Fin septembre 2018, se déroulera l’une des plus prestigieuses compétitions de golf au monde. La Ryder Cup, qui oppose une équipe américaine à une européenne, se tiendra en effet sur le golf national, situé à environ 30 km au sud-ouest de Paris. Le parcours y est, paraît-il, très spectaculaire. Selon les spécialistes, il se classe constamment dans le top dix des meilleurs terrains d’Europe. Pourtant, peu de prestataires audiovisuels français seront de la partie…
Deux chaînes dédiées au golf
Si les diffusions sur les canaux hertziens sont rares, la France, qui compte environ 420 000 licenciés, bénéficie tout de même de deux chaînes payantes, intégralement consacrées à la discipline. Golf+, chaîne éditée par le groupe Canal, annonce disposer de 520 000 abonnés.
« Sur Golf+, nous retransmettons plus de 2 000 heures de direct chaque année. Lors des grands événements, nous partageons l’antenne avec Canal+ Sport. Nous produisons en interne également des magazines, dont une émission d’une heure avec un invité chaque semaine », précise Thierry David, le rédacteur en chef de Golf+.
De son côté, le groupe AB distribue Golf Channel avec des droits moins étendus et des programmes essentiellement anglo-saxons.
Peu d’images produites par les Français
La France organise de beaux tournois avec, par exemple, l’Evian Championship pour les femmes, ou encore l’Open de France pour les messieurs. Si les principaux prestataires tricolores sont parfois intervenus sur quelques événements de golf, ce fût presque toujours en partie seulement. Les instances du golf mondial (PGA) ou européen (European Tour) gèrent elles-mêmes la production d’images. Elles font appel tout au long de l’année à une même équipe (bien souvent CTV, filiale britannique d’Euromedia Group).
« C’est tout à fait normal et il pourrait difficilement en être autrement. À l’image de ce que fait la FOM en Formule 1, il est préférable pour tout le monde d’avoir une même équipe dédiée sur l’ensemble des épreuves d’une discipline. D’une part, la qualité est au rendez-vous grâce à une mécanique bien rôdée, ce qui est assurément le cas pour le golf ; d’autre part, cela permet au prestataire, qui investit énormément, d’amortir ses coûts à plus long terme », avance François-Charles Bideaux, directeur des productions sports de Canal+ et ancien réalisateur de l’Evian Championship.
Il est vrai que filmer le golf nécessite d’importantes ressources. « Pour couvrir les 18 trous, il n’est pas rare de devoir exploiter jusqu’à 25 caméras et des moyens HF très importants. En fonction de la topographie du parcours, il faut parfois monter des relais sur des tours », précise Fabrice Miannay, directeur commercial HF d’AMP Visual TV, qui a également un peu d’expérience sur la discipline.
Des innovations techniques pour mettre un pied sur le green
Les super slow motion et autres mouvements caméras sont nombreux afin de valoriser le terrain de golf, mais aussi le public présent. Pour Luc Poullain, d’ACS France, spécialiste de la machinerie aérienne et sportive, exploiter des caméras avec de très grandes focales pourrait se faire à l’aide de matériel maison : « Nous avons déjà exploité nos Cablecam pour les plans aériens sur des parcours par le passé. Cela pourrait être à nouveau le cas avec nos têtes gyrostabilisées ultra légères Shotover G1. Elles offrent la possibilité de filmer avec de très longues focales. »
Aujourd’hui, les drones sont utilisés en différé uniquement, car ils sont jugés trop bruyants. Leurs plans sont très intéressants pour enregistrer le parcours avec de jolis mouvements qui mettent en valeur le site de compétition et ses alentours. Ces séquences sont ensuite proposées en début de direct pour présenter les spécifications du terrain aux téléspectateurs.
Mais d’autres solutions de prises de vues sont à l’étude chez différents fabricants et prestataires tricolores. Certains, que nous avons interrogés, affirment être en mesure de proposer de nouveaux systèmes, particulièrement adaptés au golf. Difficile d’en savoir davantage tant ces derniers souhaitent réserver l’exclusivité de leurs recherches aux instances internationales.
Les Français redoutent (et jalousent sans doute un peu aussi) la prédominance britannique dans la production de ce sport. Ils essaient donc de faire leur trou en entrant dans le milieu de la petite balle via leurs innovations techniques en matière de machinerie. La démarche est sans doute sensée, mais elle nécessite tout de même énormément d’investissements et de temps de développements, sans aucune garantie de détrôner l’hégémonie anglo-saxonne.
* Article paru pour la première fois dans Mediakwest #24, p. 80. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.