Cette année Ecoprod, qui fête ses 15 ans, accueillait neuf films en compétition… ” Nous avons reçu moins de films que les années précédentes mais ces films attestent d’une prise de conscience environnementale importante qui se reflète dans les projets environnementaux des projets qui ont été déposés”, souligne Pervenche Beurier, déléguée générale d’Ecoprod… “Face à l’urgence environnementale j’aurais aimé que les neufs films en compétition soient la norme, ils seront l’exemple mais c’est déjà bien ! “, poursuit-elle.
Le jury 2024 a souhaité décerner deux Prix ex-aequo et un prix Spécial du Jury
Un Prix Ecoprod ex-aequo a été décerné au Roman de Jim, un film d’Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu, en sélection dans la section Un certain regard.
… “Un film qui s’est adapté à son environnement avec la construction d’un décor qui sert aujourd’hui de maison des associations et qui a déployé une démarche fédératrice assez unique”, souligne le Jury conquis par le travail de Mathieu Thill, son chargé d’éco-production.
Les prestataires et fournisseurs présents sur le tournage partageaient les engagements environnementaux de la production. Ainsi, un partenariat a été noué avec l’Esat Prestige de Saint Claude, un foyer de travailleurs handicapés. Grâce à ce foyer, l’équipe déco a travaillé avec certains de ses pensionnaires, formés pour l’occasion, et a pu bénéficier de leurs matières premières, comme le bois. Enfin, la vieille Clio, abîmée par le temps, qui apparaît à l’écran était utilisée par ailleurs pour le transport des comédiens, afin de limiter le nombre de véhicules sur le tournage !
“Mon métier consiste a désaxer mon regard pour s’extraire du futile. Mon rôle sur le tournage , n’est pas une ligne de plus sur un devis je tiens à souligner que c’est un métier humain et égalitariste”, a souligné Mathieu Thill en recevant son prix.
– Un autre Prix Ecoprod ex-aequo a été décerné à Maria de Jessica Palud, pour récompenser plus particulièrement le travail de Marielle Duigou, productrice et Valérie Valéro, cheffe décoratrice.
“Valérie Valéro a réalisé un travail incroyable sur la décoration avec une impressionnante démarche de recyclage, de récupération “, souligne le Jury.
Valérie Valéro a rejoint Ecoprod il y a 13 ans pour réfléchir aux problématiques de décoration et développement durable. Elle a créé l’association Ecociné qui réfléchit à de nouveaux modes de production, qui elle même a fondé la Ressourcerie du Cinéma.
Maria étant un film historique, l’un des défis en termes d’impact environnemental résidait dans la création des décors. L’équipe déco, engagée de longue date sur les enjeux d’éco-conception, menée Valérie Valéro, la cheffe peintre Sabine Barthelemy et le chef constructeur Théo de Montalivet, ont conçu les décors à 90 % avec des matériaux et éléments recyclés. De nouvelles techniques ont été expérimentées sur ce long-métrage, tel que l’habillage des feuilles décor avec de la thibaude. La garde-robe d’époque a aussi été constituée à partir d’éléments majoritairement récupérés et / ou recyclés (80 % de seconde main).
“ Recevoir le Prix Ecoprod représente la consécration des efforts encouragés par la productrice et les chefs de poste. Cette reconnaissance prouve que les techniques d’éco-production existent et sont cohérentes et à coût égal ou inférieur aux techniques habituelles. Elle valorise la façon de faire des films éco-conçus qui va de pair avec la portée ou le contenu desdits films. Le Prix Ecoprod montre que le bilan carbone des films peut toujours être amélioré et qu’il n’y a ni fatalité ni restriction ou contre-indication à éco-produire un film difficile et ambitieux.” Marielle Duigou, productrice.
Le film se déroule dans les années 70-80. Maria n’est plus une enfant et pas encore une adulte lorsqu’elle enflamme la pellicule d’un film sulfureux devenu culte : Le Dernier tango à Paris. Elle accède rapidement à la célébrité et devient une actrice iconique sans être préparée ni à la gloire ni au scandale…
– Enfin, le prix Spécial du Jury a été décerné à Niki, film de Céline Salette. La réalisatrice, très investie dans une démarche de développement durable, signe ici son premier film et s’est entourée de Géraldine Toitot, administratrice de production/impact manager, Charles Jaeger, consultant en éco-production et Renan Artukmac, producteur.
Un découpage technique très précis a permis de favoriser les prises en lumière naturelle.. Les équipes ont innové pour éviter l’utilisation de moyens de transport motorisés et la machinerie lourde, en louant, par exemple, des vélos cargo pour réaliser les scènes de travellings extérieurs. Enfin, les lieux de tournage ont été regroupés dans des zones accessibles en transport en commun. L’intégralité des équipes les a pris, y compris la réalisatrice et les acteurs.
“Être distingué par le jury du Prix Ecoprod est un encouragement fort pour l’ensemble de la démarche d’éco-production entreprise par Cinéfrance Studios. C’est un honneur pour l’équipe du film qui s’est véritablement investie”, souligne Géraldine Toitot, administratrice des productions / Impact manager chez Cinéfrance Studios, société de production qui a récemment annoncé vouloir certifier 50 % de ses productions en 2024 avec le Label Ecoprod.
Cette nouvelle édition du prix Ecoprod a démontré que créativité et démarche environnementale responsable ne sont pas antinomiques et jury composé de Cyril Dion (écrivain, réalisateur, poète et militant écologiste), Antoine Barraud (réalisateur, scénariste, membre de la SRF), Christine de Jekel (productrice, productrice exécutive) et Pauline Gil (chargée d’éco-production, formatrice) s’est réjoui de la qualité des dossiers et de l’ampleur des actions mises en place dans la production de tous les films présélectionnés .