Le consensus s’explique d’abord par le succès du son immersif. La demande des exploitants est forte et les prestataires font tout leur possible pour rendre leurs procédés accessibles au plus grand nombre de salles. Dans ce contexte, il est de plus en plus impossible de voir se développer des solutions incompatibles. L’UNIC (fédération des cinéma européens) l’a répété à CinéEurope.
Le fait que les différences techniques entre les solutions de son immersif s’aplanissent favorise aussi la standardisation, en la rendant moins complexe. Le principe des objets sonores (qui permet de “placer” les sons à un endroit précis dans la salle ou de les déplacer d’un haut parleur à un autre) s’est imposé avec le succès de Dolby Atmos (1 800 écrans équipés ou en voie de l’être). Barco qui avait basé sa solution Auro3D sur le principe des canaux sonores va la remplacer d’ici fin 2017 dans toutes les salles où elle est installée par un nouveau procédé, Auromax, intégrant aussi la technologie des objets (600 écrans sont ou doivent être prochainement équipés de la solution Auro).
Le lancement l’an dernier de la troisième solution, DTSX, a joué aussi en faveur de la standardisation. Pour se faire une place sur le marché, DTS en a bousculé les règles. Le procédé sur lequel se fonde DTSX, MDA (multi dimensional audio) est libre de droits : qu’il soit utilisé dans une salle de mixage ou dans un cinéma, les professionnels n’ont pas à payer de licence. Les recettes sont tirées de l’exploitation de MDA dans les applications grand public (home cinéma,… ).
MDA est conçu pour lire les formats de son concurrents et inversement (les fichiers Atmos ou Auro3D sont importés avant d’être convertis au format MDA). MDA s’adapte en outre à toutes les configurations sonores y compris le 5.1. Enfin, DTS ne fournit pas de matériel : quatre prestataires (GDC, QSC, Trinnov, USL – la liste n’est pas close) ont rendu leurs processeurs son compatibles avec le format DTSX en y intégrant la solution logicielle MDA. Les exploitants ont donc le choix entre plusieurs solutions s’ils veulent proposer du son DTSX à leurs spectateurs.
Compatibilité, absence de droits, choix d’équipements varié, MDA a tous les attributs d’un standard. La solution est encore récente mais elle a déjà montré son potentiel commercial en Asie : 155 écrans installés en neuf mois.
Le SMPTE va logiquement s’appuyer sur l’une des trois solutions de son immersif pour élaborer son standard. Laquelle ? MDA ? Atmos qui a l’avantage d’être le procédé le mieux établi ? Auro avec sa version Auromax optimisée ?
Autre question, le travail de normalisation va-t-il seulement porter sur les principes de décodage du son immersif ? Car DTS a aussi introduit une conception différente de l’immersion : alors que celle-ci repose pour ses concurrents sur un dispositif de diffusion sonore assez sophisitiqué dans les salles avec un maillage d’enceintes relativement dense, DTS propose aux exploitants des configurations de base consistant à ajouter quelques haut-parleurs au dispositif 5.1 (ou 7.1) existant. Il est donc possible que le SMPTE doive définir aussi une configuration minimale pour l’équipement sonore des auditoriums.