Mediakwest : Pourquoi ce choix de l’animation pour adultes ?
Alexis Laffaille : C’est un mode d’expression impertinent qui permet d’introduire des thèmes sortant du monde de l’enfance. La série pour adultes offre plus de liberté et les diffuseurs imposent moins de contraintes. Il n’y a pas de mises en scène interdites…
M. : Vos deux dernières séries Pffuit pffuit pffuit et Il le faut prévues pour la case adulte de France 4 se sont retrouvées sur le web. Quelles sont les différences en terme de production ?
Pierre Razetto : Produire pour le web pose de nouveaux problèmes en termes de financement, création, diffusion… Les régions proposent des subventions pour les séries web inférieures à celles pour les séries télé. La grande différence porte aussi sur les droits d’auteur. C’est un peu, à chaque étape, le Far West.
M. : Qu’en est-il de la communication, de la distribution ?
P. R. : C’est le point le plus délicat ! Comment cibler et atteindre ce public qui découvre le projet, non plus à la télé, mais par capillarité en cliquant ? Personne ne possède encore les codes de cette communication. Il faut aussi réussir à l’accrocher très rapidement. Avec Pffuit Pffuit Pffuit, nous partions d’un crash créatif absolu : personne ne connaissait l’acteur, le graphisme était très inhabituel en incluant des marionnettes filmées sur des fonds projetés et des animations.
M. : Votre projet de série AutoCafet est aussi en 2D. Cette écriture se montre-t-elle plus appropriée que la 3D ?
A. L. : Comme ces séries sont destinées au web, la 2D se montre plus pertinente. Elle offre plus de possibilités illustratives que la 3D. Mais si Le Bien chassé est full 2D Flash, Pffuit pffuit pffuit (26 fois 7’) a été réalisé en Live et en animation, en sous-traitance avec Vivement Lundi.
M. : Choisissez-vous toujours des propriétés originales ?
P. R. : Nous préférons développer des projets originaux et ne pas passer par des adaptations. Si tous les cas de figure existent, l’animation adulte a tendance à rechercher de tels projets.
M. : Comment voyez-vous l’avenir de l’animation pour adultes ?
A. L. : Le marché est en train de se créer. Il y a une vraie appétence pour ces projets et la demande est forte pour les formats courts. La production commence aussi à se structurer. Le CNC et Pictanovo, entre autres, ont compris qu’il leur fallait adapter leurs méthodes de financement : l’animation pour la télé ou le web présente les mêmes coûts de production. Reste à résoudre le problème de la communication. C’est le plus gros défi pour les chaînes TV.
* Extrait de l’article paru pour la première fois dans Mediakwest #24, p. 114-117. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.