Pour la prise de son, l’usage des micros HF est une pratique courante aussi bien dans les salles de conférence que pour les spectacles. Les fabricants de microphones ont tous à leur catalogue des gammes très complètes de micros HF.
Mais leur mise en œuvre peut encore rebuter certains utilisateurs. Plusieurs constructeurs proposent des systèmes préconfigurés adaptés à la réunion de travail et fonctionnant dans la gamme des 1,9 GHz, réservée à la téléphonie DECT. Ainsi Revolabs propose ses ensembles FLX ou Fusion, Shure le système Microflex Wireless, qui fonctionnent tous les deux dans les fréquences du DECT.
Des kits de prise de son sans-fil
Autre domaine où le sans-fil est également présent, celui des pupitres de micro-conférence. D’habitude, ces systèmes sont reliés en bus par une liaison filaire qui transporte à la fois la modulation et les signaux de commande pour gérer l’ouverture ou la fermeture des micros. Plusieurs constructeurs proposent des systèmes HF sans-fil (Confidea de Televic, Quinta de Beyer, Digimic de Brähler…). Plus besoin de câbler les pupitres entre eux et le système est facilement transportable d’une salle à l’autre en fonction des types d’assemblées et de réunions. La seule restriction porte sur la nécessité de gérer de manière rigoureuse la recharge des pupitres.
Des enceintes audio sans-fil
En ce qui concerne la partie diffusion sonore l’une des premières pistes pour mettre en place un système sans-fil consiste à utiliser des sonorisations mobiles avec un ou plusieurs récepteurs de micro HF. Ceux-ci captent soit directement les micros des conférenciers ou bien reçoivent la modulation d’un mélangeur audio associé à un émetteur HF. Chez les distributeurs d’équipements de sonorisation pour musiciens, on trouve une multitude de marques proposant des enceintes mobiles (MiPro, Power Acoustics, Behringer, Anchor, Peavey…). Leurs performances, leur agencement technique et leur design ne sont pas toujours adaptés à la décoration d’une salle de réunion moderne.
Avec l’enceinte mobile LSP 500 Pro, Sennheiser vise également ce marché et propose un produit très complet associant trois récepteurs de la série Evolution G3, un port USB pour la lecture de MP3 ou l’enregistrement, un récepteur Bluetooth, des entrées/sorties filaires et un port Wi-Fi pour gérer le tout depuis un iPad.
Enceintes AirPlay et Bluetooth
Avec l’arrivée sur le marché grand public de nombreuses enceintes sans-fil basées sur des liaisons Bluetooth ou AirPlay il est aisé de mettre en place une sonorisation sans-fil. Mais ces solutions sont à réserver uniquement à la diffusion de contenus audio enregistrés sur le micro-ordinateur ou la tablette. En effet les traitements numériques qu’impliquent ces technologies introduisent une latence beaucoup trop importante pour la diffusion et la sonorisation d’un orateur en direct. La technologie sans-fil AirPlay conçue par Apple est implantée systématiquement sur les iPhones les iPads ainsi que sur les micro-ordinateurs Macintosh. Contrairement à une idée reçue, elle n’est pas strictement limitée aux produits de la marque à la Pomme.
Pour les tablettes Android (mode root indispensable) et les ordinateurs Windows il existe des logiciels dédiés (Shairport, AirParrot pour Windows) permettant d’établir une liaison vers des terminaux AirPlay. Si on veut conserver le principe de mobilité, il faut passer par un réseau Wi-Fi, soit celui du bâtiment soit en créer un sur-mesure pour l’occasion avec une petite borne Wi-Fi mobile.
Les liaisons audio Bluetooth constituent une alternative à AirPlay mais leur portée est beaucoup plus limitée (de l’ordre d’une dizaine de mètres). D’autre part si on multiplie le nombre de terminaux raccordés sur un équipement Bluetooth on peut aboutir à des complications nécessitant de désappairer les équipements au préalable.
Pour contourner toutes ces difficultés, Neutrik a développé la technologie DIWA (Digital Wireless Audio) avec l’objectif de remplacer les câbles audio habituels par des liaisons radio 5 GHz sans compression, offrant les mêmes performances et surtout une latence inférieure à 3 ms. Ce projet s’est concrétisé avec le lancement du système Xirium composé d’émetteurs et de récepteurs portatifs et d’une unité centrale que l’on associe à la console de mixage. Cette dernière est capable de recevoir ou d’émettre 4 modulations ou 8 en mode couplage.
Transmettre les images des ordinateurs
Après quelques tentatives infructueuses il y a quelques années, la transmission sans-fil des images vidéo et informatiques revient sur le devant de la scène. De nombreux systèmes apparaissent sur le marché grand public avec des sigles et des dénominations très variés mais le marché corporate n’est pas en reste avec le ClickShare de Barco, le wePresent d’Awind (racheté récemment par Barco), et la sortie récente d’AirMedia de Crestron.
Sur le marché informatique, Intel a été le précurseur en 2010 en dévoilant le WiDi (Wireless Display), une technologie implantée directement sur ses processeurs i3, i5 et i7, ses puces graphiques et les circuits Wi-Fi. L’objectif est d’éliminer le câble vidéo entre l’ordinateur et l’écran d’affichage en lecture de contenus vidéo et en mode recopie d’écran. Mais cette technologie est restée assez confidentielle vu le petit nombre d’ordinateurs compatibles sur lesquels la fonction est activée. La Wi-Fi Alliance a repris cette technologie et l’a certifiée en l’améliorant sous le nom de Miracast. Ce système de transmission est disponible dans Android 4.2 et dans Windows 8.1. et est compatible avec le standard WiDi 3.5. Les dongles Miracast commencent à être commercialisés par Netgear (Push2TV), Samsung, Sony, Belkin ou Asus. Leur prix se situe aux environs de 70 ou 80 Ä. Il subsiste néanmoins des problèmes de compatibilité entre des matériels de marques différentes mais le Netgear PTV3000 semble le plus universel.
WiDi, Miracast ou WHDI
À côté du couple WiDi/Miracast, on voit apparaître la technologie WHDI (Wireless Home Digital Interface) dont le but est de remplacer le câble HDMI par une liaison sans-fil avec un boîtier transmetteur avec entrée HDMI au départ et un boîtier récepteur avec sortie HDMI. Ce système assure la transmission d’un signal 1080p dans la bande des 5 GHz avec un codage propriétaire et ce n’est pas du Wi-Fi. Comme ce système exige l’usage d’un boîtier transmetteur côté source, il présente peu d’intérêt par rapport au Miracast qui lui est intégré dans le micro-ordinateur ou la tablette. Des téléviseurs (LG) et des vidéoprojecteurs (Epson, Optoma) avec récepteurs WHDI intégrés ont été présentés récemment dans des salons. Kramer propose de son côté le kit de transmission KW-11, tandis que Gefen a inscrit plusieurs produits à son catalogue.
À terme les récepteurs WiDi/Miracast ou WHDI seront intégrés dans les TV, écrans LCD et vidéoprojecteurs. Il sera intéressant de voir vers quelle technologie les constructeurs se dirigeront lors des prochains salons.
AirPlay d’Apple
Fidèle à ses choix technologiques originaux, Apple a conçu le protocole AirPlay pour diffuser par réseau filaire et Wi-Fi des contenus sonores, vidéo et photographiques. Avec son boîtier AppleTV, vendu 110 Ä, ou le logiciel AirServer, tournant sous Mac OS 10.6 ou encore Windows Vista, le contenu multimédia et la recopie d’écran d’un iPod, d’un iPhone, d’un iPad ou de n’importe quel Macintosh (Mac OS 10.8 minimum) peuvent être renvoyés par réseau Wi-Fi vers un écran LCD ou un vidéo-projecteur. Comme indiqué plus haut, AirPlay fonctionne aussi depuis un terminal Android ou Windows, mais uniquement pour l’affichage de contenus vidéo, photo ou sonores, Apple réservant la fonction recopie d’écran à ses produits. Le protocole AirPlay est suffisamment souple pour envoyer l’image vers une Apple TV et le son vers un second terminal, par exemple une enceinte amplifiée compatible AirPlay.
Tous ces outils sont d’abord destinés à un usage familial, mais leur faible coût et la simplicité de leur mise en œuvre leur permettent de trouver leur place dans un environnement « corporate ». D’ailleurs Apple l’a bien compris en ajoutant une fonction « Conférence » dans le dernier firmware de son terminal AppleTV. Simplement il faut être conscient des limites de ces systèmes dans le cadre de larges infrastructures : absence de cryptage des données, pas de verrouillage de la prise de commande, visibilité de l’ensemble des terminaux sur un même réseau. Un utilisateur distrait ou mal intentionné prendra facilement la main sur le contenu diffusé dans une salle voisine !
Des outils adaptés à l’entreprise
C’est pourquoi des constructeurs plus orientés vers les équipements audiovisuels d’entreprise ont proposé des systèmes alternatifs plus complets, mieux sécurisés mais aussi dans une gamme de prix plus élevée. L’un des précurseurs dans ce domaine est le ClickShare de Barco (voir article dans ce numéro ). Le système comprend une borne Wi-Fi dédiée à la réception des images vidéo et informatiques. Celle-ci est reliée au dispositif d’affichage via un câble VGA ou DVI. Du côté ordinateur, on raccorde un dongle USB. Celui-ci contient le logiciel de transmission qu’il installe de manière temporaire. Une simple pression sur le bouton central du dongle et l’image de l’ordinateur est transmise vers le dispositif d’affichage. La liaison en Wi-Fi est cryptée et un appairage entre les dongles et la base Wi-Fi garantit que les images partent vers la bonne station. Quatre dongles peuvent fonctionner simultanément et, avec un simple clic sur le bouton, on passe d’une source à l’autre ou alors avec un mode d’affichage simultané en 1/4 d’écran. Les tablettes communiquent directement avec la base via des applications disponibles en iOS et Android.
Awind propose de son côté une borne Wi-Fi wePresent avec sortie VGA et HDMI. Là aussi le logiciel est installé temporairement sur le PC (Mac et Windows) via une clé USB. Des applications sont proposées pour l’affichage des tablettes Android et iPad. Un affichage en mode quad est possible et le système peut gérer jusqu’à 64 utilisateurs. Plusieurs modèles sont inscrits au catalogue du constructeur avec des niveaux d’interactivité plus ou moins complets et en fonction des résolutions vidéo transmises.
Crestron a présenté récemment le système AirMedia. Il est constitué d’un terminal qui se raccorde à un réseau Ethernet filaire qui reçoit les contenus provenant des ordinateurs de la salle, connectés au même réseau filaire ou en Wi-Fi, et les renvoie vers une sortie VGA et HDMI. Lors de l’accueil des participants, une page-écran affiche une adresse Web et un code d’accès pour aller télécharger le logiciel nécessaire à l’affichage des images de l’ordinateur (Mac ou Windows). Cette procédure avec un code spécifique à chaque salle garantit que les contenus arrivent sur la bonne destination. Des applications pour tablettes iOS et Android sont disponibles sur les App Store respectifs.
Dans le cas de diffusion de contenus vidéo, il faudra veiller à la taille des images acceptées par les différents systèmes et surtout à la fréquence de rafraîchissement maximale (15 à 30 im/s en général).
Bien choisir l’architecture réseau
Au niveau de la topologie des liaisons sans-fil utilisées par ces différents systèmes, on trouve deux grands principes : des liaisons directes fonctionnant en mode « ad hoc » ou point à point, d’un côté et de l’autre les liaisons empruntant les infrastructures Wi-Fi de la salle. Dans le premier cas on établit une liaison réservée à la transmission des images entre la source et l’écran et qui n’est donc pas perturbée par d’autres signaux. Second avantage, il n’est pas nécessaire de se raccorder au réseau informatique de l’entreprise et pour des visiteurs extérieurs de demander des codes d’accès. En revanche, la portée de ces liaisons est plus limitée, dans le cas des produits grand public une dizaine de mètres, et donc ne pourra pas être mise en œuvre dans des grandes salles de conférences. Ce type de liaison directe est mis en œuvre par exemple avec les systèmes Miracast, WiDi, WHDI ou ClickShare. À noter que dans le cas de Miracast, la liaison Wi-Fi normale vers Internet continue à être opérationnelle.
Dans le second cas le transport des images s’appuie sur l’infrastructure réseau de la salle et dans ce cas la source des images devra s’y raccorder. Selon la politique définie par la direction informatique du lieu, ces informations sont parfois assez difficiles à obtenir. En revanche si la distance est importante entre la source et la régie de projection, elle pourra se faire via des liaisons filaires entre la borne Wi-Fi et le dispositif d’affichage. Donc cela est à privilégier pour les grandes salles de réunion. Ce type d’architecture est utilisé par les systèmes Airplay d’Apple et l’AirMedia de Crestron.
La multiplication des outils de transmission sans-fil proposés tant pour la transmission des sons que des images permet d’ores et déjà l’installation de systèmes de communication sans-fil, beaucoup plus souples et modulaires dans des configurations démultipliées. Ne jamais oublier que les liaisons HF restent soumises aux aléas de la propagation des ondes et à de multiples causes de perturbation. Des tests et des validations restent indispensables avant toute mise en œuvre.