Get-Live, une approche automatisée de la captation live

Entretien avec Stéphane Dery, fondateur de Get-Live, autour des enjeux et de l’avenir de la captation automatisée.
Pixellot propose de nombreux services autour de la captation, la réalisation et la distribution de contenus en utilisant des algorithmes de machine learning. © DR

Stéphane Dery, qui depuis plus de vingt ans œuvre dans le domaine du broadcast et des nouvelles technologies, vient de fonder Get-Live. Dédiée à la distribution et à l’intégration, Get-Live est la première société française à inscrire pleinement son activité dans l’univers des caméras automatisées. À une époque où il faut produire toujours plus de contenus dans des contraintes budgétaires sans compromis sur la qualité, la proposition est pertinente et arrive à point !

 

Mediakwest : Pouvez-vous nous présenter la société Get-Live ?

Stéphane Dery : Get-Live est la synthèse d’une carrière d’un peu plus de vingt ans dans le domaine du broadcast, du sport business et des nouvelles technologies.

J’ai eu la chance d’approcher ces métiers à la fois du côté industriel au sein d’une marque leader dans le domaine de la captation, mais également en intégrant un prestataire vidéo mobile et plateaux il y a quatre ans maintenant.

Le monde dans lequel nous évoluons a vu, ces dernières années, le besoin d’images augmenter très fortement avec la démultiplication des canaux de diffusion.

Pour faire face à cet accroissement de la demande, il s’agit en permanence de faire preuve d’agilité en conciliant les apports de la technologie avec des méthodes de travail innovantes. C’est ce qui m’a naturellement amené à créer la première société française entièrement dédiée à l’intégration et à la distribution de caméras automatiques.

 

Justement la caméra automatique, qu’est-ce que c’est ?

Une caméra automatique permet de réaliser avec une seule caméra une production complète avec ou sans opérateur. Le concept est simple, il reprend le principe des smartphones que nous connaissons tous. Sur un téléphone d’aujourd’hui, la définition est suffisamment élevée pour pouvoir zoomer dans l’image, voire la recadrer sans perdre en qualité.

La caméra automatique de Pixellot est une caméra 6K/8K répartis sur quatre axes avec un système de stitching interne. À cette caméra très haute définition est couplé un système à base d’intelligence artificielle à qui l’on a appris à réaliser une production via des milliers d’heures passées aux côtés de réalisateurs live. C’est ce que l’on appelle le « machine learning ».

À partir de là, le logiciel va recadrer l’image en fonction des zones d’action du match, comme le ferait une équipe de tournage. La résolution de la caméra permet de conserver, malgré les zooms dans l’image, une qualité HD irréprochable.

 

Pouvez-nous présenter la société Pixellot et, en quelques mots, son histoire et les raisons de son développement rapide ?

Pixellot est une société high tech fondée à Tel-Aviv en 2014 par des passionnés d’images et plus particulièrement de sports partant d’un constat simple : aujourd’hui encore, seulement 1 % des compétitions sportives dans le monde sont diffusées. La raison principale est liée au coût d’accès à la production broadcast, intouchable pour les compétitions non-premium.

L’idée est de rendre visibles, via tous les supports, des millions d’heures de programmes qui n’auraient jamais trouvé de public. Le système est extrêmement simple à mettre en œuvre, nécessite très peu de personnel et peut répondre aux normes de qualités des plus grandes compétitions.

Le résultat ne s’est pas fait attendre avec des chiffres inédits dans un domaine d’activité aussi récent : plus d’un million d’heures de programmes sportifs par an sont produites dans le monde avec un système Pixellot, réparties sur près de 10 000 sites équipés de caméras. Le chiffre d’affaires est multiplié par deux chaque année depuis la création de l’entreprise.

Ce succès fulgurant a plusieurs causes : la qualité de fabrication des caméras qui constituent la pierre angulaire du système bien sûr, mais surtout l’intégration d’une intelligence artificielle extrêmement perfectionnée permettant, non pas de suivre l’action, mais de l’anticiper. Cela permet une immersion du spectateur beaucoup plus grande, avec notamment le recours à des plans moyens et serrés, proches d’une réalisation classique.

Enfin, Pixellot n’est pas qu’une solution d’automatisation de la captation : il est possible d’intégrer le logiciel sur des systèmes virtuels ou plus traditionnels (Vmix, Simply Live…) et de gérer un flux multicaméra en complétant le dispositif avec des tourelles, voire des cadreurs ENG. Cette spécificité unique ouvre la porte aux productions plus premium.

 

Quels seront les enjeux à relever et les missions à mener au sein de Pixellot ?

La tâche est lourde car l’implantation des caméras automatiques au sein du marché français est encore très faible. Il y a donc un véritable travail d’éducation à faire pour que ce mode de production soit intégré dans l’esprit des producteurs réalisateurs et ayants droit.

L’offre Pixellot est large avec des solutions allant du 25i au 50i, un ensemble de logiciels permettant de gérer des highlights, des statistiques de manière automatisée. Récemment, Pixellot a même lancé un nouveau concept « Bring your own device » où l’utilisateur peut utiliser une caméra personnelle, uploader son fichier sur le cloud Pixellot et récupérer quelque temps après un programme entièrement réalisé, intégrant même l’habillage et les meilleurs moments du match.

Mais l’un des points forts du système est aussi de pouvoir donner accès à partir d’une caméra automatique à des productions multicaméras en rajoutant au dispositif des caméras portables ou tourelles, un avantage unique du logiciel Pixellot.

Cela en fait un système totalement évolutif où, selon l’événement, le détenteur de droits peut décider d’offrir un spectacle allant jusqu’à la production premium équivalente à un six caméras.

 

Depuis quelques années on parle de technologies disruptives dans la chaîne de production de contenus, mais c’était surtout sur les étapes de traitement des contenus, de postproduction, de diffusion, là il s’agit du tournage. Quels sont les bénéfices de la technologie ?

Les bénéfices sont multiples. Financiers, bien entendu, car une captation automatisée permet d’obtenir un coût de production entre deux et quatre fois moindre par rapport à une production traditionnelle. Ensuite, parce qu’elle permet de démocratiser l’accès à l’image : un club, une ligue, une fédération, voire un diffuseur peuvent installer à demeure ce type de solution et bénéficier d’une captation broadcast à distance de façon permanente.

C’est pour cela que nous comptons parmi nos clients aussi bien de grands clubs comme le Barça ou le Bayern que de petites compétitions semi-amateurs, en passant par des noms aussi prestigieux qu’Amazon Prime, ESPN ou IMG Group.

 

Pixellot a un ancrage fort dans le sport, voyez-vous d’autres secteurs et marchés possibles de développement ?

Bien entendu, la technologie sur le papier rend tout à fait possible l’utilisation de caméras automatiques sur des programmes de flux, voire du spectacle vivant. Ce n’est pas à ce jour la priorité de la marque, mais la demande est très importante donc l’avenir nous réserve certainement quelques surprises…

 

La crise sanitaire, qui a impacté la production des contenus, est-elle un catalyseur pour adopter de nouvelles méthodes ?

Il est clair que la crise sanitaire que nous traversons malheureusement est un accélérateur d’adoption de ce type de technologies : le tournage peut être réalisé sans personnel sur site, avec une gestion pensée pour la remote-production et des systèmes intégrés de distribution de signal et de stockage. La production doit s’adapter à ce nouveau monde et l’accès aux solutions automatisées est une véritable opportunité pour nos clients et, je l’espère, pour Get-Live.

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #38, p. 12-13. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.