Pour assurer la projection numérique d’un film, l’exploitant d’une salle de cinéma équipée doit disposer d’un fichier professionnel, délivrant des contenus visuels et sonores ainsi que des sous-titres de haute qualité, protégés par un contrôle d’accès garanti : ce fichier crypté est le DCP (Digital Cinema Package) et sa clef de décryptage unique est un code associé connu sous le nom de KDM (Key Delivery Message). Le principe de la distribution du cinéma digital considère d’une part, le transport et l’écriture distante des fichiers/copies DCP et, de l’autre, l’acheminement de la clef numérique KDM. Le DCP d’un film de long-métrage est un fichier volumineux dont la taille est généralement comprise entre 75 et 300 Go, selon la définition d’image et le type de codage numérique. L’acheminement des DCP était basé, à l’origine, sur le transport de disques durs externes ; le KDM, bien plus léger, peut emprunter, quant à lui, toutes les voies de communication numérique, de la clef USB en poche au fichier joint par Email.
GlobeCast, filiale d’Orange-France Telecom, est un acteur référent en France et dans le monde dans le domaine des transmissions et de la télédiffusion. Les prestations de service de GlobeCast contribuent notamment aux transports des signaux, des flux et des fichiers nécessaires pour alimenter les échanges audiovisuels dans le domaine broadcast, en particulier pour les chaines de télévision. Depuis quelques années, un nouveau département consacré au cinéma numérique a vu le jour au sein de cette grande organisation. Baptisé GlobeCast Cinema delivery, ce département accompagne depuis 2009 les acteurs du marché pour répondre aux besoins fonctionnels émergents induits par la numérisation des médias, et plus encore par la dématérialisation des processus d’échanges. GlobeCast Cinema delivery consacre son activité sur des services de livraison dématérialisée de copies d’exploitation pour les salles de cinéma équipées en numérique.
Particularité de l’offre
En 2012, GlobeCast s’est lancé avec volontarisme dans une phase d’installation d’équipements au bénéfice des principaux complexes d’exploitation, généralement rattachés aux réseaux cinématographiques (Gaumont Pathé, UGC, CGR, MK2…). La sélection de ces salles repose sur le nombre de films nouveaux qu’elles mettent à l’écran chaque année, nombre qui conditionne le volume du trafic qui est la condition de l’amortissement, à terme, des coûts d’investissement, d’exploitation et de maintenance de l’infrastructure technique de cette distribution dématérialisée. La mise en œuvre de ce système est facturée au distributeur selon une tarification basée sur le nombre d’envois de programmes. Cette démarche de mise à disposition des équipements et de la connexion au réseau confère à l’opérateur un positionnement stratégique basé sur un maillage national innervant un grand nombre d’écrans de cinémas sur l’ensemble du territoire : actuellement, une quarantaine de distributeurs et régies publicitaires procèdent chaque mois à 20 000 envois de films, films-annonces et publicité vers 3 600 écrans (soit environ 65 % du parc national). Les exploitants de ces salles à fort renouvellement de programmation ont donc bénéficié du déploiement des systèmes nécessaires à la réception par ligne ADSL des fichiers DCP compatibles avec leurs nouveaux workflows numériques. Pour les autres salles négociant un volume d’approvisionnement inférieur, c’est une formule d’abonnement mensuel qui est proposée, pour un coût inférieur à 200 €/mois, entrainant une réduction compensatoire du coût d’envoi pour les distributeurs. À la différence d’autres opérateurs de ce marché, GlobeCast privilégie le choix exclusif d’une distribution de point à point sur un réseau terrestre : en effet, c’est par le réseau ADSL filaire que transitent toutes les données numériques. En pratique, le système se compose d’un modem-routeur Netgear de type DNG1000, ressemblant à un produit du marché grand public excepté sa couleur noire. Ce modem est modifié pour s’intégrer dans la chaine de distribution professionnelle GlobeCast. Un premier boitier optionnel, de couleur rouge, nommé CineBoost, a pour fonction d’agréger plusieurs lignes ADSL afin de fournir le débit suffisant pour réaliser la transmission dans un délai acceptable, et aussi pour sécuriser le lien au réseau. Selon le débit disponible au point de connexion du site de réception (entre 4 et 20 Mbps), ce boitier permet, le cas échéant, de répartir le flux descendant sur 2, 3, 4 ou jusqu’à 5 lignes ADSL standards. Un second boitier de couleur bleue, appelé CineBox, est le serveur numérique dédié à la réception ; il intègre un disque dur de haute performance d’une capacité de stockage de 2 To. Si le temps de transfert dépend du débit effectif, sa durée est en pratique inférieure à une dizaine d’heures ; le fichier DCP est découpé en paquets qui sont distribués sur les lignes et qui s’écrivent séquentiellement sur le serveur destinataire. Dès que la réception du DCP est entamée et que les premiers paquets sont disponibles sur le serveur CineBox, le transfert local du fichier depuis le serveur de réception vers le serveur Library du cinéma démarre automatiquement.
Cas d’usage fondamental : la sortie nationale
La société en charge de la distribution d’un film en sortie nationale fait généralement appel à un laboratoire technique spécialisé, chargé de constituer et de délivrer le DCP. Le laboratoire, connecté par une liaison internet à haut débit au réseau opérateur d’Orange, utilise les services de GlobeCast dans le but de transférer et mettre à disposition l’épreuve DCP sur des serveurs dédiés. Le distributeur peut alors programmer l’envoi des copies vers l’ensemble des salles de projection référencées pour la sortie nationale du film. Des interfaces web de travail, d’apparence graphique, adaptées aux différents rôles en présence, répondent aux besoins de chacun des acteurs pour apporter des services appropriés, comme par exemple la gestion des priorités en réception pour les exploitants.
Particularité des films-annonces (FA)
Les éléments promotionnels courts, publicités ou films-annonces, transitent par les mêmes voies que les films. Ils sont pourtant plus nombreux, avec des diverses versions, et leurs tailles très inférieures à celles des longs-métrages. Pour concilier leurs délais de transfert avec les débits nécessaires aux programmes longs, une portion du débit disponible est réservée, formant un tunnel permanent pour le transfert d’un FA en parallèle d’un film long. Par une intervention manuelle opérée sur l’interface graphique, il reste possible à tout moment de modifier les priorités des transferts demandés.
Suivi : la continuation
Alors que la sortie nationale est généralement un événement qui mobilise attention et énergie de la part de tous les acteurs de la chaine de distribution du film, le maintien dans le temps et l’élargissement de cette distribution à d’autres cinémas demandeurs est une part de l’activité elle aussi importante ; cette « continuation » représente aujourd’hui 25 % du trafic seulement, car elle reste encore couverte par la livraison matérielle de disques durs par des moyens de transport matériels. Avec la mise en production de nouvelles fonctionnalités collaboratives pour le rôle exploitant, la part de cette continuation devrait monter à 50 % du trafic au cours de l’année. Comme la continuation, le traitement de l’« entente de programmation » repose sur des modalités de transactions particulières, liées à des processus d’échange et de validation entre demandeurs et fournisseurs. GlobeCast leur propose une solution exclusive leur permettant de simplifier la logistique en supprimant la circulation des disques durs. Il suffit simplement aux distributeurs de copier le DCP dans le catalogue de l’entente afin que cette dernière puisse ensuite déclencher les transferts vers les cinémas de son réseau. Dans ce cas, le distributeur paie simplement la copie du film pour un montant inférieur au coût de fabrication et d’envoi d’un disque dur. L’entente de programmation est un regroupement de plusieurs salles de cinéma indépendant qui coordonnent leurs besoins d’approvisionnement en films ; cette forme de centrale d’achat modifie le rapport commercial avec les distributeurs, et influence la chronologie de programmation des œuvres.
La plateforme GlobeCast Cinema Delivery (info sur https://cinema.globecast.com/) apporte un service personnalisé et sécurisé aux acteurs de la distribution. Elle améliore la disponibilité des titres en permettant une exposition prolongée des catalogues ; son portail web éditorialisé présente une interface graphique optimisée avec une ergonomie simplifiée pour des utilisateurs non experts. Pour les exploitants, le principal avantage repose sur l’unification des modalités de livraison pour les DCP des films, films-annonces, et films publicitaires ; supervisé par GlobeCast, le procédé de transfert, performant, économique et fiable, présente l’avantage d’automatiser les opérations et d’en assurer le suivi avec une sécurisation active et la disponibilité d’une assistance (hot-line). Au cours de l’année écoulée, près de la moitié du catalogue des nouveaux films a été délivrée aux salles de cinémas en France par GlobeCast Cinema Delivery.