Longs métrages cinéma : le baromètre de la Ficam sous le soleil de Cannes

La Ficam a publié son Baromètre de l’Observatoire Métiers/Marchés Long métrage qui donne un instantané de la production au premier trimestre 2015, les chiffres relevés à quelques jours de l’ouverture du Festival de Cannes méritaient d’être commentés et analysés, et, ils sont actuellement au cœur de nombreux échanges sur la croisette…
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L’Observatoire Métiers et Marchés de la Ficam recense les tournages des films de long métrage déclarés par les adhérents de la Ficam, dont le premier jour de tournage est situé entre le 1er janvier et le 31 mars de l’année civile*.

La situation peut paraître ensoleillée puisqu’en comparaison de la période 2014, le baromètre dénombre 51 fictions pour 21 et 10 documentaires pour 6 l’année passée, un record notamment pour les fictions d’initiative française. En revanche aucune production d’animation ne semble avoir débuté sur cette période mais en 2014, seul un long-métrage d’animation était en démarrage de production sur le premier trimestre, le différentiel est donc minime.

Si les chiffres du 1er trimestre 2014 étaient dramatiquement bas, notamment pour les films de fiction (au creux de la vague sur les 8 ans recensés), au 1er trimestre 2015, le nombre de films de fiction en démarrage de production a atteint un niveau record depuis 8 ans mais toutes les raisons de s’en réjouir sont-elles bien là ?…

En termes d’impact sur les industries l’embellie n’est pas aussi significative que l’évolution de la production de la fiction qui affiche un + 143% au premier trimestre 2015 en comparaison du premier trimestre 2014. En France, l’impact en termes de semaines de tournage n’aura été, en effet, que de +119%, ( 247,2 semaines pour 112, 8 semaines l’année précédente). Un résultat qui s’explique par une reprise de la délocalisation, après un fléchissement du phénomène en 2014. Les tournages à l’étranger sont passés de 40 semaines au premier trimestre 2014 à 139 au premier trimestre 2015, soit une inflation de la délocalisation des tournages de + 37% (en termes de comptabilisation de semaines ).

Cette délocalisation dont le taux s’élève a 36% sur ce premier trimestre 2015 n’était que de 26% en 2014 et dépasse même la mauvaise performance de 2013 qui affichait un taux de 34%. Nous n’en sommes pas encore au taux de délocalisation de 39% de 2008 et 2012 mais tout de même…

Une délocalisation qui concerne toutes les productions quel que soit leurs budgets

Le taux de délocalisation (en nombre de semaines) a concerné davantage de films de moins de 10 M€ au 1er trimestre 2015 (31%) qu’au 1er trimestre 2014 (23%). Quand au taux de délocalisation des films dont le budget est compris entre 10 et 20 millions d’euros il est de 57%, et, par le passé était monté jusqu’à 74 % en 2012 (97% en 2010). Cette tendance, déjà identifiée par les instances de régulation françaises, a donné lieu à une réforme du crédit d’impôt relatif aux tournages adoptée en fin d’année 2014. Cette réforme n’entrant en vigueur que début 2016, la situation ne devrait pas s’améliorer à court terme, d’autant qu’en la matière nous nous retrouvons dans un cercle vicieux puisque les pays limitrophes ne cessent de surenchérir en matière de politique fiscale, Tax Shelter et autres, afin de conserver leur attractivité…

(*Des différences peuvent apparaître avec les données officielles du CNC qui prennent en compte les films ayant obtenu leur agrément d’Investissement ou de Production dans chaque année civile).

 


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