Le Nikon D850 testé en tournage

Avec le nouveau D850, Nikon annonce la couleur : « La combinaison idéale entre définition, vitesse et sensibilité ». Il faut dire que ce boîtier a pris le meilleur des autres appareils de la gamme : une densité de pixels semblable au D500, une dynamique équivalente au D810, l’autofocus, la mesure cellule et le processeur du D5… Bref un assemblage qui ne pouvait donner qu’un opus hors du commun ! J’ai eu le plaisir de pouvoir le tester peu de temps après sa sortie, en septembre dernier, à l’occasion d’un tournage sur d’autres types d’assemblages : celui des cépages qui créent les grands vins de Bordeaux.*
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Dans la main, c’est un boîtier comme on les aime : une belle matière, une forme qui permet une bonne préhension, des finitions soignées et un poids qui garantit une certaine robustesse. On retrouve l’ergonomie des appareils de la marque avec molettes et boutons placés de manière similaire. Ce n’est pas une caméra « Lego » qu’il faut assembler, le D850 est très vite prêt à tourner car les réglages sont intuitifs. Un bon atout quand on doit être un cadreur réactif, ce qui est généralement le cas, n’est-ce pas ?

Le viseur est agréable, mais c’est l’écran que l’on va utiliser en mode LiveView pour pouvoir filmer. Rappelons-le, il s’agit d’un reflex qui fonctionne donc avec un miroir et non d’un appareil de type GH5 ou alpha7/9. Cet écran est relativement grand (3,2 pouces), orientable pour gagner en confort pour certains angles de prise de vue, et tactile. Comme il a une bonne définition de 2,36 Kpixels, on peut ajuster la mise au point sans avoir besoin d’une visée additionnelle.

 

Plusieurs modes d’autofocus sont disponibles en mode Live View, pour la vidéo donc : détection de visages, suivi de sujet… Ils se basent sur la détection de contraste dans l’image. On peut aussi choisir de ne pas avoir de point continu et de temps en temps toucher sur l’écran la zone sur laquelle on souhaite que le point se fasse pour qu’il s’ajuste automatiquement. L’équivalent du bouton « push auto » sur les caméras Sony, pratique pour s’assurer de son point sans prendre de risque avec un autofocus qui pourrait pomper. Personnellement je suis une adepte du point manuel, donc je préfère jouer avec la bague de l’objectif, en m’aidant du focus peaking que l’on peut personnaliser.

L’écran affiche aussi des infos pour aider au réglage de l’exposition bien sûr, et si besoin un zebra réglable de 180 à 255 peut faire apparaître les zones surexposées. Toute une gamme de balance des blancs est disponible, avec possibilité d’entrer la valeur souhaitée.

Un vumètre permet de contrôler le niveau d’enregistrement du son, en auto ou ajusté manuellement. On peut brancher un micro externe ou un récepteur HF sur la prise mini-Jack dédiée et choisir parmi trois filtres audio disponibles dans le menu, pour réduire le bruit du vent notamment. Un stabilisateur électronique va nous aider à réduire le bougé de nos cadres.

 

C’est donc un appareil photo bien pensé pour les vidéastes. Mais ses principaux atouts sont probablement cachés à l’intérieur… Son capteur plein format FX de 45 millions de pixels, associé au processeur Expeed 5, offre un rendu d’image extraordinaire, avec un excellent piqué.

La plage de sensibilités, de 64 à 25 000 Iso, étendable de 32 à 102 000 ISO, permet de s’adapter à toutes les contraintes de tournage, d’autant plus que l’on a à disposition toute la gamme d’objectifs Nikon/Nikkor, particulièrement vaste.

 

En photo, de nombreux formats de fichiers sont proposés, dont un crop carré. Côté vidéo, on bénéficie de plusieurs formats dont la 4K, à 24, 25 ou 30 images par seconde (i/s), mais aussi le Full HD à des cadences plus hautes, avec une fonction slowmotion poussée à 120 i/s. C’est un élément important pour moi qui travaille essentiellement dans la vidéo de sport : pouvoir combiner une image riche avec des ralentis marqués est décisif.

Même si la 4K reste encore assez rare comme format de projet, tourner dans cette définition permet de recadrer ensuite en postproduction pour un projet final en Full HD sans perte de qualité. On peut ainsi filmer une interview en plan taille et choisir ensuite d’alterner cette vue avec un gros plan issu du même fichier, pratique pour masquer les coupes.

 

Mais ce boîtier permet d’aller encore plus loin. Comme je le disais précédemment, il s’agit d’un capteur plein format FX 24 x 36 mm. Il n’y a donc pas de facteur de recadrage avec les optiques, un grand-angle reste un grand-angle. Toutefois, en vidéo le nombre de pixels de ce type de capteur est beaucoup plus important que celui qui va composer notre image.

Il est possible de basculer le capteur FX du D850 en format DX pour utiliser une partie plus réduite de celui-ci et appliquer un facteur de recadrage de 1,5. Un 50 mm devient ainsi un 75 mm. Si on a besoin d’une longue focale pour filmer des animaux sauvages ou un skieur dévalant la montagne d’en face par exemple, on peut facilement gagner en longueur de cette manière. Par exemple l’excellent 80-400 mm peut se transformer en 80 mm (si on reste en FX) – 600 mm (en basculant en DX).

 

Et on peut aller encore plus loin en choisissant de tourner en 4K pour pouvoir ensuite « zoomer » sans perte de qualité dans notre image en postproduction pour un projet en Full HD. On obtient ainsi une très, très longue focale avec une ouverture de 5.6 qui reste très polyvalente puisque pouvant facilement descendre à 80 mm, et qui est abordable ! Il suffit d’accéder au menu ; c’est beaucoup plus rapide que de changer d’objectif et on évite de faire entrer de la poussière dans le boîtier. Bref, je suis fan des possibilités qu’offre cette fonction.

Une fonction double slot XQD et SD assure l’enregistrement des fichiers, et si l’on souhaite bénéficier de l’image la plus propre possible, la sortie HDMI offre un signal 4.2.2 10 bits non compressé, à enregistrer sur un module externe type Atomos. À réserver toutefois à des tournages type « studio » ; en reportage « montagne », on choisira d’être plus léger et le moins accessoirisé possible.

 

Une autre manière de profiter de ce beau capteur, c’est de faire des timelapses. Un intervallomètre est disponible en prise de vue photo, et une fonction timelapse 8K assemble automatiquement les images en un fichier très grand qui offre donc toutes les possibilités de recadrage et ajout de mouvements en postproduction.

Plusieurs Picture Profiles sont disponibles, dont un mode Flat qui offre une grande latitude de traitement en postproduction et ravira les étalonneurs. Cela dit, les profils standard ont un rendu chaud et agréable qui conviendra à ceux qui ne maîtrisent pas la phase d’étalonnage. Rien de pire à mon avis qu’une vidéo tournée en flat et mal étalonnée derrière.

L’appareil propose de surcroît des modes de transmission via wifi et applis, mais qui paraissent plus adaptés à de l’image fixe qu’aux lourds fichiers vidéo. Enfin, une excellente autonomie de la batterie permet de partir en tournage l’esprit serein. Le boîtier est proposé nu à 3700 €, ce qui le situe en milieu de gamme pro.

 

En résumé, un appareil qui offre de belles et multiples possibilités en vidéo, qui permet de bénéficier de tout l’écosystème Nikon et avec lequel on se sent en pleine confiance pour des tournages de tous types. Certainement un boîtier que je choisirai pour partir en expédition filmer des skieurs l’hiver prochain.

 

* Article paru pour la première fois dans Mediakwest #24, p. 26-28Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.