Contre toute attente, les producteurs de Blue Spirit, pourtant auréolés du succès de Ma vie de Courgette (deux Césars, 900 000 entrées), ont eu du mal à financer ce film qui n’est pas un film de divertissement (même s’il s’adresse à toute la famille), et à séduire les télévisions (hormis Ciné+). « C’est un film dont la part de producteur est importante», souligne Armelle Glorennec, cofondatrice de Blue Spirit. Soutenu par le CNC et la Région Nouvelle Aquitaine, le distributeur Gebeka Films et Urban Distribution International (UDI), le film (au budget d’environ 4 millions d’euros) est coproduit par le studio luxembourgeois Mélusine. Enthousiasmé par l’histoire, celui-ci a pris en charge tous les décors 2D (à partir de décors clés réalisés à Paris par Jean Palenstjin) tandis que les équipes Blue Spirit de Paris, Angoulême et Montréal, ravies de se retrouver sur un nouveau film de Laguionie, signent l’animation 3D des personnages et des accessoires.
Pour cette production à la mise en scène sobre et élégante, Blue Spirit a recouru à des plug in maison qui permettent d’obtenir des cernés 2D sur des modélisations 3D (3 ds max). Expérimenté avec succès depuis dix ans sur des séries comme Les mystérieuses Cités d’or (première saison), Ernest et Célestine et Les grandes grandes vacances ainsi que le long métrage Le Tableau, ce procédé donne à l’animation du Voyage du Prince une fluidité particulière. « Les volumes 3D sont modélisés en vue du rendu souhaité », explique Samuel Feuillade, assistant réalisateur chez Blue Spirit et directeur artistique sur la 3D. « Les shaders, le lighting et le cerné contribuent à donner cet effet entre 2D et 3D. Ces effets sont beaucoup retravaillés au compositing (sur Fusion). Nous avons été aussi très vigilants dans l’expressivité des animations faciales. Nous animons « dans la pose », les animations (12 images par seconde) ne sont jamais surjouées.»