EURO 2016 – Visite au cœur de l’IBC (Partie 1)

Mediakwest a présenté cet été les installations, les sociétés présentes et prestataires impliqués durant l’Euro 2016. Lorsque ces articles ont été rédigés, l’IBC (International Broadcast Centre) qui se situait dans l’un des halls de la Porte de Versailles n’était pas encore visible après les premiers matchs, et nous avons pu visiter les installations. Une visite organisée par EVS qui reste l’un des partenaires technologiques les plus présents dans ce dispositif technique spectaculaire. Nous remercions chaleureusement les équipes de l’UEFA pour leur support technique et les informations fournies nécessaires à la réalisation de ce dossier.*
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L’IBC concentrait sur son site le siège de l’UEFA durant l’événement, les moyens de production TV, les moyens de logistiques, les services pour les diffuseurs, les arrivées et départ Telecom, les équipes de gestions des droits et de communication de l’UEFA. Un village hyper organisée pour affronter au mieux un mois de rencontres sportives, des milliers d’heures de programmes à diffuser, archiver, transmettre. En terme de moyens humains ce sont plus de 1000 personnes présentes sur l’IBC avec certaines équipes qui arrivent un mois avant l’événement proprement dit. La construction temporaire des infrastructures pour accueillir l’ensemble des personnels a commencé le 28 mars pour une inauguration officielle le 6 juin et le premier direct le 8 juin. Il y avait 40 chaînes partenaires de l’UEFA présentes sur place.

L’un des éléments pivots de l’architecture technique de l’Euro 2016 repose sur les serveurs d’acquisition et de stockage EVS. Le serveur média central offre une capacité de stockage de 4 000 heures en haute et basse résolutions. EVS fournit par ailleurs le système Livex (nom commercial donné par l’UEFA), utilisé par 14 diffuseurs qui détiennent les droits de diffusion des matchs de l’UEFA et peuvent accéder à des contenus supplémentaires grâce à ce système. L’équipe de soutien d’EVS durant cet Euro comprenait 22 personnes réparties entre l’IBC, à Paris Porte de Versailles et les différents sites des rencontres en France.

Sur le lieu des matchs, le dispositif de production comptait jusqu’à 45 caméras, y compris des caméras spéciales pour les ralentis. Chaque production faisait appel à seize serveurs XT3 : douze pour l’enregistrement des images des 45 caméras, deux pour la création d’images résumant les temps forts du match avec IPDirector, un pour la création d’images marquantes supplémentaires et un pour la fonction « funtertainment », qui gère l’affichage sur les différents écrans dans le stade.

En plus de cela, EVS fournissait la solution C-Cast, qui permet de créer des séquences supplémentaires tout au long des matchs en vue d’une diffusion sur les écrans secondaires, avec un décalage de 15 à 30 secondes par rapport au direct. Ces contenus additionnels créés par le système C-Cast étaient également envoyés vers le serveur média en haute résolution afin que les partenaires de diffusion puissent y accéder. Les services C-Cast et Deltatre sont distincts de Livex, sauf en ce qui concerne ces contenus supplémentaires, également mis à disposition de Livex.

Deltatre a conclu un contrat avec l’UEFA, et s’adresse à EVS pour les contenus à angles de vue multiples. Contrairement à ce qui avait été fait pour la Coupe du Monde, l’UEFA choisissait les séquences en s’appuyant sur les technologies d’EVS. Livex est le nom donné par l’UEFA au serveur média basé sur des serveurs EVS. Ce système enregistre onze différents flux en direct pour chaque match ; une infrastructure IPDirector d’enregistrement de logs et de statistiques, ainsi qu’une infrastructure de stockage SAN XStore permettent de stocker 4 000 heures d’images au format AVC Intra. Sur cette plate-forme, sont enregistrées toutes les images envoyées par les journalistes, les séquences créées par les systèmes dans les stades, les conférences de presse et les interviews.

LiveX utilise neuf serveurs XT3 pour l’enregistrement des onze flux, et le système est conçu de manière à pouvoir traiter deux ou trois matchs simultanément lorsque c’est nécessaire. La plate-forme de distribution et de gestion de contenus LiveX a été sollicitée plus de 10 000 fois par les diffuseurs partenaires pour un total de plus 70 000 clips durant la compétition.

 

Contenus alternatifs

Les différents partenaires de diffusion gèrent leur propre production et ont accès au SAN, mais une équipe de l’UEFA crée également une production multilatérale supplémentaire en utilisant 17 stations IPDirector, 38 ordinateurs de bureau avec des licences IPBrowse, 36 licences d’Adobe Premiere CC et la solution XFile 3 pour l’archivage et la reprise en cas de sinistre.

En ce qui concerne la production unilatérale, l’UEFA propose à ses partenaires trois options pour l’importation des contenus stockés sur le SAN, auxquels ils accèdent à l’aide d’IPBrowse. La première consiste à stocker les contenus sur un stockage local pour l’utiliser dans leurs propres systèmes. La seconde leur permet d’importer les contenus directement sur un serveur XT3 en vue d’une diffusion immédiate. La troisième consiste en la même importation sur XT3, avec une plate-forme IPBrowse que nous mettons à leur disposition.

Les équipes de JRI pouvaient brancher leur caméra (P2, Arri, GoPro…) dans le système et utiliser la solution Ingest Funnel d’EVS sur leur ordinateur portable pour changer de format et transférer des contenus avec la plate-forme Livex. Ils disposaient de points de connexion dans chaque stade, grâce auxquels ils pouvaient accéder au dispositif central et mettre leurs propres séquences à la disposition des équipes présentes à l’IBC.

Ingest Funnel permet la création et la conversion de séquences, et C-Next est la plate-forme collaborative, basée sur la technologie d’Aspera, qui assure le transfert. C’est plus de 80 heures de contenus alternatifs qui ont ainsi été produits (trailer, promos, highlights et le film promotionnel produit en 4K baptisé « Sounds of Summer »).

EVS gère toutes les archives de l’UEFA à Genève : par conséquent tous les reportages produits par les journalistes sont envoyés à Genève, d’une part, et à l’IBC, d’autre part. Il était possible pour les partenaires d’aller chercher des contenus de l’archive et de les apporter sur le SAN à l’aide du système MAD (outil de gestion des archives d’EVS).

En résumé, les journalistes importent des contenus par l’intermédiaire d’Ingest Funnel et de la plate-forme C-Next, puis ils utilisent la technologie Aspera pour envoyer des contenus vers Genève et vers l’IBC. Ils utilisent, par ailleurs, deux systèmes Xplore disponibles ici à l’IBC pour consulter en direct les contenus sur les serveurs et les transférer vers l’IBC.

EVS fournit des flux RSS aux partenaires de diffusion, ce qui leur permet de gagner du temps, puisqu’ils n’ont plus à rechercher tous les contenus : ils indiquent par exemple quels matchs les intéressent, et les contenus pertinents leur sont envoyés automatiquement.

« Les nouveautés que nous offrons par rapport à 2012, ce sont toutes les plates-formes connectées ainsi que les transferts avec les archives, les compilations de séquences créées automatiquement, le montage à l’aide d’Adobe Premiere, les flux RSS, les huit matchs en 4K et un plus grand nombre de caméras. »

Durant l’Euro, un test de remote production à distance entre l’IBC et le Stade de France a été réalisé l’aide du système Dyvi d’EVS, en HD et en 4K, les deux sites étant reliés entre eux par fibre optique. «Ce POC (Proof of Concept) aidera les organisateurs à préparer le prochain Euro, qui se déroulera dans treize pays différents et pour lequel l’UEFA étudie de près les différentes possibilités pour connecter tous ces sites », indique Nicolas Bourdon, directeur marketing EVS.

 

Le centre névralgique

Au sein de l’IBC, outre la régie centrale qui permet de visualiser les arrivées, se trouve une pièce névralgique qui fait converger les 70 000 kilomètres de fibre Orange provenant de tous les stades. Pour chaque match, il y a seize liaisons unilatérales et la liaison multilatérale, sans oublier que la 4K s’ajoute à la HD pour certains matchs. Les signaux audio et vidéo étaient acheminés par la technologie développée par Lawo et l’EBU (Projet VandA). Les signaux de contribution de chaque stade sont pris en charge par 264 boîtiers V__remote4, 19 à 20 déployés par stade et 73 à l’IBC .

Pour compléter ce dispositif, il y avait deux serveurs redondants Lawo VSM à l’IBC, deux Panels VSM LBP51 et douze Panels VSM Softpanel, deux Arista 7504 (quatre lames), 26 routeurs Cisco SG300 (deux pour chaque stade et six à l’IBC). En dehors de ces liaisons, l’UEFA a utilisé la technologie développée par Lawo pour collecter les signaux audio et vidéo des caméras spéciales sur les stades comme les SpiderCam, les caméras derrière les cages des gardiens (Antelope Pico Ultra Slowmotion). Pour acheminer ces flux, il y avait des Stages Boxes de Lawo, soit 120 V__link4 , 130 A__mic8 (pour les différents stades), deux serveurs VSM (IBC), 32 panels virtuels sur PC, écrans tactiles et tablettes et 22 Arista 7150S.

Le boîtier Lawo – exploité en collaboration avec EBU – offre une grande puissance de calcul, et l’UEFA souhaite étendre cette solution à d’autres tournois, une fois la phase de test achevée. « L’EBU est notre partenaire de distribution pour les équipements de conversion, et ils ont choisi Lawo pour les interventions techniques suivant notre recommandation. Pour d’autres compétitions, par exemple la Ligue des champions, ma vision consiste à réunir les meilleurs acteurs du secteur et, parfois, à les obliger à collaborer : ils en profitent tous les deux et nous permettent d’élargir le service que nous offrons. Les partisans de la fibre optique pensent qu’elle règle tous les problèmes, mais c’est faux : il faut une fibre intelligente, et l’intelligence provient des boîtiers installés à chaque extrémité. C’est cela que nous faisons avec divers acteurs, dont EBU et Lawo », insiste Bernard Ross, Head of TV Production pour l’UEFA.

La salle de contrôle (MCR – Master Control Room) dispose de trois rangées de postes de travail. La première est consacrée à la sécurité, au tournoi et au fonctionnement interne de l’UEFA, la deuxième aux opérations commerciales (TV, gestion des stades) et la troisième à la présence de l’UEFA sur l’Internet et les réseaux sociaux, ainsi qu’à une station EVS permettant de visualiser les séquences. La diffusion est donc hébergée par l’UEFA, et non déléguée à un acteur tiers. C’est au sein de la MCR que les tous les matches étaient contrôles, et les images et les sons synchronisés pour produire le signal international. 

Sur l’un des écrans, étaient retransmises des images de la Fan Zone du Champ de Mars qui a accueilli jusqu’à 80 000 spectateurs. La Fan Zone hébergeait des studios de chaîne de télévision, créés sur mesure, et qui sont le fruit d’une collaboration avec Plazamedia : le plus grand est à la BBC, et les trois autres sont à SVT, Globosat et ORF.

La Ville de Paris est venue voir l’UEFA en leur disant qu’elle voulait réaliser un coup d’éclat pour sa candidature aux JO et pour l’Euro 2016 : pour la première fois, elle voulait que les studios soient installés dans la zone réservée aux supporteurs. Le symbole était d’autant plus fort après les attentats de novembre 2015, alors que certains ont cru que cette initiative serait annulée. Le soutien de l’UEFA consistait à établir un lien en fibre optique Orange avec l’IBC ; les chaînes sont également connectées et peuvent faire la production sur place ou à distance. L’UEFA envisage lors de prochaines échéances de proposer un dispositif similaire dans le Cloud, afin qu’il soit accessible partout dans le monde.

 

* Cet article est paru en intégralité pour la première fois dans Mediakwest #18, pp.66-68. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici 

La suite de cet article sera publiée demain.