Coupe du monde à distance

Lors de la Coupe du monde de football qui a eu lieu en Russie cet été, TF1 avait choisi de produire ses programmes spéciaux dédiés à cet événement en utilisant au maximum les ressources de la production à distance (remote production). Pour ce faire, la chaîne s’est adjoint les services d’AMP Visual TV, qui lui a fourni une solution technique agile et innovante permettant une grande souplesse d’utilisation.
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Les programmes concernés par la production à distance étaient principalement les prises de vues liées aux pitchs de présentation de chaque rencontre, les caméras flash dédiées aux interviews et aux zones mixtes des stades, les caméras axées sur les postes commentateurs, notamment pour la demi-finale et la finale, ainsi que la caméra isolée qui filmait les tribunes présidentielles et entre autres Emmanuel Macron.

En s’associant autour de la mise en place d’une configuration du type « remote production », TF1 et AMP Visual TV ont poursuivi un objectif commun qui était de réduire l’ampleur des ressources techniques envoyées sur place en Russie, tout en respectant les spécifications éditoriales de la chaîne.

 

Ainsi, AMP Visual TV avait délégué sur place en Russie quatre techniciens seulement (un technicien en charge de la vidéo, un autre de l’audio et deux assistants pour assurer l’installation du dispositif de remote production sur les positions de caméras), tandis qu’à Paris le personnel de la chaîne servant habituellement la régie de production 02 basée à Boulogne-Billancourt avait été mobilisé.

Côté TF1, deux ou trois cadreurs de la chaîne étaient également sur place pour gérer alternativement les différentes positions caméras.

 

 

Un véhicule léger au cœur de la production

L’essentiel du dispositif reposait sur un véhicule de production léger, l’iCar, un van pouvant circuler rapidement entre les stades qui accueillaient les matchs de l’équipe de France.

Fourni par AMP Visual TV, cet iCar avait été spécialement aménagé pour accueillir tous les équipements et matériels destinés à la contribution temps réel. Équipé de quatre caméras, l’iCar assurait la transmission de flux vidéo et IP encodés en Jpeg 2000 à 140 Mbps par flux. Le Shading Caméra était entièrement piloté par les personnels TF1 depuis Paris ainsi que la signalisation Tally.

Le dispositif était complété par un réseau d’ordre comprenant 20 liaisons 4W pour les communications d’ordre et les différents N-1 journalistes et invités. Les cadreurs de TF1 quant à eux n’utilisaient aucun équipement spécifique, l’usage de la remote production devant être totalement transparent pour un opérateur de prises de vues.

 

Outre le véhicule lui-même, c’est l’ensemble de l’approche qui a laissé une grande part à l’agilité au cœur des process techniques. Plus de 19 scénarios possibles ont été envisagés, chacun directement lié aux résultats de l’équipe de France et à la nécessité de proposer un haut niveau de qualité technique, sans savoir pour autant précisément à l’avance quelles seraient les facilités techniques offertes sur les différents lieux de tournage.

Selon Hervé Pavard, directeur des technologies du Groupe TF1 : « Via le réseau fibre de haute qualité que nous avons mis en place entre la Russie et Paris à partir des différents lieux de tournage de l’équipe de France, nous avons pu envoyer tous les flux de production en temps réel à la chaîne, qui réalisait le programme depuis Boulogne, véritablement comme si l’équipe de production était sur place. »

 

 

Une faible latence

La bande passante ayant servi à cette opération a été maîtrisée sur le plan technique et budgétaire, puisque seule une liaison IP redondée de 1 Gbps a permis d’assurer une production à distance de qualité. Les équipes d’AMP Visual TV n’ont pas rencontré de difficultés particulières lors de la mise en place du réseau fibre au pied des stades.

Étant donné que les prises de vues dépendant de cette remote production concernaient essentiellement des caméras isolées d’habillage d’avant et d’après match, AMP Visual TV a pris le parti d’utiliser un processing audio et video sur place en Russie afin d’assurer des audios embeddés de manière parfaitement synchrones dans les flux vidéo.

L’encodage et le transport IP devenaient dès lors transparents d’un point de vue synchronisation finale des signaux audio et vidéo. Un dispositif de contrôle de mesure a tout de même été mis en place conjointement pour vérifier le décodage synchrone des différents flux vidéo.

 

 

Un process de travail identique

Du point de vue des process de travail, cette production à distance n’a rien changé de fondamental, puisque le dispositif avait été pensé pour être totalement transparent pour le réalisateur et son équipe.

François Valadoux précise : « Dès la connectivité IP établie de bout en bout à Match day-1, tous les services audio, vidéo, contrôle caméra, tally apparaissaient immédiatement en régie 02 à TF1. Une attention toute particulière était toutefois portée aux liaisons intercom et N-1, afin de respecter les habitudes de travail des journalistes TF1 sur place. Tout devait se passer comme si un car de production était sur place. »

La seule adaptation nécessaire a consisté, pour les journalistes terrain, à s’habituer au travail en duplex avec une très faible latence liée au réseau.

 

« Même dans le cas d’un duplex audio entre deux positions sur le stade de production, les retours oreillettes des journalistes étaient mixés depuis la régie 02 à Boulogne par l’ingénieur du son de TF1. C’était l’un des défis à relever à la demande de TF1. De même si une faible latence du réseau était légèrement variable suivant le site de production en Russie, celle-ci n’était pas bloquante pour les ingénieurs vision. Le réalisateur travaillait depuis Paris comme s’il recevait des sources extérieures. Cela n’a pas réellement changé sa méthodologie de travail. Au contraire, avoir à la fois sous les yeux, toutes les sources distantes sur le stade ainsi que l’ensemble des caméras plateaux à Paris lui a permis un meilleur overview. »

 

François Valadoux conclut : « En résumé, nous sommes très fiers d’avoir réalisé cette prestation de service avec TF1. Cela démontre que la remote production représente une véritable opportunité de faire évoluer nos process de travail à l’avenir. Et ce n’est qu’un début, car l’évolution technologique est très rapide dans ce domaine. »

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #28, p.26. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.