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Un livre, une série Amazon… Ludoc is everywhere !

Il s’appelle Ludoc… Si vous traînez sur YouTube, vous avez probablement déjà vu l’une de ses réalisations. Autodidacte infatigable, il revient sur son parcours, ses projets récents et en cours.
Un livre, une série Amazon... Ludoc is everywhere ! © Laura GilliUn livre, une série Amazon... Ludoc is everywhere ! © Laura Gilli

 

Ludoc a travaillé pour le studio Bagel, Natoo, Norman, Mister V, réalisé des clips, des pubs et finalise actuellement une série pour Amazon Prime. Tout a débuté un jour de février 1988 avec des Playmobil. Son métier, il ne l’a pas appris à l’école, mais sur le terrain, avec des tutos sur Internet ou en achetant des livres.

Justement, il vient d’en écrire un bien gros… Le livre qu’il aurait aimé avoir quand il a commencé ! Il nous présente ce guide complet de 360 pages, richement illustré, pour apprendre à utiliser une caméra, choisir les objectifs, prendre le son, éclairer une scène, composer son cadre, filmer un dialogue, monter, étalonner et mixer sa vidéo.

 

Le manuel de survie du vidéaste, que vous venez de publier aux éditions Marabout (groupe Hachette), est un bel objet, plutôt complet et volumineux. De combien d’années d’expérimentations est-il le fruit, sachant que vous êtes un autodidacte ?

J’ai tout appris sur le terrain. J’ai emprunté la caméra de mon père à l’âge de 10-11 ans, une vielle Sony Hi8 Handycam. J’ai commencé par filmer mes Playmobil puis d’autres choses avec mes copains. Je passais alors des nuits blanches à tester ceci ou cela et à les diffuser ensuite sur YouTube. J’ai ainsi acquis une petite réputation de bidouilleur sur Internet.

Avec mes amis, j’ai essayé d’être ambitieux à l’image, par exemple en faisant croire que nous disposions d’un gros budget. Typiquement de faire croire que nous tournions une scène dans un hélicoptère, alors que clairement nous n’avions pas d’hélicoptère. Nous filmions depuis le coffre d’un camion, en faisant trembler la caméra et en rajoutant des bruitages. Bref, de petites bidouilles !

À force d’être interrogé sur mes techniques, j’ai eu l’idée de proposer des petits tutos. Finalement, je me suis dit que ce serait cool d’en faire un livre. Pendant environ un an et demi, j’ai travaillé à fond sur cet ouvrage, en continuant bien entendu de tourner. J’ai écris ce livre et réalisé en parallèle des tutos vidéo complémentaires.

 

Il semble que chez vous la contrainte stimule particulièrement la créativité…

Oui, le plus difficile a été de transcrire, en texte et à plat, l’image et le mouvement alors que, à la base, il s’agissait de tutos vidéo. Expliquer sur papier les transitions, le travelling avant, les mouvements, c’est très difficile. In fine, cette petite contrainte m’a amusé, ce fut un nouveau challenge.

 

Malheureusement ou… heureusement ?

Il y a quelques années, j’ai commencé un BTS à l’Eicar que j’ai vite abandonné pour me lancer dans le métier. Quand j’ai commencé ce BTS Audiovisuel, je m’étais déjà fait un peu connaître sur Internet avec les vidéos que je tournais avec mes copains du lycée en intercours.

La première année, j’avais déjà monté ma boîte. J’ai alors pensé que finalement cela ne servait à rien de continuer à aller en cours puisque que cela commençait déjà à marcher et qu’on m’appelait. La meilleure école pour moi reste le terrain. J’ai donc continué. J’ai eu un peu de chance et voilà !

 

La production sur laquelle vous travaillez actuellement est plus ambitieuse que d’habitude ?

Oui, quand j’ai commencé sur YouTube et que je me suis fait connaître, c’était avec des formats courts de deux ou trois minutes, voire des courts métrages de quinze à vingt minutes.

Sur Internet, comme pratiquement personne n’est prêt à s’installer, à se poser durant une heure trente, il faut proposer des choses courtes et cela devient frustrant. Dès qu’on commence à installer des personnages, on a forcément envie d’aller un peu plus loin comme réalisateur…

Depuis plusieurs années, j’avais envie de passer à des formats plus longs pour développer des personnages et je réalise actuellement une série pour Amazon… Je prends enfin du temps pour l’écriture, la prépa, le tournage. Une vraie petite aventure, c’est cool mais je ne peux malheureusement pas en dire davantage puisque j’ai signé un contrat de confidentialité.

 

Vous êtes plutôt un touche-à-tout. Comment prend-on du recul et que peut-on déléguer quand arrive le moment de s’intégrer dans une production dite « standard » ?

J’ai eu la chance que tout ce soit fait petit à petit. Quand on est autodidacte, on apprend à s’organiser, on touche à tous les métiers par obligation : le son, le montage, la lumière, etc. Au fur et à mesure, je me suis entouré. Je ne suis pas passé du jour au lendemain d’un travail solitaire au travail avec une équipe de quarante-cinquante personnes comme c’est le cas aujourd’hui.

Au début, j’ai fait appel à un ingénieur son, puis à une chargée de prod. Et de fil en aiguille, nous sommes passés à une équipe de deux, trois, dix personnes, etc. J’ai appris au fur et à mesure. Quand, comme moi, on a un truc dans la tête et qu’on marche au feeling, il n’est pas aisé de l’écrire sur papier pour inclure au mieux toute l’équipe. Ce fut aussi l’une des difficultés rencontrées dans l’écriture de ce livre parce que tout ce que j’ai appris s’est fait au feeling, sans vraiment d’explication. Mettre sur papier pourquoi on veut concevoir un plan contre-plongée, un plan comme ci, comme ça, n’est pas facile.

Avec le temps, j’ai appris à m’exprimer avec mes équipes pour les impliquer, éviter d’être tout seul dans mon délire sur un tournage et que personne n’arrive à vous suivre. Déléguer est finalement très cool, cela permet de ne se concentrer que sur la mise en scène. Actuellement, sur le tournage pour Amazon, j’indique ce que je visualise, ce que j’aimerais et je lance le plan. Du coup, mon chef op et son équipe préparent le travail, l’assistant réal s’occupe de la prod, et moi je m’assois dans mon petit siège. Je prépare tranquillement la mise en scène, alors qu’avant je courais partout, je plaçais mon projo, je prenais le son, etc.

Je suis content d’être passé par tous les métiers parce que quand je parle à mes différents chefs de poste, je connais exactement ce qu’ils font. L’échange est franchement plus aisé quand on sait ce que chacun fait.

 

Êtes-vous porté par une société de production ou en avez-vous fondé une ?

Très tôt, j’ai compris, parce qu’on me l’a expliqué, qu’il fallait en tant que réalisateur monter sa propre boîte, afin d’être un peu indépendant et ne pas avoir à attendre qu’on vienne vous chercher. Il faut faire par soi-même. J’aime bien avoir la main sur tout ce qui se passe, savoir où vont les sous. Posséder sa propre boîte de prod permet de monter sa team au fur et à mesure et de gérer les projets à fond. En vérité, quand on me contacte en direct, je passe par ma société. Pour autant, en publicité notamment, je peux travailler avec d’autres boîtes de production.

 

Durant l’année qui vient de s’écouler vous avez porté plusieurs projets. Pouvez-vous nous en parler ?

L’année a été très bien, je n’ai pas à me plaindre, ce qui a pu se passer par ailleurs m’a permis de prendre plus de temps pour moi et réfléchir à mes projets personnels. J’ai fini début mars le tournage d’une série qui est sortie fin juin sur Amazon. Nous en préparons donc actuellement une nouvelle. Lors du premier confinement, je travaillais en parallèle sur la postprod de la série et l’écriture de mon livre. Je me suis dit ensuite qu’il me fallait m’enfermer pour terminer l’écriture. Et le deuxième confinement est arrivé, bon timing !

En ce moment, je prépare beaucoup de projets pour 2021. Comme réalisateur, j’ai la chance d’avoir pas mal de propositions. N’en demeure pas moins l’envie, au bout d’un certain temps, de ne pas faire que de la commande, mais aussi de donner vie à ses propres projets. En temps normal, on n’en a jamais vraiment le temps, mais les différents confinements m’ont permis de réfléchir sur ce qui me correspond vraiment, sur des projets dont je suis personnellement à l’initiative. Une petite pause dans le temps plutôt cool.

 

Connaissez-vous la date de sortie de la production en cours pour Amazon ?

Très difficile à dire, sans doute à la rentrée 2021, mais je ne connais malheureusement pas l’agenda exact d’Amazon.

 

Et si on veut regarder vos productions sur YouTube, on va sur la chaîne Ludoc ?

Sur ma chaîne Ludoc, figurent mes tutos réalisés en complément de mon livre. Certains chapitres comportent des QR Code à flasher pour visualiser la version vidéo du chapitre, à laquelle j’ajoute de petits bonus. Mon YouTube https://www.youtube.com/user/Ludoc/featured comprend davantage des tutos et des anecdotes sur le cinéma.

Mais si on veut suivre mon travail comme réalisateur, c’est sur mon site http://ludoc.net/ qu’il faut aller. Faute de pouvoir tout regrouper sur ma propre chaîne, j’y mets des liens sur les chaînes de ceux pour qui je travaille, à la fois en matière de pubs, séries, clips, etc.

 

Article paru pour la première fois dans Moovee #6, p.50/52. Abonnez-vous à Moovee (4 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.