AMP Visual TV avait, pour l’occasion, mis en place des moyens spéciaux dans le car Millenium2 architecturé autour du mélangeur Sony MVS 7000X. Pour la prise de vue, AMP Visual TV avait déployé quatre caméras Sony F55 équipées d’un adaptateur de transmission à fibre optique 4K: CA-4000. Cet adaptateur, associé au BPU-4000, permet d’acheminer les signaux 4K vers le mélangeur et il fonctionne avec l’unité de commande HDCU-2000/2500. Cela permet de garder un environnement de production traditionnel. La technologie de transmission par fibre facilite grandement le déploiement des moyens de tournage sur le terrain. Les sorties des caméras étaient en REC 709. Parmi ces quatre caméras, trois étaient sur pied et une était mobile. Cette caméra servait pour composer des images en plan large. «Nous avons voulu tester des plans très composés, jouer sur les perspectives. Le but était que le téléspectateur se rapproche de l’écran pour bénéficier pleinement de cette qualité et ait une sensation d’immersion, qu’il profite de l’UHD», insiste Ephrem Garreau. Les quatre caméras étaient équipées de différentes optiques (Fujinon Cabrio 19/90, Superdigi 95 Canon, Canon 30-300, Fujinon Cabrio PL 14-35, Fujinon Cabrio PL 85-300).
Ce tournage devait valider différentes hypothèses sur la qualité des images 4K, la manière dont elles se comportaient en plan large, en gros plan mais aussi de pouvoir faire des essais comparatifs entre des images 4K natives et des images HD upconverties en 4K. Pour cela, les équipes ont installé deux caméras sur un rig. Une Sony F55 avec une sortie en RAW 50p et une caméra Sony HDC-1500 avec une sortie enregistrée en HDCAM SR 444 en 50p. Ces deux caméras placées en fond de terrain au niveau des buts ont filmé différentes séquences de jeu en plan large et serré. Les caméras étaient équipées de focales fixes. Ces images seront ensuite testées en upconversion afin de vérifier les différences qu’il peut y avoir entre les images 4K et des images HD upconverties en 4K.
Une réalisation en deux temps
Lors de la première mi-temps, le concept était de faire une réalisation 4K en se calquant sur une réalisation traditionnelle mais en tirant parti des bénéfices des images 4K. La deuxième mi-temps était plutôt dans un état d’esprit de test technique, de valider des hypothèses autour des images 4K. Durant le match, le réalisateur avait à sa disposition les caméras du signal international. Les images HD 50i étaient upconverties en UHD 50p. Il était possible également de récupérer les images ralenties de la réalisation internationale.
La différence entre des gros plans en HD upconvertis a été testée notamment pour savoir si une image HD en gros plan pouvait être suffisante en termes de qualité par rapport à une image 4K. Il est difficile de faire des gros plans en 4K sur des sujets en mouvement pour desproblèmes de profondeur de champ, et, pour le moment, il manque des longues focales pour équiper des caméras 4K.
Le car Millenium 2 comprenait deux serveurs de ralentis 4K EVS (2 entrées / 1 sortie) et un serveur Sony PWS4400 (3 entrées / 1 sortie). Le serveur Sony dispose d’une capacité standard de 2 To. Toutefois la capacité du serveur peut être augmentée jusqu’à 8 To. Les images sur le serveur sont encodées en XAVC à 500Mb/s en 50p (105 min). À la différence des serveurs EVS, chaque train d’images ralenties est représenté par un seul fichier. Prochainement ce serveur sera capable d’enregistrer des flux HD (6 entrées et une sortie). Il sera capable également d’enregistrer en DNXHD, pour travailler facilement avec Avid en mode Multi Caméra.
Cette production a été réalisée en partenariat avec Euro Media France, « AMP Visual TV et Euro Media ont travaillé chacun sur plusieurs événements en 4K. Nous avons donc décidé de partager nos expériences et matériels sur le match de football France-Norvège et également sur Roland Garros», indique Ephrem Garreau. Certains techniciens travaillent sur les deux opérations. La réalisation était assurée par Stéphane Lutic, ce dernier a un background de truquiste et formateur sur le mélangeur. Il voit en l’image 4K une immersion : « Nous allons tester des plans avec de la perspective, être au ras du sol sur les contre attaques, faire des ralentis. Il ne faut pas que les téléspectateurs se sentent perdus par rapport à une réalisation traditionnelle ».
Quoi qu’il en soit, il est important que les diffuseurs comme TF1 puissent prendre le temps de valider l’utilisation de la 4K, grâce notamment à l’implication des prestataires et des constructeurs.
Le témoignage d’Hervé Pavard, directeur technique du groupe TF1 …
Au cours des deux dernières années, le Groupe TF1 a régulièrement expérimenté des chaînes de production UHD, en particulier sur The Voice, Danse avec les Stars, Téléfoot ou encore 50’ Inside.
“Lors de ces tests, nous étions dans un mode tournage, puis post-prod et étalonnage avec différentes caméras (F65, Red, F55) et avec Firefly pour le montage-étalonnage.
Nous avions vu le test fait par Euromédia avec la FFT au Master 1000 de Bercy et depuis, nous souhaitions réaliser une expérimentation multi-cam « as live» sur un événement où les conditions de lumière ne seraient pas trop exigeantes et où il serait possible d’avoir ce tournage UHD en parallèle du tournage HD et bien évidemment, sans aucune perturbation de la réalisation HD,
Nous considérons que nous sommes au début d’une courbe d’apprentissage sur la production UHD. Nous pensons que l’UHD est un candidat à la télévision du futur, comme l’était la 3D il y a 4/5 ans… et nous avons vu la suite de la 3D, donc nous sommes bien en phase d’observation et d’expérimentation et notre opinion sur la viabilité de la 4K en télévision n’est pas du tout arrêtée.
Ce test au Stade de France va nous permettre de disposer d’une matière première très intéressante pour pouvoir mener beaucoup de tests et en particulier sur 2 axes :
Tout d’abord, comparaison UHD, HD, HD upconverti, … et ensuite des travaux pour essayer de cerner le rôle des différents paramètres dans la perception de la qualité par les téléspectateurs.
Parce que finalement, la question principale sur l’UHD est bien « quelles sont les conditions de production, de diffusion et de restitution, qui vont provoquer un saut qualitatif important pour le téléspectateur ? ».
La question corollaire était alors : A quel moment ces conditions peuvent-elles être viables dans l’économie actuelle des chaînes de télévision ?…»