faut être pragmatique dans l’action, la gestion et la prise de décisions. Je pense qu’il est nécessaire d’investir dans le développement des projets. Chez Eléphant, nous en avons toujours 8 à 10 en développement. Nous venons aussi de créer une nouvelle filiale : Eléphant Cinéma.

  

Il y a une filiale d’Eléphant qui vous tient particulièrement à cœur ?

Elles me tiennent toutes autant à cœur ! Même si mon métier de journaliste m’a amené à travailler beaucoup les magazines, je crois beaucoup à la fiction que Thierry Bizot et nos producteurs, Guillaume Renouil et Gaëlle Cholet, développent avec talent.

 

Une phrase vous guide, dans votre vie…

Oui, il y a une phrase que j’aime particulièrement : « Aime et fais ce que tu veux », de Saint Augustin…