Ces rencontres ont mis en lumière les enjeux de la R&D pour les studios d’animation français qu’il s’agisse des gains de productivité et de la recherche de solutions logicielles alternatives.
Ainsi que l’a rappelé René Broca en introduction, « Que l’on parle d’innovation technique ou de formation, tout nous ramène à la productivité : comment l’améliorer, comment la mesurer, comment s’y préparer. Il est donc utile de réfléchir, de comparer, de s’informer, d’échanger, de découvrir ».
RADI : des pipelines et des profils de plus en plus techniques…
Les différentes interventions ont souligné les avantages que peut représenter l’intégration d’un outil de gestion du flux de production dans des studios, y compris de taille plus modeste. La mutualisation des efforts portés sur la R&D, le remplacement d’outils logiciels contraignants par des alternatives plus souples ont fait partie des pistes de réflexion.
Le rendez-vous a également mis en lumière et confirmé la recherche par les studios de profils techniques (Technical Directors – TDs), souvent de niveau cadre, afin d’améliorer la gestion de pipelines de production de plus en plus complexes. La place du logiciel libre dans les productions a fait l’objet de tables rondes très suivies, le sujet devient un véritable enjeu de productivité pour des studios et les témoignages nombreux et spontanés ont permis de mieux en cerner les avantages.
RAF : des alternatives aux approches « classiques »
2017 a confirmé les effets des crédits d’impôt dans le secteur de l’animation : en un an, le CNC et le SPFA ont noté un doublement des dépenses en France dans le secteur (+172 M€). Cette augmentation des dépenses s’accompagne d’une croissance du volume de production avec 388 heures aidées (+36,1%).
Les chiffres d’Audiens ont confirmé cette tendance avec une année record en termes de masse salariale : 138 M€ et 5300 techniciens intermittents (CDDU) représentant 70% de celle-ci. Dans le même temps, le secteur poursuit sa structuration avec 730 ETP (Equivalents Temps Plein) dont 83% sont en CDI (+150 CDI depuis 2015).
Ce marché de l’emploi « en tension » comme l’ont qualifié de nombreux studios impacte de fait les écoles, sollicitées pour former des profils plus techniques et d’encadrement, et sur des durées plus flexibles.
Plusieurs initiatives de formation récentes ont permis d’évoquer des alternatives en termes d’approche. L’Idem a ainsi présenté son dispositif de CFA (Centre de Formation des Apprentis) mis en place en 2016. Le studio TeamTO, en partenariat avec l’école de la Poudrière, a fondé une école solidaire à Bourg-lès-Valence. Gratuite et ouverte aux jeunes sans diplôme, elle forme au métier d’animateur 3D sur une période de 6 mois.
En septembre 2018, la réforme de la filière (Education Nationale) du Design et des Métiers d’Art (DMA) proposera un nouveau diplôme national, le DN MAD (Diplôme National des Métiers d’Art et du Design) qui succède aux DMA des écoles publiques en élargissant la formation avec une troisième année, centrée sur la pratique professionnelle.
Le modèle pédagogique d’ArtFX qui s’affranchit des cours et des notes au profit de savoirs et de workshops dans un parcours délinéarisé pour chaque étudiant fait également partie de ces approches singulières. Les RAF ont enfin confirmé la pertinence de la Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective (POEC), dispositif soutenu par l’Afdas et Pôle Emploi. En 2017, plus de 200 stagiaires et une douzaine d’entreprises en ont bénéficié pour des formations pointues répondant à des demandes concrètes de studios.
Toutes ces initiatives ont en commun une démarche consistant à former des professionnels sur des points techniques précis en lien avec des demandes des studios, sur des périodes moins longues pour une mise sur le marché du travail plus rapide.
« La France dispose d’un rapport coût/performance des techniciens de l’animation unique au monde », a indiqué Jacques Bled (Illumination MacGuff). « Encore faut-il veiller à le maintenir ; il convient de se poser la question de l’accompagnement des studios, des jeunes diplômés et cela peut, par exemple, passer par des partenariats studio/école pour un dialogue renforcé. »
C’est tout l’enjeu de ces Rencontres depuis neuf ans organisées par le Pôle Image Magelis avec le soutien du CNC, de la CPNEF Audiovisuel, de la FICAM et du SPFA…