Le zoom R16 en captation musicale

Si on m’avait dit au siècle dernier que l’enregistrement multipistes audio ne coûterait (presque) plus rien en 2020, je ne l’aurais pas cru. Dans les années 90, un enregistreur multipistes, déjà bien moins onéreux que dans les années 70, restait un investissement conséquent. Aujourd’hui, on a un Zoom R16 pour moins de 300 € TTC neuf. Et en en couplant deux, on a un enregistreur seize pistes de 2,6 kg ! Largement de quoi faire de la captation de musique live, y compris en pleine nature.
Un studio qui tient dans un sac à dos et ne pèse rien ! © DR

Quand j’ai découvert cet outil conçu comme un enregistreur professionnel, faisant également fonction d’interface et de contrôleur (console type Mackie pour les logiciels audio les plus usités), je me suis posé des questions sur l’industrie audio que j’avais connue… Voici une boîte de 40 x 24 cm qui pèse 1,3 kg et peut enregistrer jusqu’à 4,5 heures sur huit pistes avec six piles AA en continu. Et bien sûr, à l’infini sur secteur… Le tout sur une carte mémoire ridiculement petite aux capacités gigantesques. Bref le studio tient dans un sac à dos et ne pèse rien ! À mes débuts, un seize pistes Ampex pesait une tonne et la console également, tout était fixe, et il fallait être solide financièrement et techniquement pour exploiter ces machines.

 

Outre le fait que vous pouvez enregistrer les papous en direct live au milieu de la jungle sans aucune source d’énergie locale, j’ai, pour ma part, perçu tout le bénéfice du Zoom R16 en enregistrant systématiquement les répétitions des orchestres (quartet ou quinquet) que je reçois dans ma petite salle de répétition, et en m’en servant pendant les captations vidéo musicales sur scène. Au début, avec un seul huit pistes et peu après avec deux Zoom R16 couplés via USB et donc synchrones, soit seize pistes enregistrables d’un seul coup, pour un investissement minimal.

 

Il faut bien comprendre qu’un seul R16 enregistre seulement huit pistes audio simultanément. On peut ensuite utiliser les huit pistes restantes sur la même carte SD en overdubs (ré-enregistrements) synchrones, avec toutes les capacités d’inserts en direct (punch in/out) sur les pistes, que l’on trouve dans les studios depuis l’invention du multipiste moderne de la fin des années 60.

 

En répétition et sur scène dans les petites salles

Les deux consoles sont côte à côte reliées en USB et l’une des deux est déclarée « maître » et l’autre « esclave » via un menu (A et B sur le schéma), ce qui permet de déclencher à partir du « maître » les deux appareils en lecture et en enregistrement synchrone.

 

Les sorties stéréo des deux enregistreurs servent à alimenter la sonorisation de 2 x 450 W en retour pour les musiciens. En clair, l’enregistrement sur la carte SD se fait de façon neutre, sans effet ni EQ, juste derrière les gains d’entrées. Les curseurs de volumes, les EQ et effets appliqués, sont dirigés vers les sorties stéréo générales (sonorisation et/ou casques audio) sans aucune conséquence sur les signaux enregistrés. Bien pensé pour la postproduction.

 

Les capacités des cartes SD sont telles que je laisse tourner l’enregistrement sans interruption pendant les trois à quatre heures que dure la session et je fais le tri une fois les pistes audio transférées dans Logic Pro, Cubase, Pro Tools, etc.

 

Avec un quintet, chant, deux guitares (mono), deux claviers (2 x stéréo), une basse (mono), une batterie électronique (stéréo), un multi-pad de percus électriques (stéréo) et trois musiciens aux chœurs, on se retrouve avec seize signaux en entrées.

 

Avec un quartet, ce sera moins de pistes, et dans le cas d’une batterie acoustique, il faudra récupérer des pistes audio par ailleurs, comme les percus ou les pistes de chœurs, ici au nombre de quatre, car il sera toujours possible de les ré-enregistrer synchrones sur la même carte SD sur n’importe quel Zoom R16. C’est une configuration assez flexible ; on favorise ce qui doit être joué live et on refait après ce qui manque, le cas échéant, comme cela se pratique déjà dans les grosses productions.

 

Cette configuration est parfaite pour enregistrer en multipistes des prestations live en milieux confinés, salles moyennes, cafés, restaurants, etc. Facile à câbler, simple à mettre en œuvre, dans la mesure où les mémoires des réglages de voies sont rappelées, et enfin gérable directement sur scène par un des musiciens dans un espace réduit.

 

Enregistrer en multipiste sur de grandes scènes

La méthode est tout aussi simple, et on n’a à priori pas besoin des sorties stéréo des Zoom R16 (sauf à vouloir en faire un bus de retour). Par contre, on a besoin d’un « splitter » passif ou actif de seize entrées pour dupliquer les signaux produits sur scène afin d’alimenter d’un côté le multipaire de la sonorisation et de l’autre celui de l’enregistreur audio. En clair, on multiplie chaque signal audio par deux : côté multipaire de scène, un faisceau de seize sorties va à la console de façade (qui, souvent, gère aussi les retours), et de l’autre, un autre faisceau de seize sorties dupliquées va sur les deux Zoom R16, synchronisés via USB. Il n’y a plus qu’à cliquer sur REC sur la machine maîtresse et laisser tourner.

 

Technique simplifiée de prise de son live

Outre sa légèreté et la qualité technique du son, on peut mentionner sa versatilité et son ergonomie comme atouts supplémentaires. Toutes les entrées acceptent le Jack et le XLR. Les menus d’inserts d’effets et EQ sont simples, accessibles et rapides à utiliser, conçus pour des actions en direct comme en studio. Un véritable outil de travail pour les musiciens.