Les Jeux Olympiques de Londres 2012 : Le dispositif technique innovant de France Télévisions


Lors de ces Jeux Olympiques, France Télévisions a fait le choix, pour la première fois, d'installer tous ses différents plateaux à Londres mais de déporter l'ensemble de la réalisation à Paris. Ainsi 200 personnes, la moitié de l'équipe technique, sont restées à Paris et réalisent les Jeux depuis la Régie 2 de France Télévisions recâblée pour l'occasion.
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L’ensemble des signaux internationaux, des caméras postes commentateurs, des zones mixtes (les interviews sur site), des caméras du plateau de la continuité antenne (le Cube) arrivent sans décalage à Paris dans la régie 2 après un passage par le nodal France 2 via un réseau de 40 fibres installé par Globecast.

Les 40 fibres sont installées entre le nodal à France 2 et la régie technique France Télévisions installées dans les 600 m2 loués par le groupe français dans l’IBC (l’International Broadcast Center). Dans cet immense lieu sont regroupés tous les médias du monde entier.
France Télévisions y a installé un nodal et une régie technique qui gère le Portail JO, un système informatique développé par le Groupe. On y trouve aussi des bancs de montage, des cabines speak, les bureaux de la production, de la rédaction des sports et de l’information (JT de France 2 et France 3).

Une voie de triage pour tous ces signaux

Dans cette régie arrivent l’ensemble des flux des Jeux Olympiques : les différents signaux internationaux de chaque épreuve, des caméras beauty de la ville de Londres mais aussi les caméras postes commentateurs sur site réservés par France Télévisions ainsi que le signal des caméras Zone mixte, celles qui permettent d’interviewer dans le site des sportifs en sortie d’épreuve.
Les postes commentateurs sont des prestations techniques (de qualité très moyenne) louées à l’organisateur des Jeux. Les caméras Zone mixte sont des caméras France Télévisions.
Arrivent aussi à l’IBC les 5 caméras de chacune des deux plateformes commentateurs France Télévisions installées l’une dans le bassin de natation, la seconde dans le stade d’athlétisme.

Dans ces plateformes ont été installés des doubles pupitres qui permettent à la fois de réaliser des plateaux dos au site et ensuite de commenter les épreuves face à la zone de compétition. Les 5 caméras sont les suivantes : une caméra sur mini travelling Xtrack développée par Deep Vision (pour les travellings aquatiques) avec XD Motion. La caméra est en mouvement de translation aller retour permanent. Deux autres caméras permettent de filmer les commentateurs puis de filmer la salle, de suivre un compétiteur, d’enrichir la réalisation en ciblant des sportifs français. Enfin une caméra Head on est installée dans le prolongement de la ligne d’eau pour la natation, et dans le prolongement de la ligne d’arrivée dans le stade d’athlétisme. La cinquième caméra est la caméra Zone mixte pour les interviews à chaud.

Petit détail amusant, lors de la cérémonie d’ouverture habillée pour TF1 par Gilles Amado, la chaine privée avait installé, en partenariat avec France Télévisions, ses commentateurs dans le décor de la plateforme athlétisme de France Télévisions, utilisé leurs caméras, une partie du personnel et les remontées de fibres des caméras.

Welcome in the Cube

Le dispositif principal de France Télévisions est le Cube, à la fois décor de plateau télé et élément d’architecture en verre posé sur un ponton au bord de la Tamise devant le Old Billingsgate (où est installé le Club France) et dont une baie vitrée donne sur le célèbre Tower Bridge.
Ce décor a été conçu par Robin Le Houerou qui signe ainsi son premier grand décor pour la télévision.
Le plateau en forme de cube construit par la société française PSR spécialisée dans les décors d’événementiels accueille 6 caméras autour d’une table triangulaire construite par Techniscène. Toutes les caméras sont robotisées. On y trouve 3 caméras sur machinerie Junior dont une seule est en mouvement et 3 têtes remotes, du matériel Microfilms comme la grue Litecam installée à l’extérieur du cube. Les plans nocturnes à travers les vitres sans tain sont particulièrement réussis.

Dans ce décor blanc et vitré mis en lumière par Jean Clavé ne sont présents que le journaliste assurant la continuité, ses invités et un assistant de réalisation discret. Tout le reste de l’équipe technique est installé dans un appentis créé à l’arrière du décor.
En complément deux caméras, une tête robotisée et une caméra HF sont installées dans le Club France pour filmer les réactions du public au moment des médailles françaises. Enfin une position stand up est disponible en permanence pour les éditions d’informations de France 2 et France 3.
9 caméras (+ la caméra stand up) sont à Londres et pourtant le réalisateur est à Paris.

En effet, toutes les caméras du plateau comme les autres signaux arrivent toutes à Paris individuellement via les réseaux de fibre. Comme le nombre de signaux simultanés est bien plus important que les 40 fibres disponibles, les équipes France Télévisions ont créé le Portail JO qui permet d’affecter et de planifier les signaux à envoyer à Paris selon les jours, les heures, les plannings des épreuves.
Le portail JO est une base informatique accessible à Londres, à Paris en régie son et image, l’affectation de chacun des feeds est cependant modifié, complété à tout moment en direct grâce aux liaisons d’ordres entre Paris et l’IBC à Londres.
La gestion des signaux images est déjà particulièrement délicate mais ce serait oublier le son. En effet, il s’agit à Paris de récupérer les Versions Internationales de chaque événement, les pistes son commentateurs, des interviews de la Zone Mixte. Tous ces sons doivent être synchrones entre eux , et synchrones avec l’image diffusée à l’antenne depuis la régie 2.
Une mécanique assez complexe a été établie pour associer les sons d’une même épreuve, pour les synchroniser, les affecter aux bonnes pistes son etc.

En plus du mixage son final, il a fallu aussi concevoir un système de retours N-1 pour alimenter le plateau à Londres, les commentateurs qui n’ont pas l’image de la réalisation à Paris… A l’exception des plateformes athlétisme et natation, les commentateurs ne voient que le signal international de leur épreuve. De très nombreux et différents signaux N-1 sont envoyés en permanence depuis Paris et depuis l’IBC à Londres pour les N-1 inter-sites.
Enfin un réseau d’ordre imposant a été créé pour permettre à chacun, à Paris, à Londres – sur le plateau ou sur chacun des sites – de dialoguer.

Autre innovation technologique : Le Bus France télévisions.

Un bus impérial rouge a été transformé et équipé par Sislive en plateau de télévision avec au rez-de-chaussée des moyens de réalisation et au 1er étage, une plateforme plateau construite à l’avant du bus et dont le décor a été conçu par Robin le Houerou. Louise Ekland y anime notamment une émission matinale quotidienne en direct à travers Londres.
Le bus est équipé principalement de caméras remotes : trois tourelles Panasonic AW-HE50, des Qball (caméras à 360°), de deux paluches Ikegami KE59 HD modifiées et de caméras filaires ou HF P2.

Sislive a aussi conçu le système de liaison HF qui permet au bus de circuler en direct dans une zone bien précise de Londres autour de 3 points hauts. La réception du signal du bus est en 3 GHz, la transmission des signaux entre les différents points relais et le plateau France Télévisions à Londres est en 7 Ghz.
Le Bus est le seul « plateau » dont toutes les caméras ne sont pas divergées vers Paris. Un seul signal réalisé par Franck Thébaut part en direct à Paris.

La création et l’organisation de l’ensemble du dispositif de réalisation ont été confiées à Didier Fraisse.
Jean Pierre Leroux et Nathalie Talbot sont chargés avec lui de la réalisation de la continuité antenne au quotidien.
Christian Baudoin réalise en complément l’athlétisme sur un second petit mélangeur Kayak installé en régie 2 dans une zone habituellement dédiée à la vision. Il récupère les 4 signaux en provenance du Stade d’athlétisme qu’il commute avec les caméras de la plateforme commentateurs. Il livre ainsi à Didier Fraisse, dans le mélangeur principal de la régie 2, un seul signal Athlétisme qui peut être combiné, alterné avec d’autres sports.
C’est aussi dans la régie 2 que sont gérées les bascules quotidiennes des Jeux Olympiques entre France 2 et France 3 par un responsable de production. Le logo France 2 ou France 3 est d’ailleurs posé sur l’image directement depuis cette régie de production.
Les bascules se font en général avec un intervalle de moins d’une minute (billboards etc.) mais peuvent se faire à l’image.

Les diffusions ponctuelles de France Ô et France 4 ainsi qu’en 3D ne sont pas gérées dans la régie 2 dans les locaux de France Télévisions à Paris.