Entretien avec Lidwine Hô, chef de projet technologique au sein de France Télévisions (WebTV)

Lidwine Hô, chef de projet technologique au sein de France Télévisions, est fortement investie au sein de Binaural listening (BiLi), un projet lancé par neuf partenaires soucieux de développer le système d’écoute binaural. La mission de ce consortium a démarré en janvier 2013 et s’achevera en juin 2016. Dans le cadre d'une interview livrée au Satis, en Novembre dernier, elle nous présentait BiLi...
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« L’objectif visé par BiLi est de développer une écoute binaurale au casque, autrement dit l’écoute 3D, en utilisant des indices binauraux. Le consortium est collaboratif, il se compose de neuf entreprises. À savoir : trois entreprises de recherche qui sont le CNRS, Orange et l’Ircam ; trois producteurs de contenus : France Télévisions, Radio France et le Conservatoire nationale de musique et de danse de Paris et les trois PME Trinnov, Arkamys et a-volute. Chacun utilise ses compétences propres au sein du consortium et on s’entraide tous. Les chercheurs développent leurs moteurs de spatialisation binauraux, leurs outils d’évaluation de la qualité. En tant que producteurs, nous fabriquons des contenus pour aider les chercheurs à travailler.

«  Avec BiLi, nous avons beaucoup d’étapes définies, différents sous-projets dans ce projet. Nous devons fournir régulièrement des livrables, nous nous réunissons très fréquemment entre nous pour en discuter. Nous faisons des études, des captations, des évaluations des captations que l’on a déjà faites.

«  Il y a un an et demi, nous avons mis en place une captation des Vêpres de Monteverdi à la chapelle royale de Versailles, tout s’est fait en binaural de synthèse. Nous avons aussi réalisé une expérience sur Roland-Garros, avec des têtes de captation binaurales, là c’était du binaural natif sur chacune des caméras. Et puis, nous travaillons aussi avec le département des Nouvelles écritures de France Télévisions qui diffuse tous ses programmes sur Internet. C’est là où nous trouvons la meilleure cible, puisque ce sont des gens qui écoutent au casque et surtout les contenus sont différents puisqu’ils s’adressent beaucoup plus aux jeunes et aux personnes qui consultent en mobilité.

Dans ce cadre, nous avons travaillé sur un spectacle avec des oiseaux, un chorégraphe qui danse avec des grues, ou plutôt qui fait danser ses danseuses avec des grues, c’est très, très beau. Cela s’est fait en binaural. Il y a aussi une fiction qui se tourne actuellement, une fiction politique. Tout se joue dans la tête du président de la République au moment de l’attribution des JO. On doit prendre des décisions à sa place, on entend dans sa tête au moment de la prise de décision, on entend une voix intérieure qui nous demande de prendre la décision et on agit sur l’histoire à ce moment-là.

Voilà, nous travaillons sur plein d’axes différents qui sont assez intéressants, y compris sur Culturebox, sur du spectacle vivant aussi. Nous avons fait le concert à La Maroquinerie [à Paris] d’un groupe électro rock en mode assez économique, avec diffusion sur uniquement le Net. Nous allons un peu dans toutes les directions à partir du moment où il s’agit d’une écoute qui va se faire potentiellement au casque.

À Roland-Garros, la captation devait se faire à la fois en vidéo 4K et en audio 3D. Nous avons donc choisi de mettre des têtes binaurales sur chacune des caméras.Nous avons réussi à faire fonctionner cette écoute complètement immersive et totalement dans l’axe, comme si, en réalité, on était à la place des caméras et que l’on voyait le match depuis ces endroits-là. Nous avions mis tout un système pour asservir le son au signal des caméras. En pratique, à chaque fois qu’une caméra était à l’antenne, on entendait le son de la tête qui était placée dessus. On s’est bien amusés là-dessus !

Nous avons atteint nos objectifs en terme de livrables promis, mais le moment n’est pas encore venu d’arrêter les tournages, on va en faire de plus en plus. Comme je vous le disais, un tournage est en cours, un documentaire sur l’usine de Fos-sur-Mer, autour  d’un travail d’écriture des ouvriers qui parlent de leur usine. Les balades dans l’usine vont être en binaural avec des voix intérieures qui racontent les textes. C’est très joli aussi. Nous allons sûrement lancer par ailleurs des concerts régulièrement avec Culturebox. Ils seront en stéréo classique et en binaural. On pourra, comme on le fait pour les langues, on choisir d’écouter le binaural ou la stéréo classique ».


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