Canal+ a expérimenté Dolby Atmos et Dolby Vision pour la diffusion pour ses abonnés de la finale de la Champions League. Le signal produit en UHD HDR HLG et son immersif par AMP Visual TV a été ensuite encodé en HEVC Dolby Vision et Dolby Atmos par Ateme, en faible latence, offrant aux téléspectateurs une expérience sonore et visuelle inédite qui les amène au cœur du stade.
L’origine du projet
« Quand la Finale de la Champions League a été rapatriée de Saint Petersburg, l’UEFA a dû trouver un nouveau broadcaster, et Canal+ a été choisi », explique Matthieu Montigaud, Product Manager chez Canal+.
Or, dans son cahier des charges, l’UEFA demande à ses broadcasters de produire les matchs à partir des huitièmes de finale en Dolby Atmos. « Nous produisions un signal sans l’utiliser nous-même, décrit Christophe Schatz, Head of Sports TV Production chez Canal+. Nous avons voulu le mettre à disposition de nos abonnés, pour leur offrir un vrai plus. » C’était l’opportunité de pouvoir faire une diffusion en Dolby Atmos et Dolby Vision en simultané, ce qui n’avait encore jamais été fait.
Choisir son écran
« Un aspect important était que nous voulions minimiser l’impact potentiel sur les processus habituels, explique Vincent Wel, Responsable tête de réseaux chez Canal+. D’où l’idée d’une chaîne dédiée, qui ne serait proposée que sur l’OTT. Cela nous a permis de mener l’expérience sans aucun risque de perturber les diffusions normales de Canal+. »
Un autre élément à déterminer était de savoir sur quels terminaux serait proposée la diffusion en Dolby Atmos et Vision. « Nous avons choisi les vecteurs Apple, Apple TV, Android et Android TV, explique Matthieu Montigaud. Côté Apple, nous étions sereins sur le bon fonctionnement du dispositif : l’ensemble des iPhones, à partir du 8, sauraient gérer le flux, en Atmos et en Vision, sans erreur. »
Compte tenu de la diversité du parc sous Android, aussi bien en matière de téléphones que de téléviseurs, « nous avons dû réaliser des compromis afin de contenter la majorité des devices. La plupart des utilisateurs a pu donc accéder au match dans la qualité escomptée », continue Matthieu Montigaud.
Produire le son et l’image
AMP Visual TV a travaillé au format UHD HLG pour la vidéo, et élaboré un mix unique, qu’ont eu tous les diffuseurs. Le signal est disponible dans tous les formats (SDR/HDR, HD/UHD, entrelacé/ progressif, stéréo/5.1/Atmos), et sur la partie audio, le workflow Dolby Atmos permet de faire les downmixes nécessaires.
Cela n’était pas la première expérience d’AMP en la matière, mais le fait de pouvoir se faire la main avec les matchs précédents a permis de trouver les bonnes prises de son, les bons équipements, le bon workflow… « Nous savions quel son voulait Canal+, où il y a une vraie culture en la matière, surtout pour le sport, souligne David Paillet, Responsable de projet audio chez AMP Visual TV. Il fallait trouver le bon équilibre entre le field of play (le terrain), les fans… En échangeant avec Dolby, qui nous ont conseillé́, nous sommes arrivés à créer une ambiance immersive unique. »
Un signal international
« La production d’un signal international au format Dolby Atmos permet à la fois de disposer d’une ambiance du stade en son immersif, mais également de transporter les commentateurs – ici français et anglais – en tant qu’objets », explique Benoît Leteneur, Ingénieur Solutions Broadcast & OTT chez Dolby. Les deux fan zones – dans les gradins derrière les buts – étaient également transportées dans des objets indépendants. Cela permet à un broadcaster de choisir ce qu’il va transmettre : uniquement l’ambiance, ou l’ambiance avec un commentateur dans l’enceinte centrale… Le signal comporte également le « bed », l’ambiance qu’on pourrait appeler « de base », diffusée sur les 5 enceintes. La production s’est déroulée facilement, sans incident. »
Un signal encodé unique
Pour traiter ce signal, « nous avons construit, en parallèle à notre parc habituel, une mini-infrastructure dédiée à l’événement, une « bulle », explique Vincent Wel. Grâce à cette architecture dédiée, avec l’aide d’Ateme, nous étions dans les meilleures conditions pour cette expérience. » Cela a permis de traiter le signal avec la qualité voulue, sans impacter la diffusion normale de Canal+.
Canal+ a donc reçu deux flux : le flux UHD Canal+ habituel (SDR et audio 5.1), qui a été traité par les infrastructures de diffusion normales, et le nouveau flux en HDR HLG et Dolby Atmos, qui lui a été traité dans la « bulle ». « C’est la première fois qu’on mélange ainsi Dolby Vision et Dolby Atmos, et en plus, nous faisions du Dolby Vision rétrocompatible avec du HLG, en profil 8.4 », souligne Mickaël Raulet, Directeur Technique chez Ateme. Le signal récupéré par Ateme – en UHD HLG et son Dolby Atmos – a été encodé et packagé de façon à garder les rétrocompatibilités. « Nous avons rajouté les métadonnées Dolby Vision sur le signal vidéo HLG, et avons encodé le son en Atmos, et la vidéo en HEVC, le tout en basse latence », décrit Mickaël Raulet.
Assurer la compatibilité
« Le challenge principal a été d’assurer la compatibilité des différents terminaux, et pour cela, nous avons mené plusieurs tests, explique Mickaël Raulet. Et le signal n’a été disponible que très peu de temps avant. Il a donc fallu agir vite. »
Pour la partie Dolby Atmos, il fallait que le signal puisse être lu par un équipement non compatible, par exemple un appareil en Dolby Digital Plus 5.1 ; pour la partie Dolby Vision, il fallait valider que le HLG était rendu de façon correcte sur tous les appareils. Il aurait été possible de pousser la qualité sonore encore plus loin, notamment en utilisant le codec audio AC-4, mais cela aurait réduit la taille du parc des appareils compatibles.
Les téléspectateurs convaincus
Le principe d’une « bulle » indépendante et d’une chaîne dédiée a tellement bien fonctionné que Canal+ veut prolonger le dispositif. « Cela permet de vraiment tester des nouveaux standard, logiciels, ou autres, sans prendre aucun risque sur l’intégrité de nos structures de diffusion, souligne Vincent Wel. Nous voulons conserver cette infrastructure de test, et même la développer avec nos partenaires et la mettre dans le Cloud, pour pouvoir vraiment pousser les expérimentations. »
Et surtout, les téléspectateurs en redemandent. « Les retours, nombreux sur les réseaux sociaux, ont été très positifs : la qualité du son et de l’image a été appréciée, et une vraie appétence pour ce niveau d’expérience sonore et visuelle s’est fait jour », souligne Matthieu Montigaud.