5e Cartoon 360 – Entretien avec Yolanda Alonso

Yolanda Alonso est la directrice de Cartoon Masters et de Cartoon Connection. Elle nous présente la 5e édition des Cartoon 360 qui se sont déroulés les 29 et 30 mai derniers à Lille, faisant de la capitale des Hauts-de-France le nouvel écrin de ces rencontres pour les cinq prochaines années.
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Quels sont les objectifs des événements organisés par Cartoon ?

Depuis trente ans, notre mission est de fortifier l’Europe dans sa production en animation et sa distribution sur l’échiquier mondial. Nous organisons sept événements par an : Cartoon Movie et Cartoon Forum, des forums de coproduction qui drainent tous les projets européens ou en coproduction avec d’autres pays. Les participants y viennent pour trouver un financement.

D’autres événements, plus petits, sont aussi organisés chaque année comme Cartoon Springboard, ou Cartoon 360, désormais en partenariat avec la Région Hauts-de-France, Pictanovo, la métropole européenne de Lille. Les deux sont composés de pitchs portés par des producteurs qui ont une ambition transmédia pour Cartoon 360 et, dans le cas de Springboard, par des jeunes talents qui ont fini l’école depuis moins de cinq ans et sont encore entre le monde des études et celui du travail. Ils viennent chercher des conseils et des recommandations pour développer leurs projets plus rapidement et atteindre le marché.

 

 

Pourquoi avoir imaginé Cartoon 360 ?

Depuis quelques années, nous avons pris conscience que la plupart des projets reçus avaient un pendant transmédia. Nous voulions développer une rencontre dédiée. C’était aussi une demande des distributeurs, des financiers, des diffuseurs, puisque même les chaînes de télévision suggèrent aux porteurs de projets d’avoir des ambitions au-delà du projet télé. Les producteurs y ont décelé la perspective de ne pas être uniquement dépendants d’une chaîne ou d’un seul diffuseur. Ils ont maintenant la possibilité d’aller directement vers ces multiples plates-formes, comme YouTube qui s’adresse directement aux consommateurs. C’est une formidable opportunité pour eux.

Pour cette édition, 23 projets sont pitchés, combien en avez-vous reçu ?

Près de 45 projets. Notre premier objectif est de vraiment coller au marché, de développer des projets avec des écritures et des formats narratifs originaux. Cela demande une connaissance du public et de ses modes de consommation que n’ont peut-être pas les producteurs. C’est pour cela que nous faisons appel à des experts qui viennent leur expliquer comment ces différents marchés fonctionnent afin d’adapter au mieux leurs projets.

 

 

Concrètement comment cela se déroule-t-il ?

Nous comptons un pôle de 30 experts, cinq par projet, qui les reçoivent et les étudient pendant un mois. Ils font un retour au modérateur (modèle économique, aspects artistiques, etc.). Ce dernier va aider le producteur à bâtir une présentation qui prend en compte ces remarques. Entre le moment où le projet est retenu et celui où il est pitché, il y aura eu beaucoup de travail. Après, lors de Cartoon 360, on les met en contact avec des partenaires potentiels. Depuis quatre ans, une dizaine de projets se sont concrétisés.

 

 

Parmi les nouveautés, vous avez lié un partenariat avec La Fabrique des formats…

C’est un fonds d’investissement qui sélectionne des projets aux formats innovants, notamment en animation. C’est un secteur très porteur, puisque la France est le troisième producteur mondial en animation. La Fabrique des formats va accorder des aides à un ou deux projets français. Nous faisons venir de plus en plus d’investisseurs, outre les chaînes de télé. Le but est d’aider à créer des marques, des propriétés intellectuelles.

 

 

Quelles ont été les tendances de cette édition ?

Parmi les 23 projets, 10 sont français et 3 sont coproduits avec la France (soit 13 au total). Il y a moins de projets pré-school et beaucoup plus de propositions adultes, plus simples à monétiser. Nous avons consacré le mardi après-midi à quatre unitaires en réalité virtuelle qui sont d’ailleurs français.

 

 

L’animation pour adultes est compliquée à développer…

Pour le transmédia, il y a un public de jeunes adultes plus important. C’est aussi la tendance de Cartoon Movie, les projets sont plus difficiles avec des sujets plus adultes.

 

 

Extrait de l’article paru pour la première fois dans Mediakwest #28, p. 90/92. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.