Même si Shure ne souhaite pas communiquer précisément sur sa technologie d’encodage et de modulation, y a-t-il des informations disponibles sur la question ?
Sur la gamme Axient Digital, Shure utilise la modulation 16-QAM. L’audio est au format 24 bits/48 kHz encodé dans un format propriétaire avec réduction de débit et sans perte. Ce type de modulation offre un bon compromis entre le débit qui reste limitée et la robustesse de la porteuse RF qui va garantir la portée du système. Pour compléter, il faut savoir que le système de correction des erreurs du récepteur utilise en permanence les trames des tuners A et B pour reconstituer le signal « abimé », que l’audio soit prélevé du tuner A ou B, ou de A et B.
En absence de réglage de niveau à l’émetteur, comment fonctionne la numérisation ?
Shure utilise ce que l’on appelle le « gain ranging ». Je ne sais pas comment traduire ça en français ! L’idée est d’optimiser l’étage d’entrée quelle que soit la source en faisant appel à deux préamplis couplés à un convertisseur A/N stéréo. Le but étant d’obtenir la meilleure résolution des convertisseurs en traitant les signaux audio de faible amplitude et de forte amplitude séparément. Cela permet de prendre en charge une dynamique du signal source de presque 130 dB tout en offrant un excellent rapport signal/bruit. Les deux demi-trames numériques issues de chaque convertisseur vont ensuite moduler l’émetteur. Pour l’utilisateur, la gestion du gain est simplifiée puisque celui-ci se règle au niveau du récepteur. Et pour faire face à des sources audio à très fort niveau, les émetteurs de poche AD1 et ADX1 sont dotés d’un atténuateur 12dB (non présent dans le mini pocket ADX1M).
En circulant dans les menus du récepteur, j’ai vu des options qui ont attiré mon attention comme le mode Diversity de fréquence…
La fonction Diversity de fréquence permet de transmettre une seule et même source audio sur deux fréquences différentes via deux émetteurs de poche ou un seul émetteur main de type ADX2FD. Lorsque ce mode est actif, c’est le récepteur qui gère automatiquement l’audio des deux canaux.
Dans le même ordre d’idée, j’ai vu passer la fonctionnalité « gestion des interférences »…
Le menu de gestion des interférences permet de configurer le comportement du système en cas d’interférence. Par exemple, le paramètre Détection mode permet de choisir si le changement de fréquence sera manuel ou automatique. On choisira Auto si un manageur de spectre est présent dans le système, qu’il aura été associé au récepteur et que l’on utilise des émetteurs pilotables ADX. Le système change alors de fréquence tout seul. On restera dans la position manuelle si l’une des conditions n’est pas remplie…
J’ai vu qu’il y avait également un mode High Density…
Effectivement, en modifiant le process de modulation, Shure propose un mode High Density qui permet d’augmenter considérablement le nombre de fréquences compatibles par canal TV. En mode standard, on arrive à vingt-trois canaux alors qu’en mode HD on peut monter jusqu’à soixante-trois fréquences dans un canal TV (soit 8 MHz ndlr). Ce mode implique deux restrictions : la puissance d’émission devient limitée à 2 mW et la latence passe de 2,08 ms à 2,96 ms.
Dans quels cas utiliser les fonctionnalités que propose Shure en tournage ?
La fonction Diversity de fréquence peut vraiment s’avérer utile lorsque l’on veut sécuriser une prise en tournage et que l’on évolue dans un environnement RF difficile. Cela impose d’équiper le comédien avec deux émetteurs mais cela assure la redondance audio sans intervention de l’opérateur. Le mode High Density n’a, à mon avis, pas d’intérêt dans le cadre d’un tournage.
Ensuite il y a le ShowLink intéressant en tournage car il permet lorsque l’on choisit le mode direct de piloter à distance tous les paramètres des émetteurs depuis le récepteur. Après, dans le cadre d’un tournage en plateau où l’on peut intégrer au système un manageur de spectre AXT600, un point d’accès Showlink AD610 et, éventuellement, utiliser le logiciel de supervision Wireless Worbench, on pourra configurer la fonction Showlink en mode réseau et bénéficier ainsi de toute la puissance du manageur de spectre capable de surveiller en temps réel un nombre très important de fréquences de secours, pouvant être déployée en quelques millisecondes vers les émetteurs ADX et les récepteurs ADX5D.
Que peut-on dire sur la consommation électrique du récepteur ADX5D ?
En moyenne, il faut compter environ 4,5 W soit sur 12 V entre 300 et 375 mA, sachant que certaines fonctions comme le ShowLink augmentent la consommation
Est-ce qu’une intégration du pilotage des émetteurs depuis les mixeur-enregistreurs présents sur le marché est prévue ?
Oui et c’est tout récent puisque cette fonctionnalité vient d’être ajoutée à la toute dernière version du firmware qui vient d’être publiée. En effet, dans les release notes, j’ai pu lire que le support des enregistreurs Cantar Aaton et Sound Devices est désormais inclus.
Extrait de l’article paru pour la première fois dans Mediakwest #44, p. 24-30