Half a Live, du film de cinéma à l’application VR, en passant par le live audio immersif

amara Shogaolu a produit Half a Life, présenté notamment au MoMa de New York et au Festival d’animation d’Annecy. Nous nous sommes entretenus avec lui à l’occasion du 5e Cartoon 360 (Lille, 29-30 mai) où il a présenté son projet.
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Quelle place tient Half a Life dans votre projet transmédia ?

Half a Live est un documentaire interactif en animation sur les réfugiés égyptiens LGBT. J’ai passé un tiers de ma vie dans des pays musulmans en tant qu’économiste et j’ai déjà dédié sept ans de ma vie à ce projet. Je faisais des recherches en Égypte au moment de la révolution. J’ai commencé à collecter des témoignages d’amis LGBT [Lesbiennes, gays, bisexuels et trans]. J’ai rencontré Adam, le personnage du film. Beaucoup de mes amis et collègues ont dû partir. J’ai ressenti le besoin de faire quelque chose. Ce court-métrage a été projeté dans une cinquantaine de festivals. En France, il a été acheté par Canal+ qui l’a diffusé en France et Espagne. Nous travaillons sur les deux déclinaisons.

 

 

Comment avez-vous imaginé le prolongement de Half a Live ?

La seconde partie traite de l’exil. Nous élaborons le prototype de cette expérience mariant les réalités virtuelle et augmentée. Nous travaillons sur deux formats de diffusion : l’un pour une présentation dans des lieux d’expositions et le second via une app. Je m’appuie sur un couple, Ruki et Reem, et sur leur chien, Tuti. Ruki est une amie activiste LGBT qui vit en Égypte. Elle a une famille très conservatrice et a passé la moitié de sa vie en Arabie saoudite. Ruki était extrêmement surveillée par son entourage. Les sorties du chien Tuti étaient la seule manière d’échapper à sa vigilance. Nous avons imaginé une expérience en réalité virtuelle où l’utilisateur incarne Tuti.

 

Quelle est sa mécanique ?

C’est une expérience avec deux points de vue. Ruki et Reem quittent le pays, ce qu’elles ont fait dans la réalité. Le but de l’expérience VR est de les retrouver en résolvant des puzzles qui débloquent des moments vécus par Ruki et Reem, racontés avec leur voix. Quand Tuti, Ruki et Reem sont réunis, démarre alors l’expérience en réalité augmentée. Nous ramenons le propos dans la réalité en parlant des difficultés rencontrées par les réfugiés LGBT, leur intégration en Europe, mais également les problématiques liées à l’islamophobie.

À la fin de cette expérience VR, l’objectif est que les deux personnes qui l’expérimentent soient informées et puissent en discuter. Nous ne voulons pas uniquement toucher les communautés LGBT. Nous avons diffusé le film à Alexandrie et au Caire. Nous souhaitons diffuser cette expérience dans des centres d’art afin d’atteindre un public plus large. J’avais envie de clore avec un livre audio immersif, un objet qui peut être lu en version papier ou sur le net. Dans le livre, Adam rejoint Reem et Ruki. La boucle est bouclée.

 

 

Extrait de l’article paru pour la première fois dans Mediakwest #28, p. 90/92. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.