Post

Davinci Resolve, une solution de montage ambitieuse

Vous connaissez le logiciel d’étalonnage de référence, DaVinci Resolve. Blackmagic Design, constructeur des plus prolifiques, a décidé, après les boîtiers et cartes de capture et de monitoring, les caméras, les régies et de nombreux autres produits, de proposer une solution de montage ambitieuse ; elle s’appelle… DaVinci Resolve !*
DaVinci_Resolve_12.5_Color_Page_rgb.jpg

 

Créée en 1984, puis rachetée par Blackmagic Design sous l’égide de son emblématique CEO Grant Petty, en septembre 2009, la prestigieuse solution d’étalonnage a suivi depuis une évolution exponentielle. En lisant cette affirmation de Grant Petty, lui-même ingénieur de télécinéma, on comprend l’importance de ce logiciel dans l’univers Blackmagic :« Je me rappelle qu’en 1988, j’ai commencé ma première journée en postproduction et on m’a montré la suite de télécinéma avec DaVinci. Je ne pouvais pas croire à la qualité des images sur le moniteur, et c’est à ce moment-là que je suis tombé amoureux de l’imagerie de haute qualité et de l’étalonnage ».

DaVinci, aujourd’hui véritable NLE (non-linear editing system), a la prétention de se tailler une place de choix parmi les leaders du marché, Media Composer d’Avid, Premiere Pro d’Adobe et Final Cut Pro d’Apple. Nous verrons qu’il devient également le cœur d’un écosystème.

Pour en profiter, vous pouvez opter pour la version studio (tarif actuel : 905 euros) ou la version gratuite dont les limitations restreintes à quelques effets, le réducteur de bruit et des fonctionnalités de travail collaboratif, ne seront pas bloquantes pour une grande part de votre travail (lire plus loin).

Si vous n’y êtes pas accoutumé, la gestion des projets via une base de données (database) vous surprendra certainement. Cette solution élégante et efficace a également été choisie par Apple pour Final Cut Pro X.

Dans DaVinci, on trouve désormais deux types de databases, l’historique QPSQL basée sur le protocole SQL et la nouvelle database disk. La première est obligatoire pour les fonctionnalités évoluées de remote grading et de partage de projets entre stations. Réputée plus stable et proposant une sauvegarde plus rapide des projets, elle ne peut cependant pas être sauvée automatiquement sur le disque, rendant les backup plus difficiles. La database disk, plus simple, se sauve comme un fichier et facilite donc les opérations de sauvegarde – c’est la database implémentée dans les nouvelles installations de DaVinci.

 

Restez, restez !

Ne vous inquiétez pas, comme dans Final Cut Pro X, l’utilisation des bases de données est sans douleur. Bien au contraire, elle améliorera l’organisation de vos projets. En production institutionnelle, vous pourrez dédier une database à chacun de vos clients et si vous travaillez sur une série documentaire, une database sera allouée à la série et un projet à chaque nouvel épisode. Vous pourrez gérer différents utilisateurs (users) et ainsi personnaliser votre station (les monteurs Avid seront ravis).

Ça y est ! Vous êtes dans votre projet, prêt à monter votre nouveau Blockbuster. Le flux de travail explicite proposé par DaVinci est matérialisé par quatre onglets sélectionnables en bas de l’interface, permettant l’accès à quatre espaces de travail : Media, Edit, Color et Deliver.

Dans Media, vous gérez l’import et l’acquisition des médias, ainsi que l’organisation des rushes et des chutiers. Chaque logiciel propose sa propre terminologie : avant d’être importés, vous explorez et choisissez les rushes dans le media storage, puis vous les importez dans le media pool.

Dans Media, vous pouvez également numériser des cassettes ou flux vidéos via une carte blackmagic, et vous disposez de tous les outils adaptés au dérushage (outils audio, métadonnées). Le visualiseur est ici très bien pensé ; j’attribue une mention spéciale à l’affichage des ondes sonores, simultanément à l’image.

Dans Media Storage, un espace dédié permet le rangement de dossiers favoris pour retrouver aisément des éléments d’habillage (ou autre). Dans le media pool, vous pouvez créer des « smarts bins » en charge de la collecte automatique de tous les rushes ou de toutes les séquences correspondant aux critères que vous aurez définis.

Plusieurs options permettent de fluidifier le travail avec des rushes complexes (haute résolution ou/et codecs difficiles à décompresser). On peut ainsi les convertir en médias optimisés (résolution et codecs paramétrables). Cette fonction est complétée par l’option « proxy » d’abaissement de la résolution et également par différentes configurations concernant le rendu des médias : rendu des médias sources automatiques ou à la demande, ou rendu des clips posés dans la time-line.

Ces fonctionnalités implémentées simultanément au développement des outils de montage, étaient indispensables pour fluidifier la lecture et le montage dans DaVinci. Le travail en 32 bits virgule flottante et le moteur de rendu colorimétrique DaVinci YRGB (ou les récents systèmes ACES) sont en effet très qualitatifs, mais nécessitent une machine puissante.

 

Montons maintenant !

Je vous emmène pour cela dans l’espace Edit.Quelques préconfigurations double écran vous permettront d’optimiser l’emplacement des fenêtres selon vos habitudes ou votre workflow. L’interface ciblée efficacité ne pourra cependant pas être autant personnalisée que ce que permettent d’autres logiciels, tels que Media Composer et Premiere Pro.

La terminologie et l’interface nous offrent ce que les monteurs Final Cut Pro apprécient dans FCP X. Un inspecteur permet la modification de nombreux paramètres des éléments sélectionnés (modification d’un plan, d’un titre, d’un son ou d’un effet) et la présentation est moderne et efficace.

La time-line conserve des pistes matérialisées auxquelles restent attachés nombre de monteurs, des options bien pensées venant compléter la palette des outils de montage traditionnels. Final Cut Pro X nous avait ainsi apporté une fonction « ajouter » permettant de disposer notre clip en fin de montage ; nous la retrouvons avec plaisir dans DaVinci sous le nom « Append To End Of Timeline ». Un nouvel outil très pertinent, « Ripple Overwrite », nous permet de monter un clip dans un « trou » de la time-line, et ceci même si la durée du clip est différente.

La fonction de modification variable de la vitesse d’un clip est très intuitive et les résultats très fluides. On trouve un mix des outils des éditeurs concurrents. Une première approche permet d’équilibrer rapidement les différents segments de vitesse (à l’image de FCP X et de Premiere Pro), complétée par une courbe offrant plus de finesse dans les réglages et la fluidité des courbes de Bézier. Les monteurs qui le préfèrent peuvent utiliser uniquement les courbes de vitesse ou/et de position.

L’outil d’étalonnage est, bien entendu, un des plus performants que l’on puisse trouver dans un NLE (CQFD). Si vous rencontrez les nodes pour la première fois grâce à DaVinci, vous serez séduits par cette approche puissante et intuitive de la construction d’un effet, également adoptée par d’autres logiciels (Nuke, Fusion ou Smoke pour ne citer que les plus connus).

Je souhaite rassurer les monteurs qui s’inquiéteraient de la complexité d’une interface d’étalonnage professionnelle, ils apprécieront l’étalonnage automatique et le shot matching qui permet de faire correspondre rapidement le look de plusieurs plans à un autre plan sélectionné dans le montage. Ils retrouveront également l’habituel outil d’étalonnage à trois voies et pourront explorer les options évoluées progressivement.

Un des outils les plus attractifs de ce logiciel est le superbe tracker 3D, impressionnant pour le suivi des formes, tels des visages, des voitures ou autres objets en déplacement.

 

En conclusion

BlackMagic nous offre (au sens littéral), un outil complet de montage et d’étalonnage. L’écosystème s’est récemment agrandi avec Fusion, superbe solution de compositing. Cerise sur le gâteau, la fonction « Fusion Connect » est un lien direct entre Fusion et DaVinci.

L’équipe de BlackMagic est à l’écoute des utilisateurs, et nous nous attendons à d’importantes évolutions, qui amélioreront quelques défauts de jeunesse et conforteront la place de ce logiciel parmi les happy fews leaders du marché.

 

 

Fonctions accessibles uniquement dans la version Studio

• Palette dédiée à la réduction de bruit et au Motion Blur

• Effets ResolveFX Film Grain, Lens Flare et Lens Blur

• Workflow collaboratif multi-utilisateurs

• Remote Grading entre systèmes via connexion Internet à faible bande passante

• Correction automatique de distorsion géométrique

• Étalonnage 3D stéréoscopique évolué

• Contrôles d’étalonnage HDR étendus

• Application possible de l’ARRI Look sur un node

• Accès à toutes les images pour les plug-in OpenFX (tracking, noise profiling…)

• Mastering magnéto direct sans rendu (down-conversion possible)

• Remote rendering via version sans UI de resolve (commande terminal)

• Remote rendering de QuickTime ProRes possible sur systèmes Windows

• Support de plusieurs cartes Red Rocket (une seule pour la version gratuite)

• Rendu Sony XAVC Intra

…. Version gratuite : formats vidéo supportés limités à l’UHD et utilisation limitée à un seul GPU (2 sur mac Pro 2014).

 

 

*Article paru pour la première fois dans Mediakwest #20, p.60-61Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur totalité.