L’étalonneuse parisienne Isabelle Barrière a utilisé le logiciel DaVinci Resolve afin de recréer pour les téléspectateurs l’ambiance tropicale de cette île ensoleillée. Le grand nombre d’épisodes à étalonner exigeait un travail en étroite collaboration avec l’équipe de production pendant le tournage des premiers épisodes. Il était en effet nécessaire d’essayer différents styles d’étalonnage afin de trouver celui qui conviendrait le mieux à la série. « Les contraintes de temps d’un programme court exigent que les téléspectateurs identifient immédiatement la série, l’étalonnage joue donc un rôle essentiel pour créer une identité visuelle. Les producteurs de la série, Philippe Giangreco et Gnama Baddy Deg,a ont tout de suite vu le potentiel des nombreuses options que nous avions préparées avec le réalisateur Gwendal Pointeau et le directeur de la photographie (DP) Teddy Albert, ils ont été époustouflés par les différences apportées par l’étalonnage et à quel point il mettait en valeur le caractère léger et humoristique du scénario. »
Parmi tous les rendus élaborés par Isabelle Barrière, Canal + a opté pour la saturation la plus élevée. « Étant donné le lieu de tournage, les images et l’ambiance devaient refléter les tons chauds et tropicaux, presque moirés, afin de créer une harmonie avec les rayons du soleil et la piscine extérieure de la villa », souligne Isabelle. « Teddy avait conscience de cela depuis le début et il a filmé toutes les scènes en log afin de garantir la plage dynamique la plus étendue possible. Ces réglages nous ont notamment permis de capturer les hautes lumières en extérieur, mais aussi de préserver les détails des zones d’ombres. En outre, il était important d’obtenir ces tons chauds pour les scènes d’intérieur afin que les téléspectateurs puissent identifier le lieu où se déroule la série. »
L’étalonneuse recevait dix épisodes à la fois. Comme ils étaient encore en cours de montage et de mixage, la communication avec le chef monteur Adrien Pallatier était primordiale. « La complémentarité des logiciels Final Cut Pro et DaVinci Resolve a simplifié notre workflow de postproduction, ce qui est indispensable lorsque l’on doit gérer un grand nombre de séquences réparties sur toute une saison. »
Plusieurs difficultés sont survenues au cours de la phase de Digital Intermediate (DI), lorsqu’il a fallu harmoniser les séquences. Le tournage avait eu lieu en hiver, et, malgré la chaleur, la lumière des prises tournées le matin était assez froide et bleue. Les conditions de lumière changeaient très rapidement, même entre les prises d’une même scène, notamment à cause de la lumière du jour qui baissait rapidement, du ciel nuageux ou des intempéries.
« Chaque épisode est filmé chronologiquement pendant la journée, mais comme les scènes sont tournées en fonction de la disponibilité des lieux, les séquences étaient complètement réorganisées au cours du montage pour suivre le scénario », explique Isabelle. « L’harmonisation des couleurs entre les séquences était donc indispensable et la fonction Split Screen de Resolve a été très utile car elle permettait d’afficher plusieurs angles de vue et différentes prises simultanément. De plus, le traitement en temps réel permettait de visualiser instantanément le rendu des différents réglages. »
Le tournage en log et le traitement en 32 bits à virgule flottante ont permis à Isabelle Barrière de récupérer des détails dans les hautes lumières, comme par exemple les reflets du soleil sur la piscine et sur le toit, mais aussi dans les zones d’ombre, notamment au niveau des nuages. Pour adoucir les hautes lumières des scènes d’extérieur, elle a également utilisé la fonction Soft Clipping.
Les nombreuses couleurs et l’ambiance tropicale devaient également être présentes dans les scènes tournées en intérieur, auxquelles s’ajoutaient la contrainte d’adapter l’étalonnage aux différentes couleurs de peau des actrices.
« Les murs de la villa étaient blancs, mais le plateau possédait de nombreux éléments de couleurs vives, comme par exemple les tenues des actrices et le mobilier de la villa. Il était donc important que l’étalonnage avive ces scènes-là, tout en veillant à ce que les touches de couleurs apportées par les accessoires et les costumes ne soient pas trop exagérées, sans quoi elles auraient attiré le regard et déséquilibré la scène. J’ai donc dû associer un qualificateur HSL à l’outil Power Windows de Resolve pour obtenir le résultat escompté. »
Les décors et les positions de caméra étaient les mêmes d’un épisode à l’autre, Isabelle a donc créé des mémoires d’étalonnage pour ces scènes afin de pouvoir les réutiliser et les affiner selon l’exposition, un gain de temps considérable lorsque l’on doit étalonner 70 épisodes.