La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé réouvre ses portes avec une rétrospective Marcel L’Herbier

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé a réouvert ses portes avec une sublime rétrospective dédiée à Marcel L'Herbier et avec un nouvel espace : Le Studio, conçu par l'architecte Renzo Piano.
L'Argent (1928) © Lobster Films (film restauré par Lobster Films en 2019)L'Argent (1928) © Lobster Films (film restauré par Lobster Films en 2019)

Jusqu’au 15 juin 2021, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé rend hommage au génie de Marcel L’Herbier. Figure de proue du cinéma français d’avant-garde des années 1920, Marcel L’Herbier est un pionnier du cinématographe. Cinéaste parfois injustement oublié, il a pourtant signé de nombreux chefs-d’œuvre au même titre que ses grands modèles : Cecil B. DeMille et Erich von Stroheim. Pendant près d’un mois, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose à ses spectateurs de découvrir en ciné-concert ses œuvres muettes, véritables pépites du septième art.

 

Érudit avec un goût prononcé pour la littérature, « ce théoricien, esthète et ouvrier du Septième art », comme s’y réfère Jean Dréville, est saisi par la fièvre du cinéma alors qu’il assiste à une projection de Forfaiture (1915) de Cecil B. DeMille. En 1916, il se confronte directement à la matérialité de la pellicule lorsqu’il rejoint la Section Cinématographique de l’Armée où il est en charge de la réalisation d’actualités. Revenu à Paris, L’Herbier se rattache à la première avant-garde cinématographique aux côtés de Louis Delluc, Germaine Dulac, Abel Gance, René Clair et Jean Epstein partageant ce désir d’expérimenter un nouveau langage plastique, poétique et symbolique.

Repéré par Léon Gaumont, il intègre sa société pour laquelle il tourne plusieurs longs métrages. En 1919, Marcel L’Herbier entreprend la réalisation de Rose-France, un premier essai poétique aux valeurs patriotiques. Avec L’Homme du Large, il développe sa grammaire visuelle en proposant un montage et des cadrages inédits. Mais l’entente se détériore entre le producteur et le cinéaste, lequel revendique une approche artistique du cinéma et milite pour la reconnaissance du statut d’auteur. En 1921, El Dorado, tourné in situ à l’Alhambra de Grenade, cristallise leurs désaccords. Marcel L’Herbier souhaite reproduire visuellement le mal-être de son héroïne et le traduit par un jeu d’images floues, ce qui est perçu comme une défaillance technique par le producteur.

L’année suivante, Marcel L’Herbier crée sa propre société de production, Cinégraphic, afin de choisir les projets qui le passionnent tels que l’essai expérimental de son ami et collaborateur Claude Autant-Lara (Faits-divers, 1923).

Pour son premier film autoproduit, il s’intéresse à l’œuvre de Léon Tolstoï intitulée Résurrection qui n’aboutira jamais en raison de sa santé. En 1924, Marcel L’Herbier s’entoure de membres de l’avant-garde artistique tels que le peintre Fernand Léger, le décorateur Alberto Cavalcanti, l’architecte Robert Mallet-Stevens ou encore le couturier Paul Poiret pour la confection d’une « histoire féérique » mêlant arts décoratifs et futurisme : L’Inhumaine. En 1926, il collabore avec la société de production Albatros pour la transposition de l’œuvre Feu Mathias Pascal de Luigi Pirandello à l’écran. Afin de réaliser cette épopée, le personnage principal est interprété par le charismatique Ivan Mosjoukine et les lieux de prises de vue sont variés.

Pour son avant-dernier film muet, il transpose L’Argent d’Émile Zola (1891) dans la finance du Paris contemporain en s’installant dans le palais Brongniart. Il y élabore tout un répertoire de méthodes de prises de vue et propose des innovations techniques pour s’adapter à l’intérieur du bâtiment. Le quotidien de ce tournage et l’ensemble de ces inventions sont évoqués dans le moyen métrage de Jean Dréville, présent sur le plateau (Autour de L’Argent, 1928).

À l’avènement du cinéma sonore, Marcel L’Herbier poursuit sa carrière en s’inspirant d’ouvrages littéraires tels que Le Bonheur (1934) d’Henri Bernstein avec Gaby Morlay et Charles Boyer. Trois ans plus tard, il orchestre un remake de l’œuvre à l’origine de son exaltation cinématographique, Forfaiture, avec Sessue Hayakawa reprenant son propre rôle.

Également au programme : Le Bercail (1919), Le Carnaval des vérités (1920), Le Vertige (1927), Le Diable au cœur (1928), Nuits de Prince (1929) ainsi que des courts métrages dont sa conférence « Le Cinématographe et l’Espace ».

Toutes les projections sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d’improvisation de Jean-François Zygel (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris).

 

« Faire un film, c’est inventer une musique d’images, de sons, de rythmes ; c’est composer des valeurs visuelles, sans aucune équivalence dans un autre art. »

Marcel l’Herbier (1931)

 

Tarifs :

Billet couplé 1 séance de cinéma + accès aux espaces d’exposition :

Tarif plein : 7 € ; Tarif réduit : 5,50 € ; Moins de 14 ans : 4,50 €

Tarif partenaire (pour les abonnés du Libre Pass de la Cinémathèque française et le CinéPass Pathé Gaumont) : 4 €

Carte 5 places valable 3 mois : 20 €

Carte 5 places à retirer sur place