Vers une reconnaissance de notre filière VFX à l’international

Stéphane Bedin, Délégué Général Adjoint de la Ficam, nous livre ses impressions sur l'impact positif des dernières réformes mises en place en production audiovisuelle et cinématographique concernant l'agrément et les crédits d'impôt...
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François Chevallier : La réforme de l’agrément, telle qu’elle a été présentée par le CNC, est-elle un signal positif pour la Ficam ?


Stéphane Bedin : Pendant les deux années qui ont suivi la publication du rapport Sussfeld, la Ficam était quelque peu dans l’expectative, notamment sur les filières techniques. La mouture qui a été présentée en décembre nous paraît pertinente, avec une réelle prise en compte de nos métiers, ainsi qu’un équilibre trouvé entre chaque partie du barème. Ainsi, le lieu de tournage compte désormais pour cinq points, ce qui aura des répercussions positives en termes de retombées économiques annexes. Le fait de passer le poste VFX à 3,5 points est également un signe encourageant. On peut même dire qu’il s’agit d’une vraie avancée.

 

F. C. : Dans quelle mesure la filière des VFX est-elle en mesure d’attirer des productions étrangères ?


S. B. : Nous sommes sur un tissu qui va vers une structuration, encouragée par les pouvoirs publics et la Ficam. Les dispositifs mis en place dans le cadre du plan VFX par le CNC  favorisent également cette structuration. Les réformes des crédits d’impôt et les politiques mises en œuvre par certaines collectivités, à l’image de l’Ile-de-France, vont dans ce sens.

L’objectif est bien évidemment, comme ce qui a été fait pour l’animation, d’arriver à une forme d’excellence sur cette filière pour atteindre une reconnaissance internationale.

 

F. C. : Est-ce une filière qui s’exporte ?


S. B. : Elle était déjà visible à l’international via le dispositif du C2I d’abord, mais les sociétés n’ont pas attendu cela pour prospecter au-delà du marché national, car celui-ci n’est pas extensible. L’abaissement du seuil de dépenses, fixé à 250 000 € versus 1 M€ précédemment, va incontestablement avoir un effet levier, mais soyons lucides : le C2I produit plus d’effets sur le tournage, la location de matériels que sur la postproduction. Il est difficile d’obliger une production internationale qui viendrait tourner sur notre territoire de demeurer plusieurs semaines supplémentaires pour la postproduction. Mais nous nous efforçons, avec Film France, de faire passer des messages sur des événements internationaux au cours desquels nous mettons en avant le haut niveau qualitatif de notre industrie.

 

F. C. : La filière tournages a-t-elle, elle aussi, réussi à faire sa mue ?


S. B. : Bien évidemment, même si ce secteur reste stable avec les mêmes grands acteurs existants comme Transpalux, TSF, Panavision, RVZ et Vantage. Ils ont naturellement évolué d’un point de vue technologique tout comme sur la partie studios en se dotant d’infrastructures pouvant accueillir des tournages sur fond vert, avec des outils de préviz ou autres.

 

F. C. : Le plateau, justement, est-il l’élément le moins « visible » de notre écosystème, du point de vue de l’étranger ?


S. B. : Cela a toujours été plus compliqué, car le recours aux plateaux est moins ancré dans notre culture, a contrario des pays anglo-saxons. Cependant, la Ficam note un taux d’occupation plus important depuis deux à trois ans qu’il y a une dizaine d’années. Justement, en s’adaptant et en s’ouvrant à l’innovation et aux nouveaux formats.

L’offre de plateaux en France n’est pas en mesure de rivaliser avec ce que l’on voit à Pinewood ou Babelsberg, mais cette offre est beaucoup moins centralisée que dans ces territoires, ce qui est un atout.

 

F. C. : Quels sont les chantiers 2018 pour la Ficam ?

S. B. : Le premier est le suivi de la réforme de l’agrément : nous devrons voir les effets concrets de ce nouveau dispositif et, surtout, étudier les synergies avec les crédits d’impôt.

Pour ces derniers, il faudra encore veiller à leur préservation. La Ficam demeure très prudente à ce niveau car rien n’est jamais pérennisé sur le long terme. Nous devons poursuivre ce travail de pédagogie et accélérer la diffusion d’informations sur les retombées économiques, les effets réels sur l’activité, tout comme le fait le CNC et Film France. Enfin, nous serons particulièrement attentifs aux enjeux sociaux liés à la réforme de la formation professionnelle et à la possible remise en cause du statut de l’intermittence.
 Si la France veut continuer à occuper la place qu’elle a réussi à obtenir avec la politique mise en œuvre depuis quelques années, il faut poursuivre la structuration des filières et la souplesse de celles-ci, corrélée à l’intermittence.

 

 

* Pour aller plus loin, retrouvez notre article Tourner en France : la carte et le territoire ainsi que l’interview de Valérie Lépine-Karnik (Film France)

** Article paru pour la première fois dans Mediakwest #25, p. 61-62. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.


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