S’appuyant sur un réseau de revendeurs, l’entreprise travaille en France, en Belgique pour la plupart de ses marques, ainsi qu’au Maroc et en Espagne pour une sélection d’entre elles. Une relation basée sur la confiance avec les professionnels du secteur leur a permis d’entrer dans le cercle des membres de l’AFC, de l’AEC en Espagne, et bientôt du SBC en Belgique. Au début, la Led était un pari, beaucoup de produits arrivant sur le marché étant de piètre qualité.
Comment a débuté l’histoire d’Innport ?
Nous avions repéré pour France Télévision des Leds équivalentes aux célèbres mandarines pour équiper des kits de reportages ; nous les appelions les mandaled. Ce fut le début de notre succès. Nous avons ensuite trouvé en Italie des modules s’insérant dans les Fresnels existantes et avec lesquels nous avons équipé de nombreux plateaux de France Télévisions, leur évitant ainsi de changer leur parc d’éclairage. Les anciennes lampes étant remplacées par des modules complets ; les studios conservaient leur câblage DMX.
Après 6-7 ans d’utilisation, ça n’a pas bougé. On a commencé à équiper les plateaux de Marseille, puis de Grenoble, Lyon, Bordeaux et Toulouse. Ensuite des marques ont commencé à nous suivre, comme Chimera, la première marque connue de Leds, et Fiilex.
Où est localisé Innport ?
Notre siège est à Sète. Nous sommes actuellement à la recherche de locaux parisiens. Nous disposons d’un bureau chez notre commercial externalisé et la société de location Acc&Led, dirigée par Jacqueline Delaunay, nous accueille pour les éléments volumineux. À Sète, tous nos produits de démonstration sont à la disposition des loueurs pour de la sous-location en cas de besoins ponctuels. Nous disposons d’un parc de matériel de démonstration équivalant à 200 000 € de matériel en valeur d’achat. Sur Paris, des sociétés comme Acc&Led proposant déjà une offre de sous-location, notre important stock de matériel est réservé aux démonstrations et à quelques dépannages de dernière minute.
Comment l’entreprise est-elle structurée ?
Alors que nous étions dans une logique de croissance, pour faire face à la crise sanitaire du coronavirus, nous avons dû recentrer notre équipe autour de cinq personnes et d’un commercial externalisé, Patrice Blanchard. Il s’occupe essentiellement des revendeurs. Jeff Mauger, notre deuxième responsable commercial sur la région parisienne, anciennement responsable technique lumière de TSF, s’occupe des loueurs. Jérôme Van Dyk, notre responsable technique, a pour credo : réparer tout, ne rien jeter ! Notre business repose à 90 % sur les loueurs qui ont un intérêt évident à rentabiliser et pérenniser leurs investissements.
Votre axe de développement prioritaire reste-t-il la Led ?
Dès le début, nous avons choisi un domaine novateur où les gens ne nous attendaient pas, la Led. Aujourd’hui, la principale marque que nous distribuons est Aladdin. Nous proposons également une offre d’éclairage HMI jusqu’à 19 kW, qui connaît un succès grandissant. Des clients ont pu éprouver leur résistance pendant plusieurs mois et France Télévisions en a équipé certains plateaux.
Il y a trois modèles : les 1,2/1,8 kW, 2,5/4 kW et 6/9 kW. Ils présentent un avantage : les têtes des câbles de ballasts sont compatibles avec la série M de chez Arri.
Nous disposons d’un centre technique européen en France, dirigé par la famille Atanassian, très connue du milieu du cinéma. Ils ont validé techniquement les produits après vérification des points de contrôle sur les cartes, en présence des fabricants venus en France pour l’occasion.
Toutes les Leds étaient loin d’être parfaites lors de leur intrusion dans les mondes du cinéma et de la télévision, comment avez-vous sélectionné les bons « élèves » ?
Nous nous sommes cassé les dents sur les premiers modèles présentant des dominantes vert-magenta, en trouvant des astuces pour les corriger et obtenir des lumières avec un IRC (Indice de rendu des couleurs) proche de 90. L’évolution a été importante, l’IRC de tous les modèles est aujourd’hui nativement supérieur à 95. On travaille sur des analyses plus fines de la courbe des blancs et du paramètre delta UV. Nous mesurons l’éloignement sur la courbe entre le blanc pur et les dominantes éventuelles.
Avez-vous sélectionné d’autres produits en dehors de l’éclairage ?
Nous proposons une marque de batteries très technique, FXLion, qui conçoit des batteries à fort ampérage et des systèmes multi-batteries. Nous sommes également reconnus dans le domaine de la transmission vidéo HF via la marque chinoise CVW, notre client le plus friand de cette solution étant TSF Caméra. La différence par rapport à la concurrence : quand on branche, ça marche ! Le responsable technique de Planipresse nous a remerciés lors du tournage de l’émission midi en France : « J’adore votre nouveau système, avec lui je n’ai pas un coup de fil du week-end ! ».
On propose des liaisons avec une portée de 100 à 800 mètres et des fonctionnalités avancées de récupération d’informations à travers le signal SDI et de déclenchement de l’enregistrement. La gamme Beamlink propose une très faible latence de 60 millisecondes ; un seul récepteur traite le signal de quatre émetteurs. Une large bande passante permet de piloter des caméras tourelles et une connexion IP autorise une transmission en streaming.
On propose également quelques références de moniteurs 7 pouces d’entrée de gamme très fiables sous la marque Videorider, notre marque de produits boutiques milieu de gamme, testés et validés par nos soins. Nous proposons une autre marque de qualité légèrement supérieure, Cinerider.
Quelles marques d’éclairages Led distribuez-vous ?
Fiilex est la première marque connue à Leds à nous avoir fait confiance. Même si elle représente un chiffre d’affaires limité, nous sommes leurs ambassadeurs pour l’Europe. Ils étaient les premiers à proposer des valises pour le reportage très bien conçues, avec trois projecteurs, les pieds et les alimentations.
On les a rapidement retrouvés sur des plateaux de France Télévisions, notamment celui de l’émission Les Maternelles, avec des éclairages 90 watts à très faible encombrement et à température de couleur variable, DMX intégré et contrôle du magenta et du vert pour l’association avec d’autres éclairages. Ils proposent également une gamme de Fresnel nommé Q8 sur la base d’un projecteur de 350 watts avec un très grand débattement « spot/flood ». Matrix est un autre modèle carré très puissant qui propose 70 % des résultats du modèle Arri S60 dans un encombrement très réduit, facile à mettre en œuvre, avec des fonctionnalités équivalentes et un tarif bien moins élevé.
Nous avons fait deux gros voyages en Chine pour visiter les usines de nos marques principales, et vérifier leur niveau de professionnalisme. Leur niveau de technicité est impressionnant. Nous ne négocions jamais le prix avec nos fournisseurs pour nous assurer la qualité, et privilégions l’évolution des produits aux baisses de tarif. Nous travaillons uniquement avec des marques fortes et sérieuses comme LightStar ou Aladdin, notre marque principale, qui représente la moitié de notre chiffre d’affaires. C’est la première marque que nous avons réussi à imposer dans les listes de tournage.
Peut-on citer quelques-uns de leurs produits et présenter leurs avantages techniques ?
C’est une marque coréenne que nous avions repérée à l’IBC il y a six ans. Inventeurs du panneau souple, ils proposent différentes tailles, de 30 x 30 jusqu’à 90 x 90. C’était la première fois qu’on pouvait cacher les lumières où on le souhaitait, dans des espaces très confinés, dans une voiture ou au-dessus d’un ascenseur. On pouvait les mettre sur batterie. On a mesuré un IRC de 98, qui n’existait pas à l’époque. Technologiquement ce sont des Leds SMD plates, ouvertes à 120 degrés.
Nous distribuons deux marques de panneaux souples : Aladdin et Fomex. Nous travaillons avec Aladdin essentiellement pour les loueurs et Fomex pour les boutiques.
Où en est-on de l’état de l’art de la technologie Led appliquée à l’éclairage ?
De nombreuses marques arrivent sur le marché en s’appuyant souvent plus sur le marketing avec des Leds RVB proposant des effets de police et de flambées, mais concrètement sur le tournage les besoins restent à 95 % limités à un blanc chaud ou froid. Chez LightStar, la température de couleur est réglable de 2 700 à 6 500 Kelvin.
Pourquoi avez-vous différencié Aladdin pour les loueurs et Fomex pour les boutiques ?
Lorsque Fomex est arrivé sur le marché avec des produits impressionnants, pour éviter tout risque de concurrence, nous avons pris la marque en distribution. Ils étaient très contents parce que nous étions le revendeur numéro un dans le monde de la marque Aladdin. Actuellement nous devons être le deuxième ou troisième après l’Angleterre et les États-Unis.
Nous ne voulions pas perturber le travail de nos loueurs, Aladdin proposant déjà une très large étendue de produits à Leds avec une grande cohérence technologique qui permet leur mélange. Les productions qui acquièrent leur propre matériel n’ayant pas les mêmes besoins ni les mêmes problématiques, le prix étant également légèrement inférieur, l’offre était cohérente pour les boutiques.
Quelles sont les meilleures technologies actuelles de pilotage des éclairages Leds ?
Le besoin de piloter les éclairages sans fil est aujourd’hui évident, mais peu de fabricants maîtrisent vraiment les technologies. Le fabricant de composants LumenRadio s’est imposé, avec ses solutions wi-fi DMX. Aladdin intègre les protocoles wi-fi LumenRadio en complément du pilotage DMX filaire, sans fil « radio », ou bluetooth sur la gamme All-In. D’autres marques comme Ledgo intègrent depuis des années leurs propres puces et fournissent une télécommande avec des numéros d’identification. C’est une technologie différente du DMX. Ils proposent également des bornes wi-fi et une application pour permettre le pilotage du RVB et des effets.
Les produits Ledgo sont de très belle qualité, mais leur construction en ABS nous a incités à réserver leur distribution aux boutiques. La maison mère propose également la marque Nanlite ciblant l’entrée de gamme. Le taux de retour en SAV est très faible. Notre confiance en la marque est telle que nous avons placé certaines références sur des plateaux, notamment les panneaux ultra-matte en 144 watts ou 288 watts, assez larges, présentant un rapport qualité-prix imbattable.
Est-ce qu’aujourd’hui la Led remplace l’ensemble des lampes de technologies plus anciennes ?
La problématique principale est le nécessaire refroidissement qui augmente avec la puissance. Les dissipateurs lourds ou volumineux doivent parfois être complétés par des ventilateurs. Les constructeurs ne sont pas tous aussi efficaces dans le traitement acoustique ; la maîtrise des technologies telles que les pièges à sons demande de l’expérience.
Des fabricants comme Ledgo proposent des fonctions complètement silencieuses pour des produits jusqu’à 500 watts ; la Led étant alors utilisée à la moitié de sa capacité. Lorsque les Leds sont utilisées au maximum de leur capacité, l’échauffement est important et la dégradation rapide. Les fabricants qui sous-exploitent les Leds assurent une plus grande longévité des éclairages. Nous aimons bien pouvoir tout réparer et nous sommes également attentifs à notre empreinte carbone. On essaie d’introduire plus de services dans notre offre.
Êtes-vous amené à travailler avec les clients finaux ?
Nous intervenons souvent en appui d’intégrateurs qui disposent, pour nombre d’entre eux, d’une partie bureau d’études. C’est le cas de TRM Audiovisuel, Visual Impact France, Loca Images, Video Plus France, Videlio et Objectif Bastille ; ils nous donnent leurs contraintes et nous mettent souvent en relation directe avec leurs clients pour mener le projet à son terme.
Article paru dans Mediakwest #37, p. 108-111. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.