En tête-à-tête avec Andreas Sennheiser

Basée à Wedemark, près de Hanovre (Allemagne), Sennheiser a été fondée en 1945. Depuis 2013, l’entreprise familiale est dirigée par Daniel Sennheiser et Andreas Sennheiser, qui représentent la troisième génération de la dynastie. Nous nous sommes entretenus avec ce dernier à l’occasion de la présentation à la presse du nouveau système de microphone D6000.*
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Mediakwest : Vous parlez d’agilité dans la fabrication, qu’est-ce que cela veut dire ?

Dr Andreas Sennheiser : L’agilité dans la conception et la fabrication des produits est importante, et c’est un concept nouveau pour nous. L’agilité doit également être au cœur de l’entreprise. Il est nécessaire pour faire face à la concurrence de raccourcir les délais entre l’idée et l’arrivée du produit sur le marché. Nous avons commencé à réfléchir sur ce concept depuis trois ans. Il faut transformer les habitudes de travail. Certains de nos collaborateurs travaillent chez Sennheiser depuis plus de 25 ans, ils travaillent de manière linéaire. Il est important de garder une grande curiosité sur ce que nous faisons, cela garde une fraîcheur dans l’entreprise.

Sennheiser est capable de réagir très rapidement si des demandes de clients se font pour améliorer des fonctions, ou si un problème existe. Les ingénieurs prennent en compte ces demandes et font des mises à jour intermédiaires si cela est nécessaire. La philosophie est désormais d’avoir des systèmes plutôt que des produits. Un microphone est un accessoire dans un dispositif global.

 

MK : Vous investissez de manière importante dans le son spatial, avec notamment le concept Ambeo, quel en est le but ?

A.S. : Nous avons commencé les recherches il y a une dizaine d’années ; nous ne savons pas réellement pourquoi nous avons commencé, mais aujourd’hui c’est un axe stratégique. Nous travaillons en collaboration avec différents partenaires et les premiers produits grand public devraient sortir prochainement.

 

MK : Vous avez présenté dans vos axes stratégiques le streaming low latency, pouvez-vous en dire plus ?

A.S. : Plusieurs produits utilisent cette technologie, comme Cinema Connect, qui permet d’équiper les salles de cinéma pour les malentendants. Nous pensons que dans le futur il sera crucial de pouvoir permettre à des publics d’avoir de nouvelles expériences immersives comme suivre un concert en direct sans décalage, être au cœur du concert sans décalage et notre technologie est parfaitement adaptée.

 

MK : Comment se répartit votre part de marché entre professionnels et grand public ?

A.S. : À vrai dire, nous avons une répartition très équilibrée 50/50. De plus, certaines frontières s’effacent entre les univers professionnel et grand public. Dans le monde de l’image, une caméra comme la GoPro est-elle un produit grand public ou professionnel ? Le microphone Ambeo, qui est plutôt orienté grand public, est utilisé par les professionnels et permet de produire facilement un son surround. Nous travaillons avec des sociétés tierces pour optimiser le workflow autour de cette technologie de son VR. Des dirigeants de Facebook ont même dit que c’était le microphone du futur. En deux mois, nous en avons vendu plus de 1 500 unités, ce qui est prometteur.

 

MK : Quel avenir pour la VR ?

A.S. : Nous sommes au début d’un marché qui nécessite la collaboration entre les sociétés comme les nôtres, qui sont des fournisseurs de technologies, et les fournisseurs de contenus. C’est un marché de niche ; je le vois comme la première étape vers un monde « virtuel » ; les choses vont évoluer, la qualité va s’accroître. Nous sommes originellement une société experte en hardware et nous utilisons le logiciel pour piloter le hardware, mais nous sommes conscients que cette partie logicielle prend une part importante dans nos développements.

 

MK : Qu’est-ce qui a motivé le développement du Digital 6000 ?

A.S. : Il nous a fallu deux ans pour développer le produit. La demande étant de concevoir un microphone capable de supporter des grandes dynamiques, et robuste face aux problèmes de bandes HF de plus en plus menacées et fragilisées par les réseaux télécoms. Nous avons développé le D6000 avec en tête la volonté d’avoir un produit qui possède une grande linéarité dans le transmetteur et de la puissance dans le récepteur. Les marchés sont nombreux, que ce soit pour des loueurs, mais aussi en équipements fixes dans des théâtres, des lieux de culte, ou pour des entreprises.

 

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* Extrait de notre article paru pour la première fois dans Mediakwest #21, p.92-93. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur totalité.